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Rapport de l’European Centre for Law and Justice : «Plus de 1 000 personnes vivent comme esclaves modernes à Maurice»

La prostitution infantile reste un problème à Maurice.

L’ONG, accréditée par les Nations unies, déplore le manque de moyens dans notre pays pour lutter efficacement contre la traite d’êtres humains, dont les femmes et les enfants sont principalement victimes.

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«Maurice sert en grande partie de voie de transit pour les victimes de la traite d’êtres humains originaires d’Afrique de l’Est et de Madagascar, et on estime que plus de 1 000 personnes vivent comme esclaves modernes à Maurice. » C’est le constat dressé par l’European Centre for Law and Justice (ECLJ) dans un rapport traitant de la situation des droits de l’homme en République de Maurice pour la 45e session de l’Examen périodique universel (EPU) des Nations unies. L’ECLJ est une ONG titulaire du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social de l’ONU. Dans son rapport, il souligne aussi que « les enfants à Maurice sont particulièrement victimes de l’exploitation sexuelle commerciale ».

Et l’ECLJ d’avancer : « En particulier des filles aussi jeunes que dix ans ont été trouvées en train de pratiquer la prostitution. Malheureusement, l’ampleur de cette activité criminelle reste largement méconnue en raison de sa nature clandestine et du fait que Maurice manque de données complètes et fiables. » Ce manque d’informations autour d’un sujet aussi grave a été relevé à de multiples reprises par différentes instances au fil des ans. « En outre, bien que Maurice ait adopté une nouvelle loi sur l’enfance en 2020, le pays manque toujours d’une stratégie pour lutter efficacement contre la vente et l’exploitation des enfants », selon l’ONG.

Elle prend pour exemple le fait qu’il n’y a « pas une seule organisation dédiée à coordonner les efforts concernant l’exploitation des enfants ». Au lieu d’une coordination efficace, « ce sont plusieurs instances gouvernementales qui sont responsables de la gouvernance des droits de l’enfant ». « Cela crée souvent des difficultés dans la communication et dans la coordination des efforts visant à protéger les enfants contre l’exploitation », selon le rapport.

Plusieurs recommandations sont formulées pour que Maurice fasse davantage pour protéger les femmes et les enfants contre le trafic sexuel et l’exploitation. « Maurice devrait créer une agence dédiée à la lutte contre ce problème et fournir les ressources et la formation nécessaires pour lutter efficacement contre la traite, et poursuivre les auteurs. Bien que le gouvernement ait pris certaines mesures pour résoudre le problème de la traite depuis le précédent EPU, comme la création d’un Children’s Act en 2020, force est de constater que les efforts du gouvernement font encore défaut », avise l’ECLJ.

Le précédent examen de Maurice a eu lieu le 7 novembre 2018. À la suite de cet examen, Maurice avait reçu 176 recommandations. Le pays en a accepté 133. La recommandation faite par la République démocratique du Congo, et acceptée par Maurice, était que le gouvernement « prenne une série de mesures pour assurer l’application de la loi relative à la lutte contre la traite des personnes, notamment en initiant des poursuites contre les auteurs de crimes liés à ce phénomène. ». Les Pays-Bas avaient recommandé au gouvernement de « renforcer les efforts de lutte contre la maltraitance des enfants sous toutes ses formes, en adoptant un projet de loi sur la protection des enfants, avec une attention particulière aux questions telles que la traite, l’exploitation sexuelle et la prostitution forcée ».

Le sort de certaines Bangladaises

Le rapport relate aussi l’histoire d’une Bangladaise venue à Maurice pour travailler dans une grande usine textile. Arrivée à Maurice le 5 février 2020, elle a été emmenée à l’usine. « Elle travaillait comme aide, mais ne recevait pas de rémunération régulière pour son travail. Elle a été violée par le propriétaire de l’entreprise et forcée d’avoir des relations sexuelles avec d’autres personnes, et même forcée de se faire avorter lorsqu’elle est tombée enceinte. Le 28 février 2020, elle a été libérée et autorisée à rentrer chez elle au Bangladesh, à condition qu’elle ne porte pas plainte à la police. En juin 2021, elle a décidé de porter plainte auprès du programme BRAC Migration, une organisation bangladaise de lutte contre le trafic humain. » Dans sa déclaration, elle a soutenu que « plus de 600 femmes bangladaises travaillent dans cette usine et sont contraintes de se prostituer ».

Janine la Malgache

Parmi les exemples cités par l’ECLJ, il y a celui d’une femme prénommée Janine. Aux auteurs du rapport, cette Malgache a expliqué comment elle a été attirée à Maurice. Alors qu’elle était dans un taxi collectif à Madagascar, une femme lui a parlé d’emplois très bien rémunérés dans les restaurants et usines à Maurice. Janine a d’abord refusé l’offre, mais la femme lui a dit que quelqu’un pouvait lui prêter l’argent pour le billet d’avion et qu’elle le rembourserait ensuite avec le salaire de son nouvel emploi. Cependant, une fois arrivée à Maurice, Janine s’est retrouvée forcée de se prostituer pour rembourser les frais de son voyage. Heureusement, elle a été secourue après que la police a perquisitionné la maison close où elle était détenue.

 

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