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Post-cyclone Freddy : après le mauvais temps, l’éternel recommencement 

La montée des eaux dans le nord du pays, causée par le passage du cyclone tropical intense Freddy, a impressionné plus d’un. Les villages côtiers de l’Est ont subi pas mal de dégâts et, une fois de plus, ce sont les planteurs qui en font les frais. 

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À Vacoas

Dhiraj Ujodha : « Pas ress nanien dan caro »

Dhiraj Ujodha

Dhiraj Ujodha, planteur âgé de 78 ans, cultive des légumes en plein champ sur quatre arpents de terre à Mare-Longue. Le mardi 21 février, nous l’avons rencontré au marché de Vacoas où il écoulait sa dernière récolte de calebasses à Rs 50/60 l’unité. Ce sont des « rescapés » de son champ agricole qui a été inondé par les pluies du cyclone Freddy.   « Gramatin, monn al kass sa. Saem tou inn reste. Ankor, enn la vente apre fini », se désole-t-il. Le planteur confie avoir mis en terre des carottes et de la coriandre, mais toutes ont été détruites. « Aster la, pas ress nanien dan karo. Pou bisin fan medsinn nettoye, rebin later ek rekumans plante », dit-il. 

Selon lui, le temps joue un grand rôle dans le métier de planteur. « Letan zoue enn gran rol pou plantasyon », dit-il. Ainsi, tous les efforts faits pour cultiver la terre peuvent être anéantis à tout moment par Dame Nature. « Kan ena bo tan kapav seme ek okip ban plantes. Kan li pa bon, kapav perdi tou, nu pena choix. Saem nou metie. Depi 40 an, mo dan sa domenn la. Ki pou fer, nu bizin pran pasyans ek rekumanse sak fwa ki plantasyon detruir ek lasessress, lapli toransyel ou cyklon », poursuit le septuagénaire. Vu que la région de Mare-Longue a été copieusement arrosée, il devra attendre un peu avant de remettre les semences en terre. « Bisin atan inpe la, tantion ena enkor lapli. Si nu plante, la grin kapav ale brite », indique Dhiraj, qui va devoir tout recommencer dans son champ agricole  en fonction du temps.

Reshad Sakichand : « Bocou pou bisin rekoumence pou kapav gagn rekolte pli vit »

Reshad Sakhichand

Reshad Sakichand, marchand de légumes à Vacoas, est âgé d’une quarantaine d’années. Debout derrière son étal, il vend des poivrons, du piment et des margozes, entre autres. Il a acheté ces légumes qui proviennent d’anciennes récoltes lors de la vente à l’encan. « Pom damour inpe miser la. Enn kaiss premie choix pe van Rs 1 500 à Rs 2 000. Aster dans ceki ou aste, ena ine gagn bate. Ceki pe kapav fer la, ce met enn Rs 10 lors enn liv, pou gagn enn ti kass pou ki nou kav debriye pou ban prochain zour », confie-t-il. 

En ce moment, fait-il remarquer, les prix des légumes sont abordables, mais il doute que cette situation perdure la semaine prochaine. « Ban plantasyon ine gagne bate ek cyclon. La planter pou evalue dega. Bocou pou bisin rekoumence pou kapav gagn rekolte pli vit. Mo espere letan revin korek. Nou marsan nou pou bisin debrouye ek ceki nou gagne entretemps pou nou contine travay », indique-t-il.

Koshal Foolheea : « Ma récolte a été détruite qu'à 30 % à cause de ma culture en serre »

Koshal Foolheea

Dans sa serre à Camp Thorel, Koshal Foolheea cultive des tomates, puis vend ses récoltes au marché de Vacoas. Il indique avoir placé des ceintures sur les serres pour éviter que les plastiques qui les recouvrent ne s’envolent avec les rafales cycloniques. Malgré cela, la pluie a pénétré dans les serres et a affecté quelques plantes. « La culture en serre se fait dans des conditions spécifiques. Il n’y a pas eu de gros dégâts. La récolte a été détruite à 30 %, ainsi que les cocopeats  utilisés pour faire pousser les plantes. Heureusement, les plantes au milieu des serres ont pu être sauvées », dit-il. 

En raison des récentes conditions météorologiques, les plantes n’ont pas fleuri, ce qui signifie moins de pollinisation et par ricochet, peu de rapport. « Maintenant, je vais traiter les plantes et sauver les dernières récoltes. Ensuite, je vais tout nettoyer pendant un mois et commencer la culture des concombres et des poivrons. La récolte se fera dans quatre mois », indique Koshal. Dans le métier depuis 2013, le jeune homme soutient que  recommencer les cultures à chaque mauvais temps, est inévitable.

