Les autorités ont lancé une enquête de haut niveau pour déterminer si la hausse du fret, souvent invoquée par les importateurs, est véritablement à l’origine de la flambée des prix des produits de consommation, des produits pharmaceutiques ou encore des véhicules. Ceux trouvés coupables de pratiques spéculatives seront sanctionnés.
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Depuis plusieurs mois, les prix des produits de base, des médicaments et des véhicules notamment, ont connu une augmentation significative, provoquant une pression accrue sur les ménages. Les importateurs ont constamment attribué cette inflation à la hausse des coûts du transport maritime, une explication que les autorités veulent désormais vérifier de manière rigoureuse.
« Nous avons entendu les plaintes des consommateurs et il est de notre devoir de vérifier si les justifications avancées par les importateurs sont fondées. Il est crucial de s’assurer que les augmentations de prix ne soient pas dues à des pratiques spéculatives ou abusives », déclare un porte-parole du gouvernement.
Le Dimanche/L’Hebdo a tenté de savoir quels sont les organismes qui mèneront l’enquête et quand le rapport préliminaire sera soumis au gouvernement. Mais en vain. Tout ce que l’on nous a fait comprendre, c’est que lors de l’enquête, « les autorités examineront les données sur les coûts du fret, les marges bénéficiaires des importateurs et les pratiques tarifaires des détaillants ». « Il s’agit de transparence et de responsabilité. Nous devons comprendre si les augmentations de prix sont justifiées ou si des interventions sont nécessaires pour protéger les consommateurs », avance une source.
Les résultats de l’enquête seront connus dans les prochaines semaines. « Si les autorités découvrent que les augmentations de prix ne sont pas justifiées, le gouvernement prendra des mesures correctives et n’hésitera pas à agir pour corriger les anomalies et protéger le pouvoir d’achat des citoyens », poursuit notre informateur.
La ministre de la Protection des consommateurs, Dorine Chukowry, a été sollicitée pour une déclaration. Mais elle est restée injoignable.
Alliance des compagnies maritimes
« Il y a définitivement une alliance entre les compagnies maritimes qui desservent tous les pays du monde en matière de cargo. Ces dernières contrôlent le mouvement des conteneurs à travers le monde. Depuis la pandémie de COVID-19, le nombre de compagnies maritimes est passé de 21 à 13 en raison des rachats. En outre, elles investissent dans les infrastructures portuaires, contrôlant ainsi non seulement les bateaux, mais également les zones portuaires », explique Zaid Ameer, le président de la Dealer in Imported Vehicles Association (DIVA).
Zaid Ameer souligne que les compagnies maritimes justifient ces augmentations vertigineuses de tarifs, faisant passer le coût d’un conteneur de 40 pieds de USD 2 000 à USD 9 000. « Nous sommes informés de l’évolution des prix par des courriels hebdomadaires envoyés par les responsables des agences maritimes. C’est du vol, car ils doivent justifier ces augmentations criminelles », dénonce-t-il.
Face à cette situation, Zaid Ameer précise que les importateurs locaux et internationaux ont trois choix : ne pas importer leurs marchandises pour le moment ; réclamer des explications justifiant l’augmentation des prix ou retarder l’embarquement des marchandises depuis l’étranger. Il n’hésite pas à critiquer certains importateurs, voire des commerçants : « Certains commerçants profitent de la situation. Comment faire la différence entre l’ancien stock et le nouveau ? Comment le savoir ? » s’interroge-t-il.
Un autre informateur, proche du dossier, indique qu’une réunion a eu lieu la semaine dernière entre des importateurs, des représentants de la Cargo Handling Corporation Ltd (CHCL), de la Mauritius Ports Authority (MPA) et du ministère de la Protection des consommateurs. « Les demandes formulées seront examinées de fond en comble et le dossier sera envoyé très prochainement au Bureau du Premier ministre », précise-t-il.
Une alternative aux enseignes de grande distribution
Pour contrer la flambée des prix des produits de consommation, le gouvernement envisage de mettre en place un mécanisme de commercialisation inédit. L’initiative vise à introduire une concurrence directe face aux supermarchés, accusés de profiter de la hausse des coûts du fret pour justifier des augmentations de prix excessives.
« Le projet est encore à ses débuts, mais ce nouveau mécanisme proposera une gamme étendue de produits essentiels à des prix compétitifs, allégeant ainsi la pression sur les ménages. L’objectif premier est de favoriser une concurrence plus saine et d’offrir aux consommateurs des options plus abordables », explique une source proche du dossier.
« Il est inacceptable que les ménages soient pénalisés de cette manière par des pratiques commerciales douteuses. Le gouvernement prendra des mesures correctives », affirme notre informateur. La State Trading Corporation (STC) sera ainsi appelée à élargir son champ d’action pour inclure d’autres produits de consommation courante, après le lait en poudre, l’huile comestible, les grains secs et le riz Basmati de la marque Smatch.
L’objectif affiché est clair : il faut impérativement offrir aux consommateurs une alternative aux enseignes de grande distribution, accusées de s’entendre sur les prix au détriment du pouvoir d’achat des citoyens. « En intervenant directement sur le marché, nous voulons obliger les supermarchés à revoir leurs pratiques et à proposer des prix plus justes aux consommateurs », fait-on savoir.
Ignace Lam : « Nul ne peut empêcher un commerçant d’augmenter ses prix »
Selon Ignace Lam, responsable des supermarchés Intermart, « les commerçants subissent la hausse du coût du fret depuis la pandémie de COVID-19 ». Il souligne toutefois que personne « ne peut empêcher un commerçant d’augmenter ses prix ». Ignace Lam précise qu’un commerçant ne se réfugiera pas derrière le fret pour justifier une augmentation des prix.
Interrogé sur l’enquête des autorités visant à déterminer si la hausse du fret est vraiment à l’origine de l’inflation, il répond : « C’est tant mieux. Les autorités auront ainsi l’occasion de vérifier et de dissiper les doutes. »
« Nous sommes prêts à ouvrir nos livres et à fournir toutes les informations nécessaires pour cette enquête. L’inflation est une réalité mondiale et nous espérons que cette enquête démontrera les défis auxquels nous faisons face », affirme, pour sa part, Nooreza Fawzee, directrice financière des supermarchés Dream Price. Le fret a connu une hausse depuis la COVID-19, « mais la situation a pris une autre tournure depuis l’éclatement du conflit russo-ukrainien en 2022 », déplore-t-elle.
Le Dimanche/L’Hebdo a sollicité Yusuf Sambon, le directeur des supermarchés Lolo, pour une déclaration. Mais en vain.
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