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Rapport de l’OMS et du ministère de la Santé - Hôpitaux mauriciens : foyers d’infections !

Le respect des normes sanitaires dans les hôpitaux peut sauver des centaines de vies.

Les hôpitaux mauriciens sont loin d’être aux standards internationaux en ce qui concerne l’hygiène. Un rapport du ministère de la Santé, datant de décembre, fait un constat accablant. Il indique que les infections nosocomiales, c’est-à-dire acquises en milieu hospitalier, sont un problème majeur. Une panoplie d’initiatives doivent être mises en place pour améliorer la situation.

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La situation est alarmante ! En termes d’infections en milieu hospitalier, c’est-à-dire les infections attrapées par les patients et le personnel hospitalier lorsqu’ils sont dans les centres de santé du gouvernement, Maurice est très loin d’être dans les normes internationales acceptables.

C’est le constat dressé par un rapport produit par le ministère de la Santé, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), en décembre dernier, et destiné à un usage interne. Le document, National guidelines on infection prevention and control, propose aussi des solutions pour remédier à ce problème qui coûte la vie à bien des gens.

« Les infections en milieu hospitalier sont une menace significative pour la sécurité des patients et des travailleurs du secteur. Il y a un besoin d’améliorer les résultats des traitements, empêcher de futures contaminations et établir une culture de sûreté dans les facilités de soins de santé », indique ce rapport.

«Un problème majeur»

En préambule de ce document de 132 pages, le ministre de la Santé, le Dr Kailesh Jagutpal, avance que les infections en milieu hospitalier « restent un problème majeur pour la santé des patients ». « Cela complique une proportion significative des soins apportés aux patients, ajoute au fardeau d’utilisation des ressources, et contribue aux décès inattendus », insiste-t-il.

Et, précise-t-il encore, quand on se place dans le contexte de la Covid-19, pouvoir endiguer le problème des infections en milieu hospitalier, « son importance pour casser la chaîne de transmission ne peut pas être sous-évaluée ». Le document vise à aider à mettre en place une politique de prévention et de contrôle des infections nosocomiales.

Ce type d’infections survient quand les mesures d’hygiène ne sont pas respectées dans les centres de soins, lorsque les équipements ne sont pas stérilisés ou désinfectés comme il se doit ou si le personnel soignant n’observe pas les mesures sanitaires comme, par exemple, la désinfection des mains, ce qui fait que les microbes peuvent se propager. Dans le monde, « ces infections sont une cause majeure de maladies qui auraient pu être prévenues, de décès et de plus grandes dépenses pour les services de santé », peut-on lire dans le document.

Recommandations de l‘OMS

À Maurice, si le problème ne date pas d’hier, il s’est beaucoup accentué au fil des années. En 1993, l’agence Jepsen avait fait une étude à Maurice, en collaboration avec l’OMS et le ministère de la Santé. La prévalence d’infections en milieu hospitalier était de 4,9 % et le risque d’infections dans les salles d’opération était de 8,2 %. Des recommandations avaient alors été formulées pour y mettre un frein.

Mais, en 2018, indique le document, une autre étude a été effectuée. Cette fois-ci, le constat était que la prévalence d’infections nosocomiales avait plus que triplé, pour s’élever à 18 %, alors que le taux dans les salles d’opération avait plus que doublé pour atteindre les 17 %.

Pourtant, après la pandémie de H1N1 en 2009, des comités dédiés avaient été mis sur pied dans les cinq healthcare regions du pays. 

En 2018, une étude approuvée par l’Ethics committee du ministère de la Santé constate que 12 % seulement du personnel soignant se lavait les mains comme il se doit : « Compliance was very poor. »

En 2020, l’Infection Prevention and Control Assessment Framework a été utilisé pour évaluer le niveau de respect des normes. Le score obtenu était de 225 points sur 800. De plus, la stratégie pour empêcher ces infections avait obtenu un score global « de moins de 10 % ».

Des lacunes à la pelle

L’année dernière, des représentants de l’OMS et des Regional Public Health Superintendents ont visité les hôpitaux, mediclinics et dispensaires. « Plusieurs manquements ont été découverts », souligne le rapport. Le score qu’obtient Maurice n’est que de 50 %, alors que la Covid-19, hautement contagieuse, frappait de toutes ses forces. 

Les trois seules normes de l’OMS respectées par Maurice sont le triage des déchets, la fourniture et le stockage d’eau, et le sanitaire et l’hygiène générale. Par contre, des défauts sont notés au niveau de la manière dont le personnel se lave et se désinfecte les mains, les autorisations dans les points d’entrée, l’usage des PPE, les facilités d’isolement et le nettoyage et la désinfection dans les endroits où se trouvent les patients. Les scores obtenus sont extrêmement faibles.

Ils reflètent les conclusions de la « situational analysis 2019-2020 sur les infections en milieu hospitalier », dont parle le rapport de décembre. Selon cette analyse, au niveau des normes pour empêcher les contaminations à la Covid-19 en milieu hospitalier, Maurice n’obtient que 25 %. Autre exemple, seuls 8 % des patients qui avaient besoin d’être isolés pour pouvoir guérir l’ont effectivement été. De plus, seulement 13 % du personnel soignant était vacciné contre l’influenza. Sur 100 malades, l’indice de risque d’attraper une pneumonie pour les patients hospitalisés était de 9,5 %, alors que l’indice de risque d’attraper une infection lors d’une intervention chirurgicale était de 17 %. La prévalence d’organismes résistants aux médicaments dans le service des soins intensifs était de 68 %. Le pourcentage de fois où des antibiotiques étaient prescrites pour les bonnes raisons à l’hôpital était de 47 %. Et le pourcentage de fois où des antibiotiques étaient prescrites à la bonne dose et fréquence était de 18 % seulement.

Des mesures préconisées

La première des mesures préconisées est la conscientisation et la formation du personnel soignant. Le document détaille les initiatives qui doivent être prises dans ce domaine. Une autre mesure importante est d’instaurer des systèmes de surveillance pour s’assurer que les normes soient respectées. Là encore, le document décrit la mise en place des structures nécessaires pour la bonne marche de la surveillance. Il est aussi conseillé de revoir le fonctionnement de la structure de surveillance existante au ministère de la Santé. Un National IPC (Infection Prevention and Control) Committee aura la tâche d’élaborer et d’implémenter des stratégies et des politiques, mais aussi d’enquêter sur des cas d’infections en milieu hospitalier.

Des Regional IPC Committees, comprenant les responsables des ressources humaines, des médecins, microbiologistes, pharmaciens d’hôpital, administrateurs d’infirmiers, Charge nurses et Ward managers, mais aussi une Infection control nurse, devront faire le travail au niveau de chaque hôpital.

Un des points cardinaux est la patient safety afin, d’une part, éviter qu’il n’attrape des maladies et développe des pathologies, et d’autre part, empêcher des décès qui auraient pu être évités. Sous ce chapitre, sept objectifs stratégiques ont été définis et vont être mis en place.

 

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