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Réinsertion : un défi collectif à affronter sans détour

Rebecca Russie, Head of Programme de Kinouété. Preetee Gopaul, directrice de Not a Number.

Stigmatisation sociale et rejet, sans-abrisme, tensions familiales, difficultés d’accès à l’emploi, notamment en raison des exigences liées au certificat de caractère… autant de défis auxquels sont confrontés les ex-détenus après leur incarcération.

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« L’un des défis majeurs est le retour dans un environnement toxique ou instable, souvent le même qui a contribué à leur incarcération », indique Rebecca Russie, Head of Programme de Kinouété. Et Preetee Gopaul, la directrice de Not a Number, d’ajouter : « Certains retournent dans des quartiers où l’accès à la drogue est facile et où les facteurs déclencheurs sont nombreux, comme la consommation de drogues parmi leur entourage, des conditions de vie très stressantes ou des opportunités illégales de gagner de l’argent. »

Face à cette situation, les efforts de réinsertion se retrouvent fortement freinés. Chaque participant bénéficiant des services de réinsertion présente un ensemble unique de circonstances et de facteurs à risque ou protecteurs, ajoute Preetee Gopaul. D’après les connaissances acquises, une augmentation des facteurs protecteurs peut contribuer à réduire le risque de délinquance chez un jeune. Parmi les exemples de facteurs protecteurs, Preetee Gopaul cite un environnement scolaire positif, un logement abordable, des opportunités d’emploi, des relations de soutien et des atouts individuels tels que l’estime de soi et la confiance en soi. 

À l’inverse, la présence de facteurs à risque, tels que les conflits et la violence familiale, la criminalité des parents, la criminalité dans le quartier, les inégalités sociales, les traits de personnalité antisociaux ou les comportements impulsifs, peut avoir un impact significatif sur la probabilité de délinquance et d’arrestation, de condamnation et de sanction.

Lors de l’évaluation des besoins des participants, les différents aspects de leur vie sont examinés : logement, éducation, formation, emploi, finances, relations, bien-être émotionnel, consommation de substances, comportement délinquant et bien-être physique. « Il est nécessaire d’identifier et de comprendre ces circonstances et ces facteurs afin de répondre aux risques et aux besoins spécifiques de chaque individu », soutient-elle. « Nous privilégions une approche holistique pour réduire la récidive. »

Accompagnement social individualisé

Depuis 2020, l’ONG Not a Number est principalement présente dans deux prisons : celles de Petit-Verger et de Richelieu. L’équipe y propose un programme de réinsertion holistique, « Inspir Mwa », à environ 90 détenus chaque année. Ils ont chacun la possibilité de participer au programme de développement personnel axé sur la conscience de soi, les compétences cognitives, la régulation émotionnelle et l’employabilité. De plus, ils sont accompagnés individuellement par un « Reintegration Support Worker ».

Ce suivi comprend une évaluation complète des besoins, l’élaboration d’un plan d’action et un suivi après la sortie de prison. Cet accompagnement dure généralement environ 12 mois. « Deux fois par an, nous proposons des formations professionnelles en construction ou en entretien paysager, en collaboration avec le MITD. Nous proposons également un suivi psychologique avec un psychologue clinicien pour ceux qui en ont besoin », ajoute Preetee Gopaul. 

Depuis le début de l’année, en réponse à la toxicomanie, l’ONG Not a Number a mis en place un programme de prévention des rechutes. Celui-ci est fondé sur des données probantes, pour les participants souffrant de problèmes d’addiction et de dépendance.

De son côté, l’association Kinouété accompagne les jeunes détenus et ex-détenus à travers un ensemble de services psychosociaux, tant pendant leur incarcération qu’après leur sortie, explique Rebecca Russie. « Nos interventions incluent le soutien psychologique, un accompagnement social individualisé, ainsi que des programmes ciblés tels que le développement personnel, le renforcement de capacités et l’orientation vers l’emploi ou l’entrepreneuriat. » 

L’association a également récemment mis en place un programme de pairs éducateurs, convaincue que le soutien entre ceux ayant vécu des expériences similaires peut renforcer positivement leur action sur le terrain.

 

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