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Reclassification du cannabis par l’OMS : un cadre légal pour éviter les abus vivement souhaité

Reclassification du cannabis par l’OMS De gauche à droite : Dr Anil Jhugroo, Dr Siddick Maudarboccus et Imran Abdool.

« Scientifiquement parlant, on ne peut refuser le cannabidiol (CBD)à usage thérapeutique ». Propos du Dr Anil Jhugroo, psychiatre. Selon lui, le cannabidiol, dérivé du cannabis, a des effets bénéfiques dans le traitement de certaines maladies. Mais les avis restent partagés sur le sujet.

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Le Dr Anil Jhugroo, psychiatre, est en faveur du cannabidiol (CBD) dans le traitement de certaines maladies. Selon lui, il y a des preuves techniques que ce dérivé du cannabis peut apporter un soulagement aux patients souffrant de certaines pathologies : maladies psychiatriques comme le Parkinson, le lupus ou autres maladies des articulations. « Du point de vue médical, l’usage thérapeutique du cannabis a des effets bénéfiques, compte tenu de sa composition », affirme-t-il.

Le Dr Jhugroo ajoute que la morphine et la codéine, des dérivés de l’opium, sont déjà utilisés dans la médecine dans un cadre bien défini. Selon lui, la même chose devrait être faite pour le cannabidiol, d’autant plus que le CBD ne pourra être utilisé comme drogue. « De par sa composition, il ne sera pas possible de le détourner », soutient-il. Et d’affirmer que le CBD ne donne pas d’euphorie ni ne provoque une addiction.

Il considère que le ministère de la Santé, qui suit généralement les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), devrait emboîter le pas aux autres pays si les recommandations de l’organisme international sont avalisées. Une rencontre, à cet effet, est prévue à la mi-mars. Elle est organisée à Vienne par la Commission des stupéfiants (CND), sous l’égide de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC).

Traitement alternatif

Ashan Purmessur, président de l’Association of Rheumatology Concerne (ARC), abonde dans le même sens. Il est d’avis que s’il y a un traitement alternatif pour soulager la souffrance des patients atteints de rhumatisme et autres maladies associées, ce serait une bonne chose. « Tout traitement thérapeutique est le bienvenu », dit-il. Il indique que le CBD a été bien accueilli en Grande- Bretagne où il est légal et aide à soulager les douleurs des patients.

« S’il n’y a aucun effet secondaire ou effet négatif concernant le CBD à usage thérapeutique, nous soutiendrons la cause pour la gestion de la douleur des patients », ajoute-t-il. Et de préciser que tout devrait être réglementé et fabriqué par des agences enregistrées. Ils doivent aussi respecter les spécifications de l’OMS.

Le Dr Siddick Maudarboccus, médecin généraliste et spécialiste en addictologie, n’est pas non plus contre l’usage du CBD à des fins thérapeutiques. « Cela doit se faire dans un cadre légal et médical bien défini afin d’avoir un bon contrôle sur son utilisation. » Il plaide également en faveur de la classification des maladies pour lesquelles le CBD est recommandé et en fonction de leur sévérité (cancer, épilepsie, Parkinson, rhumatisme). « Il faudrait avoir des paramètres bien précis afin de prévenir tout abus. Mais médicalement parlant, le CBD sera bénéfique pour le traitement de certaines maladies », fait-il ressortir.

Cela, dit-il, va permettre de répondre à certaines détresses humaines dans lesquelles se retrouvent des patients à cause de leur maladie et la souffrance qu’ils éprouvent. Il insiste toutefois que les autorités doivent mettre les garde-fous nécessaires afin de prévenir les abus. « On l’a bien fait, par exemple, pour la morphine qui est dérivé de l’opium. Il ne faudrait pas que les patients sous méthadone basculent sur le CBD », dit-il.

Mais le naturopathe Imran Abdool ne partage pas le même avis. Il se dit contre l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques. Car il existe, selon lui, d’autres plantes dont les propriétés sont plus efficaces et qui n’ont pas été exploitées à leur juste valeur. L’opium et le cannabis, ajoute-t-il, sont des plantes qui ont des effets bénéfiques, mais qui peuvent aussi créer des dépendances si elles ne sont pas utilisées dans un cadre contrôlé. Il affirme également qu’il ne va pas l’utiliser, même si les recommandations de l’OMS sont avalisées. « Il y a d’autres plantes dont les possibilités thérapeutiques n’ont pas été bien explorées qui sont tout aussi efficaces », dit-il. Le naturopathe estime qu’il y a une volonté de tonifier le cannabis pour des raisons qu’on peut facilement deviner.

« Le CBD ne va pas permettre de guérir une maladie, mais apportera un soulagement dans le cadre d’un traitement palliatif », fait-il ressortir, ajoutant qu’un patient souffrant de Parkinson qui a utilisé le CBD n’a été soulagé que lors des premiers quatre mois de traitement. « Il a été soulagé à 75 %, mais, par la suite, le produit s’est avéré inefficace à 50 % durant les mois qui ont suivi », dit Imran Abdool. Quand le temps de son traitement est arrivé à terme, ses douleurs et ses tremblements sont revenus.

Les débats semblent donc être ouverts depuis les recommandations de l’OMS sur la reclassification du cannabis.


Reclassification

Le cannabis pourrait être reclassifié suivant les recommandations faites par l’OMS à la fin du mois de janvier. Cela fait suite aux travaux du comité d’experts sur la dépendance des drogues qui s’est penché sur la question depuis 2016. Mais la décision d’avaliser ces recommandations interviendra lors du Segment ministériel de la 62e session de la Commission des stupéfiants qui va se tenir en mars prochain à Vienne. Le cannabis pourrait alors se retrouver sous une législation moins sévère et être ainsi considéré comme une substance « moins nocive ». Cela concerne la plante et la résine du cannabis. L’OMS fait aussi mention des molécules présentes dans le cannabis, ou ses dérivés, afin qu’elles soient reclassifiées pour être utilisées à des fins thérapeutiques.


Dr Laurent Musango, représentant de l’OMS à Maurice : «L’OMS ne recommande pas de fumer»

En recommandant la reclassification du cannabis, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ne fait pas la promotion du cannabis. C’est ce que souligne le représentant de cette instance à Maurice. Le Dr Laurent Musango explique que la reclassification du cannabis vise à assouplir les lois pour que certaines molécules puissent être utilisées à des fins thérapeutiques. Il ajoute que le comité d’experts sur la dépendance des drogues qui s’est penché sur la révision du statut du cannabis depuis 2016 à l’initiative de l’OMS, a publié ses recommandations et qui sont gérées par des agences comme l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC). Les recommandations sont entre les mains du secrétariat de l’ONU et seront présentées aux membres de l’Organisation lors de la rencontre prévue en mars prochain à Vienne. « Les États membres vont soit valider ou invalider ces recommandations. Quand les États-membres valident, c’est le vote de la majorité qui sera pris en considération. Mais cela ne voudra pas dire que tous les pays doivent obligatoirement suivre les mesures préconisées par l’OMS », explique le Dr Musango.

La mise en œuvre pour l’adoption ou la légalisation d’un produit varie d’un pays à l’autre. Ce sera à chacun de décider. Certains peuvent ne pas légaliser. Le mandat de l’OMS s’arrête à faire des recommandations. Cela a été fait pour la morphine (dérivé de l’opium), maintenant c’est pour le cannabis, ajoute-t-il.

  • defimoteur

     

 

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