Plusieurs zones de Port-Louis ont été touchées, dimanche dernier, par une montée des eaux soudaine provoquée par des averses. Plus généralement, les problèmes d’inondations sont récurrents dans les villes du pays. Une rencontre sur la question était organisée ce samedi par la Citizen Support Unit.
Le ministre des Services publics, Joe Lesjongard, et l’urbaniste Zaheer Allam, répondaient aux questions de la presse, ce samedi 19 mars au Riche-Terre Mall, à l’occasion d’une rencontre organisée par la Citizen Support Unit. Il s’agissait d’aborder les solutions envisageables pour remédier aux problèmes d’inondations qui se répètent dans les zones urbaines du pays.
Le dernier phénomène en date est la soudaine montée des eaux qui a affecté le centre de Port-Louis et plusieurs quartiers de la périphérie de la capitale, le dimanche 13 mars. La catastrophe a été provoquée par des averses aussi violentes que soudaines, qui ont fait déborder les rivières naturelles et les canaux.
Dès le lendemain, les autorités se sont livrées à un constat. Le mauvais entretien des drains et la construction de bâtiments dans le non-respect des règles font partie des causes identifiées. Des opérations de nettoyage des canaux d’évacuation des eaux et de démolition des structures illégales ont déjà débuté.
Un calendrier de maintenance des drains
Joe Lesjongard appelle les collectivités locales à jouer leur rôle. Elles doivent, dit-il, établir un calendrier pour la maintenance des drains afin d’éviter des situations catastrophiques liées aux pluies abondantes. Dans le cas précis des inondations à Vallée-des-Prêtres, « des gens ont construit au bord d’un cours d’eau naturel, ce qui l’a dévié et il est sorti de son lit. » Là encore, « les départements de planification des collectivités locales doivent être vigilants. » Le ministre invite également la population à prendre conscience des habitudes à changer.
Tenir compte du changement climatique
Zaheer Allam affirme qu’il est indispensable de prendre en considération le changement climatique en cours, car on sait que les phénomènes extrêmes seront de plus en plus fréquents. « C’est mondial. Regardez la situation à Sydney la semaine dernière », dit-il. À Maurice, poursuit l’urbaniste, les services météorologiques disposent d’outils prédictifs pour identifier les zones qui subiront de fortes pluies, « mais ces outils puisent dans des bases de données qui ne sont plus pertinentes dans un climat changeant. » « Nous devons donc renforcer la résilience des villes à plus grande échelle, ce qui nécessite d'énormes engagements financiers et demande du temps, malheureusement », indique-t-il.
En ce qui concerne le système de canalisation, il note qu’après des inondations, les gens ont tendance à penser que les gouvernements successifs ont été guidés par de mauvais idéaux de planification urbaine et que les drains ne sont pas aussi efficaces qu'ils devraient l’être. « Ce n’est pas toujours vrai. Nos villes ont une histoire qui s’étend sur plusieurs siècles et à leur création, l’île n’était pas confrontée à la même intensité de pluie », souligne le spécialiste.
Adapter nos politiques d’urbanisme
Zaheer Allam concède que « l’expansion de nos villes au fil du temps a favorisé une augmentation du ruissellement des eaux de surface ». Aujourd’hui, la situation risque de s’aggraver et nécessite d’adapter les politiques d’urbanisme en ayant une vision globale et à long terme. « Tout ce qu’il faut faire pour accroître la résilience des zones urbaines est extrêmement complexe, car nous touchons à différents domaines : le transport, le commerce, l’énergie, le logement, entre autres. La question n’est pas linéaire et les drains ne sont qu’une partie de la solution. Elle doit être abordée par l’ensemble des acteurs concernés dans le but de construire une cohésion pour l’avenir, et surtout une compréhension du fait que les villes sont des écosystèmes complexes qu’il nous faut façonner avec soin. »
Collaboration entre le public et le privé
Selon lui, nos villes peuvent relever ce défi à condition d’unir toutes leurs forces. « Cette approche doit également être prise en compte dans les développements privés. La ville accueille une multitude d’acteurs et la responsabilité est partagée » souligne-t-il. Zaheer Allam préconise ainsi une « collaboration entre le secteur public, le secteur privé et les communautés, qui sont essentielles pour défendre les projets locaux et assurer leur appropriation ».
Rome ne s’est pas faite en un jour, rappelle-t-il. « La régénération urbaine prendra du temps. Elle s’étendra bien au-delà d’un mandat politique et exigera de nouveaux processus de réflexion afin d’utiliser efficacement les ressources financières. »
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