Le réajustement salarial en vigueur depuis le 1er juillet à Maurice, qui laisse de côté les travailleurs touchant le salaire minimum et ceux percevant plus de Rs 50 000, soulève de vives interrogations sur son équité et son efficacité. Experts et syndicalistes s’interrogent sur les disparités entre les secteurs public et privé, ainsi que l’impact de ces exclusions.
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La révision récente de la politique salariale à Maurice, effective depuis le 1er juillet, vise à corriger les distorsions de rémunération. Cependant, cette réforme exclut les travailleurs percevant le salaire minimum et ceux dont le salaire dépasse Rs 50 000. Ces exclusions mettent en évidence des lacunes importantes dans la politique salariale et suscite des préoccupations parmi les spécialistes et les syndicalistes.
Pour l’avocat Dev Ramano, expert en droit du travail et relations industrielles, « les augmentations et le rétablissement de la relativité salariale étaient attendus depuis longtemps ». Il critique cependant la rapidité de la mise en œuvre des mesures, qu’il juge « électoraliste et précipitée ». Me Ramano attire également l’attention sur l’évolution des taux de taxation des employeurs et précise que « la taxe sur les employeurs est passée de 65 % à 15 % au cours des quatre dernières décennies ».
Les exclus
Concernant les travailleurs, l’ajustement salarial ne couvre pas deux catégories principales : ceux percevant le salaire minimum et ceux gagnant plus de Rs 50 000. En vertu de l’article 2 du Workers’ Rights Act (WRA), un employé est défini comme une personne touchant jusqu’à Rs 50 000. Ainsi, les ajustements pour les salaires au-delà de ce seuil doivent être gérés par les employeurs eux-mêmes. Cette exclusion touche environ 40 % des employés du secteur privé, créant un écart dans la politique salariale nationale.
Narendranath Gopee, président de la National Trade Union Confederation (NTUC), plaide pour une réforme plus globale : « Le National Wage Consultative Council (NWCC) doit élaborer une formule nationale pour le salaire. Il est crucial d’introduire une grille salariale uniforme, non seulement pour le secteur public, mais aussi pour le secteur privé. Cette initiative corrigera une injustice qui perdure depuis de nombreuses années. » Le syndicaliste estime que l’absence d’une grille salariale uniforme « permet à certaines entreprises non couvertes par les Remuneration Orders (RO) d’exploiter les failles et de traiter les employés de manière inégale ».
Reeaz Chuttoo, représentant de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP), fait écho à ces préoccupations : « Le réajustement salarial démontre que la structure salariale dans le privé est obsolète. » Il déplore que les RO n’aient pas été mis à jour depuis 38 ans, « laissant environ 100 000 travailleurs du secteur privé sans couverture adéquate ».
Le syndicaliste appelle à « une catégorisation des corps de métier pour remédier à cette injustice » et suggère que le gouvernement développe « un mécanisme de paiement si les entreprises ne peuvent pas honorer les salaires ajustés ».
L’avocat Dev Ramano insiste sur le fait que « le réajustement salarial est attendu depuis longtemps ». Il critique le système libéral actuel pour « son incapacité à résoudre les inégalités salariales et plaide pour un réajustement global des salaires ». Me Ramano dénonce aussi « les différences de traitement entre les secteurs privé et public », accusant les dirigeants « de ne pas agir dans l’intérêt général, mais plutôt selon leurs propres intérêts ».
Cependant, un spécialiste des ressources humaines considère la révision actuelle comme un « début prometteur ». Bien qu’il reconnaisse que la mise en place d’une grille salariale complète soit complexe et nécessite du temps, il voit cette réforme comme un pas dans la bonne direction pour améliorer la productivité et l’équité salariale.
L’avis de…Takesh Luckho, économiste :
« Les employés du secteur privé ont bénéficié d’un réajustement, mais la situation reste problématique pour le secteur public. L’allocation intérimaire, qui varie de Rs 500 à Rs 2 000 en fonction du salaire de base, et l’augmentation de 5 % pour les employés du public ne sont pas suffisantes. Le déséquilibre persiste, car les mêmes critères d’ajustement n’ont pas été appliqués au secteur public. Au lieu de cela, un recalcul basé sur la grille salariale aurait dû être réalisé, comme cela a été fait pour le privé. En d’autres termes, l’écart salarial entre les grades, établi avant l’introduction du salaire minimum, devrait être maintenu après son introduction ».
Ce qui change pour les fonctionnaires
Hausse de 5 % sur les salaires
- Minimum Rs 500
- Maximum Rs 2 000
Les hausses en vigueur dans le privé | ||
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Tranche de salaire | Nombre d’employés concernés | Montant de la hausse salariale |
Entre Rs 20 000 et Rs 50 000 | 197 042 travailleurs, soit 60 % de la force ouvrière dans le secteur privé | Hausse de Rs 2 925 |
Entre Rs 12 175 et Rs 16 765 | Entre Rs 600 et Rs 3 298 |
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