Live News

Questions à… Laura Jaymangal, CEO de Transparency Mauritius : « Tout contrevenant à la loi électorale doit en assumer les conséquences »

Le cadre légal des dépenses électorales est-il réaliste ? Les plafonds fixés pour les dépenses de campagne sont-ils en adéquation avec la réalité des moyens mobilisés par les candidats lors des élections ?

Publicité

La loi impose des limites aux dépenses des candidats, mais ces montants ont été définis il y a plusieurs années. Avec l’évolution économique, l’inflation et les nouvelles formes de communication en politique (réseaux sociaux, publicité en ligne, etc.), il est légitime de se demander si ces plafonds sont toujours adaptés. Une révision de ces montants pourrait être envisagée pour mieux refléter les coûts réels d’une campagne aujourd’hui.

Toutefois, au-delà du montant des dépenses, l’enjeu principal reste la transparence du financement. Financer une campagne électorale est une réalité incontournable à travers le monde, mais ce qui importe avant tout, c’est de savoir d’où vient l’argent et comment il est utilisé. Un système où les plafonds sont ajustés sans un cadre strict de transparence risquerait d’ouvrir la porte à des financements opaques ou à des influences cachées. Ainsi, toute révision des plafonds devrait s’accompagner de mécanismes renforcés pour assurer une déclaration claire et accessible des sources de financement, afin de préserver l’intégrité du processus électoral.

Les poursuites engagées contre certains candidats traduisent-elles une volonté réelle de transparence ou relèvent-elles d’une utilisation politique du droit électoral ?

Maurice est un État de droit, et le respect des lois s’applique à tous, qu’il s’agisse de simples citoyens ou d’élus. Toute personne qui enfreint la loi électorale doit en assumer les conséquences, car l’application des règles est essentielle pour garantir l’intégrité du processus démocratique.

Cependant, il est tout aussi important que ces poursuites ne deviennent pas un outil d’instrumentalisation politique. L’application de la loi doit être équitable, impartiale et fondée sur des faits avérés, afin d’éviter toute perception de règlement de comptes politique. La justice doit être exercée de manière rigoureuse et transparente pour renforcer la confiance des citoyens dans le système électoral et assurer une démocratie saine et juste.

La réglementation actuelle favorise-t-elle une opacité des financements électoraux plutôt qu’une transparence effective ? En limitant officiellement les dépenses, mais en fermant les yeux sur des financements indirects, la loi ne crée-t-elle pas un système dans lequel seuls les mieux organisés échappent aux sanctions ?

Dans la culture politique mauricienne, une campagne électorale ne se limite pas aux dépenses officielles d’un candidat : d’autres facteurs, comme l’appui logistique, les ressources mobilisées par des tiers ou encore certaines formes d’influence, peuvent jouer un rôle déterminant.

C’est pourquoi une loi sur le financement des partis politiques est aujourd’hui plus que nécessaire. Pour être efficace, elle doit non seulement encadrer les financements directs, mais aussi inclure toutes les formes de soutien, qu’elles soient financières, matérielles ou en nature. 

De plus, il est essentiel d’exiger des comptes audités pour les partis politiques afin de garantir une plus grande transparence et de permettre aux citoyens de savoir d’où proviennent les fonds qui alimentent les campagnes. Un tel cadre juridique renforcerait la confiance du public dans le processus électoral et assurerait une compétition plus équitable entre les candidats.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !