Navarre-Marie vs Babooram : une guerre froide qui s’expose au grand jour

• Le Premier ministre appelé à trancher prochainement

Le différend entre la ministre de l’Égalité des genres, Arianne Navarre-Marie, et sa Junior Minister, Anishta Babooram, est sous haute surveillance. Ce conflit larvé, qui couvait depuis janvier, a été officiellement évoqué lors d’une réunion de haut niveau le lundi 4 août 2025. Selon des sources proches du dossier, un dénouement est attendu dans les prochains jours. Un transfert ministériel est envisagé, sauf si une réconciliation a lieu. Le Premier ministre pourrait trancher très bientôt, d’après ces mêmes sources. Des intermédiaires sont mobilisés pour jouer un rôle de médiateurs afin de ramener les deux responsables à la raison, dans l’espoir de désamorcer la crise rapidement. 

Depuis janvier

Le conflit, qui couve depuis janvier, a pris une tournure publique le vendredi 1er août 2025 lorsqu’Anishta Babooram a publié un message sur Facebook : « J’ai gardé le silence et j’ai supporté les choses assez longtemps. Tout le monde mérite d’être traité avec dignité. »  Selon son entourage, la ministre déléguée se plaint de ne pas être consultée sur les dossiers-clés, de ne pas avoir la possibilité de s’exprimer dans les médias et de ne pas être invitée aux événements officiels du ministère, comme le lancement du Plan d’action 2025-29, vendredi dernier. Pire, les deux personnalités ne sont plus « on speaking terms » depuis janvier. 

Lors d’une cérémonie dans la matinée du lundi 4 août 2025, Arianne Navarre-Marie a tenu à clarifier la situation : « Il n’y a aucune tension ni aucune friction au sein du ministère de l’Égalité des genres. Ceux qui ont envie de travailler le font et se donnent corps et âme. Les fonctionnaires, le secrétaire permanent et mes proches collaborateurs travaillent d’arrache-pied. » 

Elle a ajouté qu’au départ, elle avait rencontré la Junior Minister et lui avait confié quatre dossiers importants : l’Adoption Bill, le Domestic Violence Bill, le concept de foyer d’accueil et les règlements sur les crèches. « Elle a présidé une réunion sur les crèches. Puis elle est venue me voir pour me dire que ce n’était pas son travail, mais celui des fonctionnaires. » 

Arianne Navarre-Marie a alors exprimé ses attentes : « Je crois qu’un ministre est payé pour suivre tous les dossiers de A à Z. La population le paie pour ça. Donc je ne comprends pas qu’elle puisse dire qu’un dossier ne la concerne pas. » 

La ministre a ensuite ajouté ceci : « Depuis janvier, nous ne nous sommes pas rencontrées. Elle n’est pas venue me voir. Je suis ministre. Je suis redevable envers le Cabinet et le Parlement. Je suis bien chagrinée pour ceux qui n’arrivent pas à suivre le rythme. »

Réponse cinglante 

Dans une intervention sur Radio Plus lundi après-midi, Anishta Babooram a contesté les propos de sa ministre de tutelle : « Ce qu’elle a dit est inexact. Quand on confie un dossier à quelqu’un, c’est dans un registre. Cela fait plus de huit mois que je suis ministre déléguée et aucun dossier n’est arrivé sur ma table. Elle-même a confirmé qu’il y a une friction, car je n’ai mentionné son nom à aucun moment. Pourquoi se sent-elle visée ? Elle confirme tout. » 

En ce qui concerne les relations hiérarchique, elle a ajouté : « En tant que ministre, et donc plus senior, elle aurait dû appeler son junior pour parler. C’est la première chose qu’une ministre devrait faire. De quel rythme parle-t-elle lorsque je n’ai pas eu de dossier du tout ? Qu’elle me dise quel dossier m’a été confié et à quel moment. » 

Anishta Babooram a affirmé s’en remettre à Navin Ramgoolam tout en laissant une porte ouverte au dialogue. « J’ai essayé de faire passer le message au Premier ministre. J’attends sa réaction. Je suis ouverte au dialogue. Si je dois m’asseoir avec elle, je suis disposée à le faire. » 

Elle a également évoqué des tentatives de médiation antérieures : « Même Sheila Bappoo a essayé d'organiser une rencontre depuis assez longtemps, mais la ministre a toujours repoussé. Elle ne veut pas. »

La Junior Minister termine par un appel au sens des responsabilités : « Je suis élue par le peuple et je suis obligée de travailler pour le peuple. C’est le sens du devoir qui m’empêche de garder le silence. C’est injuste que quelqu’un m’empêche de travailler pour le peuple qui m’a élue. Je fais confiance au Premier ministre qui prendra la décision qu’il faut quand il faut. »

Roshan Jhummun : « Il ne faut pas que cette situation perdure »

Sujet d’actualité brûlant, le malaise au sein du ministère de l’Égalité des genres a été commenté dès le début de l’émission « Au Cœur de l’Info » (voir en page 4). Les deux invités, Nita Deerpalsing et le député Roshan Jhummun, ont partagé leur point de vue sur cette crise institutionnelle.

Roshan Jhummun a souligné la gravité de la situation, en insistant sur le fait que la ministre et son Junior Minister ne se parlent pas depuis janvier. « Il ne faut pas que cette situation perdure. Il faut mettre l’ego de côté, s’asseoir et discuter. Il est impératif de dépasser nos différences pour travailler dans l’intérêt de la population », a-t-il déclaré.

Pour Nita Deerpalsing, ce qui se passe est révélateur d’un problème systémique. « À la base, il y a un problème avec le poste de Junior Minister et avec le train de vie de l’État. Avoir 35 membres dans l’Exécutif est excessif. 25 ministres et 10 Junior Ministers pour une petite île comme Maurice, c’est trop », a-t-elle estimé.