Fardeen Kareeman : « Pas eu de dégâts »

Fardeen Karreman

C’est au bord d’une rivière à Trianon que Fardeen Kareeman, âgé de 32 ans, cultive du cresson à grande échelle. Il se dit heureux que le cyclone Freddy n’ait pas affecté sa récolte. « Peu après les dernières pluies torrentielles, un tracteur avait été utilisé pour que l’eau puisse passer facilement. De plus, nous avons un mur qui a protégé nos cultures de bananes et les brèdes de la montée des eaux. Donc, il n’y a pas eu de dégâts », indique-t-il.

Lui qui fait ce métier depuis sept ans, a appris qu’il faut avoir la patience de tout recommencer lorsqu’il y a mauvais temps. « Nous ne pouvons pas lutter contre la nature. Nous pouvons juste nous adapter du mieux qu’on peut pour continuer à gagner notre vie », conclut-il.

Vijayanand Pandoo : « Mone perdi tout recolte kotomili et radis » 

Vijayanand Pandoo

Le champ agricole de Vijayanand Pandoo, à La Mairie, a été inondé et 50 % de ses récoltes ont été affectés suite au passage de Freddy. Il va maintenant attendre le beau temps pour évaluer les dégâts. Par la suite, il va tout nettoyer, biner la terre et mettre de nouvelles semences. « Dilo inn balie karo. Nou inn perdi tou rekolte kotomili ek radis. La bisin atan soleil guete ki kapav sove. Sinon bisin rass tou ek rekumans plante », affirme-t-il. 

Ce sont des mois d’efforts qui tombent à l’eau. Il faut prendre son mal en patience pour tout recommencer une fois encore. « Nous ne pouvons pas lutter contre la nature. Pour les planteurs, tout recommencer n’est pas nouveau », fait-il ressortir.

Rajen : « Prix la so »

Rajen

Le mardi 21 février, Rajen qui travaille à Vacoas, profite de sa pause déjeuner pour faire des courses au marché avec un ami. Que pense-t-il des prix de légumes après le passage du cyclone ? « Prix la so pou consommateur. Apre ser pas ser, nou bisin aste legim pou nou mange », répond-il. Selon lui, de nombreux consommateurs vont se plaindre des prix, mais il estime qu’il faut aussi penser aux planteurs qui  font des sacrifices pour assurer la sécurité alimentaire des Mauriciens. Il se dit conscient que les agriculteurs ont perdu une grand partie de leurs récoltes en raison du mauvais temps. « Nou bisin compran ki planter victim letan. Nou enn la senn saken depan lor zot kamarad. Si pas plante, marsan pas vender, nou pas pou kave manze. La vie ser oui mai nou bisin pran patiens », conclut-il avant de vaquer à ses occupations.


À Belle-Mare 

Bidwantee Nawosah : « Tou zefor ine tom dan dilo  »

Bidwantee Nawosah2

Bidwantee Nawosah, une habitante de Bon-Accueil de 69 ans se lève aux petites heures chaque matin pour prendre l’autobus et venir travailler dans son champ agricole. Il s’agit d’un terrain de 50 perches situé à Belle-Mare, qu’elle loue à bail avec l’État. Quand nous l’avons rencontré, elle s’occupait de ses plantes. Une bonne partie d’entre elles a été détruite par le cyclone Freddy, surtout  la coriandre et l’échalote. « Pima, voueme, zarico, brinzel, karot osi inn afekte. La bizin atan soley bate, sov ceki kapav ek apre rekumans plante », dit-elle. 

Depuis le passage du cyclone, elle passe un peu plus de temps que d’habitude dans son champ pour récolter les légumes qui peuvent être récoltés. Par la suite, elle va les envoyer à la vente à l’encan au marché de Flacq. Les profits vont lui permettre de racheter les intrants et les engrais pour commencer une autre culture de légumes et récolter au plus vite. « Li pas fasil kan ou pens tou ou zefor ine tom dan dilo ek move tan. Depi 45 an ki mo fer sa metye la ek monn habitye ar rekomanse sak fois. Mo oblige ossi parski bisin travay pou gagn kass ek pey lokasyon », confie Bidwantee. 

Elle explique qu’elle a fait la semence il y a trois mois. « Monn met ban legim ki rapporte dans deux mois. Inn fer enn premie rekolte aster inn gagn de kout dilo la pli torensyel ek cyclone. Problem la pa fini.

La ti kav gagn 50-100 liv voeme, mai tou plante in gagn bate », se désole-t-elle.  Bidwantee explique que là, il faut tout recommencer et que c’est encore des milliers de roupies qu’elle va devoir réinvestir pour relancer sa plantation. « Pandan de semenn bisin atan ek guete ki plante pou grille ek soleil. Apre bisin nettoye ek rebin la terre pou plante zoiyon. Depuis trois ans gagn problem ek plantasyon zoyon a koz ban maladi. Mo espere san fwa la pou korek », confie-t-elle.


