La question du financement reste entière. Les déclarations récentes du Premier ministre, affirmant que les indicateurs économiques ont été manipulés par le précédent gouvernement, laissent entrevoir une situation économique plus complexe que prévue. Certains experts redoutent même un scénario de dégradation économique accru. Afin d’évaluer l’état réel des finances publiques, un audit sur l’économie nationale a été commandité, ajoutant une urgence supplémentaire à la situation.
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Malgré ces inquiétudes, le gouvernement a tenu à rassurer. Paul Bérenger, un des dirigeants de l’Alliance du Changement, a affirmé que l’engagement serait respecté. Par ailleurs, le nouvel Attorney General, Gavin Glover, a annoncé dès sa prise de fonctions vendredi que la préparation du cadre législatif pour le paiement du 14e mois figurait parmi ses priorités.
Pour l’économiste Bhavish Jugurnath, le gouvernement pourrait devoir se tourner vers le fonds de Rs 80 milliards de la Mauritius Investment Corporation (MIC). « L’argent de la MIC sera probablement utilisé pour financer cette mesure. En parallèle, il sera essentiel de soutenir les Petites et Moyennes Entreprises (PME), qui représentent l’avenir économique du pays », a-t-il déclaré. Bhavish Jugurnath a également souligné l’importance d’une communication claire pour permettre aux PME d’accéder aux plans d’aide existants et futurs, indispensables pour maintenir leur viabilité.
L’économiste Takesh Luckho plaide aussi en faveur d’une réutilisation stratégique des fonds disponibles dans la Mauritius Investment Corporation (MIC) pour stimuler l’économie. Il affirme que ces ressources, créées pour répondre aux défis de la pandémie de Covid-19, doivent désormais servir à répondre aux besoins économiques actuels, notamment en matière de financement du 14ᵉ mois et de soutien aux entreprises.
Takesh Luckho va plus loin en soulignant que les entreprises, notamment celles du secteur hôtelier, qui ont bénéficié de prêts de la MIC durant la pandémie, doivent désormais honorer leurs engagements. Il rappelle que ces aides avaient été octroyées sur la base d’une convention claire, stipulant qu’elles devraient être remboursées. « Il avait été convenu dès le départ qu’il s’agissait d’une aide financière temporaire. Aujourd’hui, plusieurs hôtels ayant bénéficié de ces fonds affichent des milliards de roupies de profits », affirme l’économiste.
Les entreprises du secteur hôtelier, largement soutenues par la MIC pendant la crise sanitaire, enregistrent en effet actuellement une reprise spectaculaire. Cette rentabilité accrue, portée par la reprise du tourisme et des flux internationaux, renforce l’argument selon lequel ces acteurs économiques disposent désormais des moyens pour rembourser les fonds empruntés.
Délai extrêmement serré
Takesh Luckho est d’avis que ces remboursements pourraient libérer des ressources financières substantielles, permettant ainsi au gouvernement de financer des initiatives urgentes, comme le paiement du 14ᵉ mois, et de soutenir les Petites et Moyennes Entreprises. « Réinjecter ces fonds dans l’économie est essentiel pour assurer une relance inclusive et durable », explique-t-il.
L’économiste propose aussi de mobiliser le Consolidated Fund, en plus des fonds disponibles dans la MIC. Selon lui, le Consolidated Fund représente une solution viable pour répondre à cette obligation, d’autant que le délai pour effectuer ce paiement, prévu avant le 20 décembre, est extrêmement serré. « Il s’agit d’un paiement d’envergure, et avec le peu de temps restant, le Consolidated Fund pourrait être d’une aide précieuse », indique-t-il.
Cependant, Takesh Luckho met également en garde contre les effets secondaires d’un tel déploiement financier. Le versement simultané du 14ᵉ mois à des centaines de milliers de travailleurs entraînera inévitablement une pression inflationniste sur l’économie. « Une injection aussi massive dans l’économie, en une période aussi courte, va à coup sûr alimenter l’inflation », affirme-t-il. Pour atténuer ces effets inflationnistes, Takesh Luckho souligne l’importance de la création d’un fonds de stabilisation, doté de Rs 10 milliards, comme mentionné dans le programme gouvernemental de l’Alliance du Changement. Ce mécanisme, destiné à assurer le contrôle des prix des produits essentiels, pourrait jouer un rôle central dans la gestion des tensions économiques à venir. « Ce fonds permettra de contrer les pressions inflationnistes provoquées par le paiement du 14e mois, tout en maintenant une certaine stabilité des prix », précise l’économiste.
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