Economie

Quelle évolution économique pour les prochains 50 ans ?

Port-Louis Le pays sera transformé sur le plan infrastructurel.

Le Premier ministre, Pravind Jugnauth a, mardi, officiellement lancé les activités dans le cadre des célébrations de notre 50e année d’indépendance. Ces derniers jours, il y a eu plusieurs activités retraçant l’évolution socio-économique de Maurice pendant les cinq dernières décennies. Mais que nous réservent les 50 prochaines années ?

Publicité

Le pays est en fête. Le coup d’envoi des célébrations nationales pour commémorer le 50e anniversaire de notre accession à l’indépendance a été donné mardi. Diverses activités retraçant notre histoire ont été organisées. Des débats ont lieu sur la progression socio-économique jusqu’ici.  En effet, Maurice a été témoin de cinq décennies de progrès et est aujourd’hui cité en exemple.

Au début des années 70, c’est la première tentative post-indépendance de diversifier nos activités économiques. Le plan ‘Import Substitution Industries’ incitait les entrepreneurs locaux à produire à Maurice, même ce que nous importions à l’époque. Ainsi, le pays commença à produire la savonnette, le dentifrice, les boissons gazeuses, la peinture ou encore des gants et des bottes. Le secteur manufacturier connut son ère de gloire dans les années 80, avec le textile qui emploie, à un moment donné, près de 80000 personnes. Viennent ensuite s’ajouter le tourisme, les services financiers, l’offshore, le sea food hub, l’immobilier et, bien sûr, la technologie informatique à l’aube des années 2000.

Maintenant, on parle d’‘ocean economy’, le Fintech, la biotechnologie et les énergies renouvelables. Pour l’économiste Arvind Nilmadhub, la prochaine décennie transformera encore notre économie, surtout sur le plan infrastructurel : « Avec la consolidation des institutions et l’émergence de l’Economic Development Board, cadré avec la vision 2030, je pense que nous sommes sur la bonne voie. » L’économiste argue, toutefois, que si maintenant le pays doit concurrencer les pays de l’Asie, dans un proche avenir, c’est entre États africains qu’il y aura une rude concurrence. « Avec le réveil de l’Afrique, l’émergence des zones économiques et la pénétration numérique, si nous demeurons stagnants, les autres nous dépasseront.


Vikram Jeetah : «Seule une vision ne suffit pas»

Vikram Jeetah, un professionnel de la construction, voit le secteur des services dominer l’économie mauricienne dans le futur. Il prévoit la disparition des secteurs non-compétitifs, comme le manufacturier ou même la canne à sucre, et une plus grande orientation vers l’exportation des services. « Nous ne pouvons dire que nous avons un marché limité. Nous évoluons, maintenant, dans un contexte global et nous sommes déjà citoyens du monde. Maurice de demain sera plus tourné vers l’extérieur », dit Vikram Jeetah. Le pays s’ouvrira, davantage, aux étrangers tout comme il y a plus de Mauriciens opérant hors de nos frontières. Selon lui, c’est la qualité du leadership qui façonnera le développement durant les prochaines décennies. « Il faut un leadership solide et un forum où les citoyens peuvent contribuer leurs idées pour une Maurice meilleure. Si nous continuons à œuvrer avec les mêmes méthodes, alors nous n’irons pas loin en 50 ans. Il faut que le système évolue. » Il explique que le pays n’optimise pas les cerveaux locaux, il y a une absence de planification à long terme et pas assez de réflexion. « La seule vision ne suffit pas. Il faut un plan, des stratégies, des objectifs et la capacité d’implémenter, tout en innovant. »


Radhakrishna Sadien : «Une réflexion et une planification à long terme s’imposent»

Le président de la Government Servants Employees Association (GSEA) se dit très concerné surtout par la dégradation de notre environnement. Ayant été un fin observateur de notre évolution économique pendant des années et ayant contribué en tant que fonctionnaire et syndicaliste, nous avons demandé à Radhakrishna Sadien comment il voit notre pays évoluer durant les prochains 50 ans. Le syndicaliste explique que le pays a déjà fixé son objectif de devenir une nation à hauts revenus et l’emphase est mise sur une croissance plus élevée. Mais dans le processus, l’on a tendance à négliger beaucoup d’aspects. « On augmente la croissance pour améliorer le niveau de vie, mais si l'on vit dans l’insécurité, ou encore avec les menaces des fléaux sociaux comme la drogue, l’érosion des valeurs, etc., alors quelle est l’utilité de cette croissance ? »  Selon lui, la protection de l’environnement se résume à un slogan et des actions symboliques, alors qu’il y a beaucoup à faire si nous voulons un développement durable pendant les prochains 50 ans. « On remplace les terres agricoles par du béton et nous verrons son impact négatif dans les années à venir si rien n’est fait. Nous sommes maintenant exposés aux effets du changement climatique. » Radhakrishna Sadien déplore l’absence d’une planification à long terme à Maurice, avec des consultations avec toutes les parties concernées : la classe politique, les syndicats, les entrepreneurs, les travailleurs sociaux, la société civile. À son avis, une planification à long terme est primordiale, car elle tracera la direction du pays, quel que soit le gouvernement du jour. « Une fois les objectifs, les stratégies et les plans établis, avec le concours de tout le monde, n’importe quel gouvernement devra suivre cette direction. » Il note que nous sommes devenus une population de consommateurs et il y a une concurrence entre nous-mêmes, où l’individualisme prime. « Aujourd’hui, des gens adhèrent à un parti politique non pas par vocation, mais par intérêt personnel. L’intérêt commun de la société fait défaut. » Il poursuit en disant que le pays mérite une réflexion à long terme, que nous devons penser en termes ‘mauriciens’ afin d’assurer un progrès remarquable pour les prochaines décennies.


Prithviraj Fowdur: « Maurice a tous les ingrédients pour encore réussir»

Économiste et ancien fonctionnaire, Prithviraj Fowdur dit que Maurice, de par sa position géographique, sa population multiethnique et éduquée et sa beauté naturelle, possède tous les ingrédients pour une réussite économique. « Notre pays n’a pas les problèmes complexes d’autres pays. Chez nous, la paix règne, il est facile de faire des affaires, il n’y a pas de crainte ou de risque. Le pays a connu une transformation phénoménale pendant les 50 dernières années et la transformation à venir sera plus grande et plus vite. » Il explique que les générations d’aujourd’hui sont plus intelligentes que les anciennes et les générations à venir le seront encore davantage. « Ce que nous avons réussi en 50 ans, les futures générations le réussiront en moins de temps. » Prithviraj Fowdur dit que le secteur des services primera. Chaque génération apportera sa contribution. Tout comme les autres interlocuteurs, il pense que le pays doit impérativement planifier à long terme.

 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !