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Réformes à venir dans l’Éducation : Des partenaires dévoilent leurs priorités en attendant la nomination d’un ministre 

La dernière réforme dans ce secteur est le nine-year schooling de l’ancien gouvernement.
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Après le verdict des urnes aux dernières législatives, un nouveau gouvernement a été élu. L’éducation étant à la fois un socle et un levier pour bâtir l’avenir, les attentes dans le secteur sont nombreuses pour les prochaines années. 

Extended Programme 

L’Extended Programme (EP) a été introduit sous la réforme de la Nine Year Continuous Basic Education en 2018. Six ans après son introduction, nombreux sont les pédagogues qui estiment qu’une refonte est indispensable pour offrir une seconde chance aux élèves ayant échoué au Primary School Achievement Certificate (PSAC). 

Ayant un cursus de quatre ans, l’Extended Programme prépare les élèves à passer le National Certificate of Education (NCE). Le faible taux de réussite obtenu aux derniers examens a fait couler beaucoup d’encre. En effet, il était de 3,6 % en 2022 et de 8,9 % en 2023. Après ces performances, la méthode d’évaluation a été revue cette année. Il y a donc un School-Based Assessment (SBA) évalué à 40 % par les enseignants, alors que les 60 % relèveront des examens écrits. 

L’enseignant Brian Pitchen ne passe pas par quatre chemins. « Il faut revoir le système tout entier et en proposer un qui comporte deux volets aux élèves, une partie académique et une autre partie technique. Tout cela en mettant l’accent sur le développement et les compétences des enfants. » 

Il propose aussi un système d’évaluation différent tout en revoyant le programme académique qui ait un lien avec la réalité de la vie. Le fait d’obliger les enfants de prendre les mêmes examens, que les élèves du mainstream, soit le NCE, n’est pas une bonne chose. « Un système bilingue est important pour permettre aux élèves de comprendre les explications dans les différentes matières. » 

Harrish Reedoy, le président de la ‘United Deputy Rectors and Rectors Union’ (UDRRU), fait ressortir que les initiatives de réforme de l’ancienne ministre, « bien que motivées par de bonnes intentions, n’ont pas réussi à transformer le paysage éducatif comme souhaité, notamment dans des domaines tels que l’Extended Programme et le National Certificate of Education (NCE). » L’Union, selon lui, a constamment exprimé des inquiétudes quant à l’efficacité de l’EP, affirmant qu’il ne répond pas suffisamment aux besoins des élèves. « Nous demandons au nouveau ministre à revoir la structure et les méthodes d’évaluation de l’EP. Un système différencié devrait être envisagé pour s’assurer que ces élèves soient évalués à leur rythme d’apprentissage. » 

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Harrish Reedoy, président de la ‘United Deputy Rectors and Rectors Union’.

Ce qui doit changer 

Brian Pitchen souligne que le manque de dialogue entre les enseignants, les facilitateurs et les responsables est déplorable. Il estime qu’il y a eu un gaspillage d’argent avec le Bright Up Programme, car cela ne répond pas aux besoins des élèves. L’enseignant dira que retard dans la distribution des manuels est regrettable, parce que dans beaucoup de cas, le programme n’a pu se faire comme il doit. L’allocation, qui doit revenir aux facilitateurs, doit être revue afin de leur permettre de travailler dans de meilleures conditions. L’enseignant propose aussi qu’il y ait un mécanisme dès le primaire pour détecter les difficultés de chaque enfant et y remédier. « Ouvrir le dialogue avec les partenaires de l’éducation serait une bonne chose. Au lieu de s’enfermer dans une tour d’ivoire, le nouveau ministre doit ouvrir le dialogue avec les élèves et les enseignants », est-il d’avis. 

 

 

 

 

Bien-être des enseignants 

Pour le président de la Government Secondary School Teachers’ Union (GSSTU), Yugeshwar Kisto : « L’heure n’est plus à la demi-mesure, mais à une transformation profonde du système éducatif. Les enseignants, véritables architectes de notre société, méritent une revalorisation salariale substantielle et immédiate. La bureaucratie étouffante qui paralyse nos écoles doit être démantelée. Nous exigeons un système d’assurance de qualité qui propulse réellement l’excellence pédagogique, et non qui la bride par des contraintes administratives stériles. » 
La santé mentale des éducateurs est alarmante et exige une attention immédiate. « L’épuisement professionnel, l’anxiété et la dépression touchent un nombre croissant d’enseignants, confrontés à des pressions multiples et à un manque chronique de soutien psychologique. Cette situation est intolérable. Nous exigeons la mise en place d’un système robuste de soutien psychologique, incluant des consultations régulières avec des professionnels de santé mentale, des programmes de prévention du burnout, et des dispositifs de gestion du stress. La santé mentale de nos éducateurs est une priorité. Elle est le fondement même d’un enseignement de qualité. », dit-il. 

