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Priya Beetul : la pasionaria des exclus

Priya Beetul Pour Priya Beetul, la bataille contre la pauvreté doit être l’œuvre d’une concertation pluridisciplinaire.

Comment améliorer la vie des citoyens exclus du développement, des services de santé ou du système éducatif si les discours sociaux restent sans lendemain ? Priya Beetul répond que ce sont dans les actes que se vérifient les bonnes intentions. Elle a fait de la pauvreté son cheval de bataille.

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Elle a tellement sillonné Maurice dans ses recoins les plus éculés, tendu l’oreille aux témoignages de détresse matérielle et visité des maisons en lambeaux qu’elle a fini par identifier le moindre signe extérieur de la pauvreté. Priya Beetul, petit bout de femme aux grands yeux noisette et présidente de la Mauritius Women Emancipation Association (MWEA), en est venue à douter des discours. « Les pauvres ont tellement entendu de promesses qu’ils ne croient plus en rien », lâche-t-elle.

Depuis toujours, elle a privilégié les actes. Comme celui qui amènera les membres de la MWEA, de même que la ministre Aurore Perraud à Sainte-Croix, ce samedi 3 décembre, dans une cour où vivent une vingtaine de familles dans une précarité extrême. Son association y sera pour effectuer des dons de vêtements, de produits alimentaires et de matériaux scolaires à Sainte-Croix. « Nous étions à Bambous chez d’autres familles l’année dernière », explique-t-elle.

Cette année, le choix s’est porté sur Sainte-Croix, à partir d’une liste où l’association a recensé les poches de pauvreté les plus connues du pays. Mais ce sont surtout les quelque 5 000 membres de l’association qui se concertent pour établir les priorités en matière d’actions sur le terrain. « Nos membres constituent un formidable réseau d’informatrices qui observent les mutations sociales de Maurice. Ce sont elles qui nous apportent les informations de première main et qui nous permettent d’être très pointues dans nos décisions », fait valoir Priya Beetul.

Des localités gangrenées

Depuis 2015, les quelque vingt familles de la rue Long Piw, à Sainte-Croix, ont reçu plusieurs visites des membres de l’association. « Nous connaissions les conditions dans lequelles ces familles vivaient, mais à ce moment-là, nous avions fixé notre objectif sur Bambous », indique-t-elle. Pour l’association, la priorité des priorités reste le sort des enfants, surtout dans des localités gangrenées par les fléaux sociaux comme la drogue, l’alcoolisme et la petite délinquance.

« Leur prise en charge doit être complète, à commencer par une alimentation saine, des vêtements décents et des matériaux scolaires adéquats. Il faut tout mettre en œuvre pour qu’ils ne deviennent pas des exclus. » Mais la bataille est loin d’être gagnée, admet Priya Beetul, « car l’île Maurice est devenue une société de consommation à grande vitesse et les personnes, qui n’ont pas les moyens de suivre les tendances, se sentent marginalisées. »

Depuis deux mois, les membres de l’association ainsi que la famille de Priya Beetul travaillent à l’organisation de cette activité phare de 2016. « Il nous fallait des vêtements, des boîtes de conserve, du riz, de la farine, ainsi que des matériaux scolaires, sans oublier les moyens de transport pour aller à Sainte-Croix. Mais grâce à notre expérience, nous avons pu respecter les délais. » Deux autres membres de l’organisation, Marjorie Cangy et Huguette Duvergé ont joué un rôle décisif dans le succès de cette opération.

« Ce sont des femmes qui possèdent une solide connaissance du terrain et des contacts qui permettent de faciliter les choses. » À ces actions de grande envergure, l’association aide également des femmes sans emploi à se faire embaucher. « Les salaires des leurs époux ne suffisent pas, il leur faut travailler et nous nous portons garants de leur probité », explique Priya Beetul. À ses yeux, la bataille contre la pauvreté doit être l’œuvre d’une concertation pluridisciplinaire.

« Nous ne pouvons pas nous vanter d’être premiers en Afrique pour certaines notations alors que les poches de misère subsistent encore à Maurice. D’autant que nous en connaissons les facteurs car, très souvent, la pauvreté des parents engendre celle des enfants, des petits-enfants », lâche-t-elle.

 

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