À Petit-Sable 

Vishal Chuttun : « Pesser ek planter, mo doubleman affekte ek letan »

Vishal Chuttun 2

Sécheresse prolongée, pluies torrentielles, puis le cyclone Freddy, autant de circonstances qui ont aggravé les plantations de Vishal Chuttun, un habitant de Petit-Sable. « Lamer imprakticab pas kapav al la pess. Dilo inn rant dan karo pa kav plante. Mo bisin atan bo tan pou rekumans travay », dit-il. Le canal qui traverse son champ agricole a noyé ses plantations. 

Actuellement, il est en train d’essayer de sauver les plantes, même si  bon nombre d’entre elles vont griller au soleil dans les prochains jours. Il vend ses légumes aux marchands du coin. « Zordi kuma ena la houl dan la mer, pas kapav la pess. Mo pe profite pou netoye inpe mo karo. Bisin atan li sec apre rekumans plante lezot legim », explique Vishal. Ce dernier  soutient qu’une fois la mer calme et praticable, il reprendra le large pour aller pêcher. « Espere pas gagn encor la pli. Si pa kapav la pess, ni plant lerla mo bisin al fer maçon pou gagn mo la vie », conclut Vishal qui se dit habitué à tout recommencer après le mauvais temps.


À Trou-d’Eau-Douce 

Daniel René : « Bisin atan lamer kalme pou rekumans travay »

Daniel Rene Skipper

Skipper depuis 27 ans, Daniel René, un habitant de Trou-D’eau-Douce travaille sur un catamaran. Il explique qu’avant l’alerte de classe III, un collègue et lui ont navigué sur le catamaran jusqu’à  l’île aux Cerfs afin de le protéger des vents cycloniques et des grosses houles. « Nou in pas la nuit lor sa ek veye ki li pa endomage. Herezman pan gagn degat », dit-il. 

Comme il gagne sa vie en mer, il est aussi victime du mauvais temps. « Ti ena en de reservasyon, mai ine bisin anile akoz cyclone. La ena la gros lahoul dan la mer. Bisin atan li kalme inpe ek kuma lamer prakticab, kapav recommence travay », conclut le skipper qui a hâte de retrouver la mer.

Franco Michel : « Bon die beni nou gagn bon letan pli vit »

Franco Michel Pecheur

Pêcheur depuis l’âge de 14 ans, Franco Michel vit aussi à Trou-d’Eau-Douce. Assis sous l’ombre d’un badamier, il regardait les grosses houles qui déferlaient dans la mer après le passage du cyclone Freddy près de notre île. Comme la mer est impraticable, il ne peut pas travailler et attend les consignes de la météo dans les prochains jours. « Si la houle baisse, nou pou kapav al la pess. Sinon, nou pou bisin atan kuma nou habitie kan ena move letemps », indique-t-il. 

Dès qu’il pourra reprendre la mer, il va aller voir ses casiers. « Mo espere pena dega ek ki nou gagn inpe pwason pou vande. Sinon, nou pou dan dife ek nou pou bisin remete pou rekontinn gagn nou la vie », soutient le pêcheur âgé de 54 ans. Entretemps pour vivre, il se contente des allocations de l’État pour les pêcheurs en raison du mauvais temps. Il fabrique aussi un ou deux casiers pour les pêcheurs qui ne savent pas le faire, histoire de gagner un peu d’argent. « Bon die beni nou gagn bon letan pli vit », dit Franco Michel.


À Quatre-Sœurs 

Andy : « Kuma legim fini dan karo, bisin rekumans plante » 

ANDY

Le mardi 21 février, Andy qui habite le village de Quatre-Sœurs, s’adonnait à une partie de pêche près de la plage. Le regard rivé sur l’horizon, tout en contemplant le déferlement des grosses houles dans le lagon, il patiente pour attraper un poisson. « Pou gagn pwason la ? », nous lui demandons. Il répond, tout en éclatant de rire : « Pas kone. Nou atan nou guete ». 

Andy explique qu’après être resté à la maison en raison du cyclone Freddy, il est content de pouvoir reprendre ses parties de pêche comme tous les après-midis. Nous apprenons qu’il s’occupe aussi d’un champ agricole sur un arpent de terrain appartenant à sa famille. « Gro dega dan karo ? », nous lui demandons. « Non, pa vraiman. Enkor ena inpe legim la ki nou kapav ankor met en vente dans bazar flacq. Mai, kuma fini, bisin kumans plante lezot pou gagn rekolte pli vite », soutient Andy, qui travaille dans le domaine de la construction.

 

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