Revoir le ratio élèves-enseignant 

Yugeshwar Kisto avance qu’il faut revoir le ratio élèves-enseignant. Selon lui, il faut « réduire le nombre des élèves dans les classes pour garantir une éducation personnalisée et performante ». Brian Pitchen va dans le même sens et propose même un ratio de 18 à 25 élèves par classe pour un enseignant. 

En ce qui concerne le recrutement, Yugeshwar Kisto avance que le prochain exercice de transfert des enseignants du secondaire devrait être strictement dirigé par les critères préétablis par le ministère. Le processus devrait se faire dans la transparence et prenant en compte les avis des syndicats concernés. 

Propositions 

Face à l’urgence climatique, Yugeshwar Kisto croit que nos établissements doivent être transformés en espaces d’apprentissage modernes, résilients et écologiques. « L’intégration massive des technologies numériques n’est plus une option mais une nécessité absolue pour préparer nos jeunes aux défis du XXIe siècle. » insiste-t-il. 

Il avance qu’il doit y avoir « une valorisation du corps enseignant ». Cela implique « une refonte complète de la grille salariale et l’élimination des tâches administratives superflues ». Pour ce faire, il propose « une transformation radicale du leadership scolaire pour créer un environnement professionnel stimulant et collaboratif ». 

Yugeshwar Kisto souligne qu’une réforme en profondeur est « inévitable et urgente ». Il exige cependant une refonte collaborative du système, où la voix des enseignants, des parents et des élèves sera prépondérante. « Cette réforme est plus que nécessaire - c’est l’avenir de notre nation qui est en jeu. Nous attendons du gouvernement qu’il passe de la parole à l’acte, avec des engagements concrets et un calendrier de mise en œuvre. Nous avons trop longtemps eu des consultations sans fin - l’heure est à l’action décisive. »

Ce qui n’a pas marché  

Yugeshwar Kisto estime que la dernière décennie a été marquée par des échecs systémiques. Il cite l’exclusion des enseignants des processus décisionnels sur les réformes qui étaient vouées à l’échec dès leur conception. « La bureaucratisation excessive a littéralement asphyxié l’innovation pédagogique et détourné les enseignants de leur mission première. Le délabrement de nos infrastructures scolaires est devenu inquiétant. Face aux bouleversements climatiques, nos établissements sont dangereusement vulnérables, mettant en péril la sécurité des élèves et du personnel éducatif. La fracture numérique s’est creusée, laissant de nombreuses écoles à la traîne de la révolution digitale », indique-t-il.  

Concernant le programme du NCE, Harrish Reedoy souligne qu’il a été considérablement allégé. Ce qui, selon lui, l’a privé de sa profondeur et de sa rigueur. « Cela a conduit à une expérience éducative appauvrie qui ne prépare pas adéquatement les élèves à l’enseignement supérieur. L’Union estime qu’un programme solide est essentiel pour développer la pensée critique et les compétences en résolution de problèmes. Nous appelons à une révision complète du programme du NCE afin de réintroduire des contenus et des compétences essentiels qui permettront aux élèves de relever les défis futurs », lance-t-il.  

La filière Technology Education est un autre domaine de préoccupation, selon Harrish Reedoy. « La demande pour cette filière est négligeable, et avec les critères de promotion en Grade 12 fixés à 3 credits, cette filière est vouée à disparaître. Nous recommandons son abolition, préconisant plutôt un retour au système d’examen de Cambridge, reconnu pour sa rigueur académique et son prestige international, au lieu du nouveau School Certificate mauricien », avance-t-il.  

Harrish Reedoy souligne que : « les réformes précédentes ont été marquées par un manque de consultation, ce qui a conduit à des politiques qui ne reflétaient pas les réalités et les défis rencontrés dans les établissements scolaires. Nous sommes convaincus qu’avec un dialogue ouvert et une collaboration sincère, des changements significatifs peuvent être réalisés pour améliorer la qualité de l’éducation à Maurice. Alors que le nouveau ministre commence à tracer la voie à suivre, nous sommes prêts à fournir nos perspectives et recommandations pour contribuer à l’élaboration de politiques qui bénéficient véritablement à nos élèves et à l’ensemble de la communauté éducative. Ce n’est qu’à travers un effort collectif que nous pourrons bâtir un système capable de répondre aux divers besoins de tous les apprenants et de les préparer à un avenir réussi ». 

Attente du primaire  

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Vishal Baujeet de la GTU espère des consultations plus efficaces.

Au niveau du primaire, Vishal Baujeet de la Government Teachers’ Union (GTU) affirme que le syndicat a été un acteur actif de la réforme. « Il y a eu de nombreuses discussions, mais au stade de la mise en œuvre du dossier, le syndicat a été laissé de côté. Le ministère a voulu unilatéralement implémenter la réforme lui-même », dit-il.  

De ce fait, il soutient que plusieurs points restent en suspens et doivent être pris en considération le plus tôt possible, tels que la question du Kreol Morisien (KM), le cas des supply teachers et bien d’autres. Vishal Baujeet souhaite qu’il y ait un équilibre entre le programme basé sur les connaissances et l’enseignement des valeurs. « Le ministère de l’Éducation doit impliquer directement ou indirectement les parties prenantes dans le progrès et le développement du secteur. Les parents doivent surveiller le comportement et les attitudes de leurs enfants à l’école ainsi que montrer leur intérêt pour les résultats scolaires de leurs enfants. L’environnement scolaire doit être actif et non passif. Il doit y avoir une adoption et une adaptation de l’évolution de l’éducation dans l’intérêt des enfants pour leur avenir », préconise-t-il. Le président de la GTU espère qu’avec le nouveau gouvernement et le nouveau ministre de l’Éducation, des consultations plus efficaces seront menées concernant la mise en œuvre des policies pour un nouvel horizon. 

 

 

 

L’UPSEE demande une nouvelle réforme éducative  

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Arvind Bhojon

Face aux défis récents et à la nécessité pressante de réformes, les partenaires de l’Éducation expriment leurs attentes envers le nouveau ministre de l’Éducation. Pour l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), l’accent devrait être mis sur la création d’un système éducatif pertinent, égal et équitable qui place les apprenants au centre et les prépare à des carrières réussies. Le président Arvind Bhojun précise que cela implique d’aligner l’éducation avec les futurs piliers économiques et d’investir dans les compétences et les connaissances pour l’avenir.  

L’UPSEE insiste sur l’importance de prendre en compte toutes les parties prenantes, de reconnaître la valeur du personnel enseignant et non enseignant, et de leur fournir le soutien et la motivation nécessaires. Cela comprend leur implication dans les réformes à venir et la proposition de parcours professionnels, de meilleures conditions de service et de salaires compétitifs pour retenir et attirer les talents.  

Le président avance qu’il faut une réinvention des institutions sous l’égide du ministère de l’Éducation, telles que la Private Secondary Education Authority, (PSEA), le Mauritius Institute of Education (MIE), le Mauritius Examinations Syndicate (MES), la Mauritius Qualifications Authority (MQA), la Higher Education Commission (HEC) et la Mauritius Educational

Development Company Ltd (MEDCO). « L’appel est lancé pour éliminer l’incompétence et la toxicité au sein du ministère et réexaminer la loi sur l’éducation afin de présenter un plan stratégique avec des objectifs clairs à court, moyen et long terme. La méritocratie doit être le principe directeur, sans place pour le népotisme », soutient-il.  

Arvind Bhojon est d’avis que transformer le système éducatif pour offrir une éducation de qualité à tous est essentiel. Cela inclut la réforme de l’enseignement primaire, la fin de l’Extended Programme et l’investissement dans les domaines STEM tout en encourageant la recherche. Selon lui, le nouveau ministre doit maintenir une proximité avec toutes les parties prenantes et répondre à leurs préoccupations.  

« L’approche de l’administration précédente laissait souvent les parties prenantes se sentir comme des spectateurs, les décisions majeures étant prises sans consultation. Le gouvernement a été critiqué pour financer la jeunesse plutôt que d’investir en elle, et pour son échec à aborder des questions telles que l’équité, la pauvreté, et la nécessité de voies éducatives diversifiées. Les décisions unilatérales et les amendements rétroactifs à la loi sur l’éducation ont été préjudiciables aux apprenants et aux jeunes diplômés dévoués », souligne le président de l’UPSEE.  

Il continue en disant qu’il y avait aussi des problèmes avec la mise en œuvre des réformes, qui excluait souvent les éducateurs et le personnel scolaire du processus décisionnel. Cela a conduit à de la frustration et des inefficacités, telles que le gaspillage de fonds sur des programmes inefficaces et des ressources inadéquates comme les autobus scolaires et les plateformes numériques.  

« Pour restaurer la confiance et apporter un changement positif, le nouveau ministre doit prendre des mesures immédiates à court terme pour résoudre les problèmes actuels et s’engager dans une planification stratégique à long terme. Une approche collaborative avec toutes les parties prenantes est cruciale pour une réforme réussie. L’appel est lancé pour que le nouveau ministre présente un « white paper on Education » et planifie le processus de réforme étape par étape, avec le soutien et la collaboration de l’UPSEE et d’autres parties prenantes ». 

 

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