C’est le 30 décembre 1920, qu’elle a vu le jour à Quatre Bornes. Et c’est toujours dans la ville des fleurs que Lilowtee Dayal a fêté ses 100 ans. Elle y coule des jours heureux en compagnie de son fils cadet Nundkumar, 64 ans, et sa belle-fille, Meeta, avec qui elle s’entend très bien. Pourtant, la vie ne lui a pas fait de cadeaux. Veuve à 42 ans, elle a dû se battre pour élever ses sept enfants.
À 100 ans, Lilowtee Dayal, cette femme-courage, nous révèle le secret de sa longévité. Elle vit dans la simplicité entourée de sa famille, à Quatre-Bornes. Ayant vécu dans la pauvreté, aujourd’hui Dadi Phoulo, comme le prénomme affectueusement son entourage, choisit encore et toujours la simplicité.
Sa vie, sa bataille
Faute de moyens financiers, elle n’a jamais eu la chance de fréquenter l’école. Mais en tant que benjamine de la fratrie, elle était très gâtée par ses parents et n’a jamais eu le besoin de travailler. Après son mariage à 19 ans, elle déménage à Dagotière avec son époux. De cette union, naîtront quatre filles et trois garçons. Au bout de cinq ans, le couple déménage à nouveau pour s’installer à Quatre-Bornes et tous deux commencent à travailler en tant que laboureur, à Palmiers Médine.
Le début d'un dur combat pour cette femme-courage qui n’a jamais travailler de sa vie et qui pourtant est très appliquée et disciplinée. « Nous nous réveillions à 4 heures du matin mon mari et moi afin d’être prêts à monter sur le camion qui venait nous récupérer à 5 heures pour aller dans les champs. Je n’avais jamais travaillé de ma vie, mais j’étais une femme disciplinée. Quand je commençais à travailler, je ne m’arrêtais plus. J’engueulais même ceux qui s’arrêtaient pour faire des bavardages », relate-t-elle en rigolant.
Sourire à la vie, malgré les épreuves
Sous son air un peu sévère, ce petit bout de femme est plutôt sympathique et très attachante. Même ses enfants gardent le souvenir d’une femme disciplinée, quelque peu sévère, mais aimante par-dessus tout. Après le décès de son mari, Lilowtee Dayal a dû élever seule ses enfants. À 42 ans, elle avait sous sa charge cinq enfants à nourrir. Cependant, elle n’a jamais perdu courage. Malgré les mauvaises circonstances souvent difficiles de la vie, elle a souri à la vie.
Pour faire bouillir la marmite, Lilowtee Dayal a continué à travailler dans les champs en emmenant ses aînées avec elle. « Les temps étaient durs et nous n’avions pas le choix. Personnellement, j’ai étudié uniquement jusqu’à la Forme 4, car l’école coûtait une fortune », explique son fils Nundkumar. «Nous sommes donc partis travailler avec maman et nous avions une rémunération de Rs 2.50 par jour. Certains jours, on dînait simplement d’un riz accompagné d’un bouillon à base d’oignons, de piments et d’eau de riz pour ne pas dormir le ventre vide. Mais maman a toujours été une femme très dévouée dans tout ce qu’elle fait. Elle ne s’est jamais absentée du travail, même lorsqu’elle était malade. À 80 ans, lorsqu’elle partait travailler, elle se réveillait à 4 heures et préparait elle-même son garde-manger », raconte avec nostalgie Nundkumar. Elle a consacré sa vie au métier de la terre. Si bien que la terre est devenue son élément. Même si elle a pris sa retraite des champs de Palmiers Médine à 60 ans, elle a continué à travailler comme planteur jusqu’à ses 80 ans avec des particuliers. Malgré ses 100 ans, aujourd’hui encore elle s’empresse d’arracher les herbes sauvages qui poussent dans sa cour. Ce qui choque bien évidemment son entourage.
Transmettre la culture
Durant toute sa vie, Lilowtee Dayal est constamment en mouvement. En effet, même après avoir pris sa retraite à 80 ans, Lilowtee refusait de rester à ne rien faire à la maison. Pour s’occuper, elle poursuivait sa passion pour le chant et la danse tout en gardant vivant la langue bhojpuri à travers le Geet Gawai.
La centenaire a également contribué à transmettre le savoir-faire de la cuisine mauricienne, en compagnie de ses amies, chaque vendredi à l’hôtel La Pirogue. « Elle faisait des démonstrations aux touristes sur la manière que les coolies [porteur en Extrême-Orient] utilisaient les ustensiles de la cuisine d’antan, comme l’ukri-misal [mortier et pilon] et le jhanta (pour écraser les graines sèches, surtout le dholl). Elle avait à cœur de partager cette riche tradition avec les autres », exprime son fils Nundkumar.
Des jours heureux
À 100 ans, Lilowtee est toujours très active. La centenaire attribue sa bonne santé à la grâce de Dieu qui découle sur elle. Son médecin avait même prédit qu’elle vivrait jusqu'à 100 ans en raison de son mode de vie sain. D’ailleurs, elle visite très rarement les hôpitaux. Jusqu'à ses 90 ans, elle était capable de prendre le bus et de voyager seule. Sa petite-fille partage une anecdote rigolote de son enfance. « Dadi nous amenait souvent à la prière ou faire des promenades à travers l’île. Malgré son âge, elle marchait plus vite que nous. Nous avions du mal à maintenir sa cadence », se remémore-t-elle avec sourire. En effet, pour garder la forme, chaque jour Lilowtee faisait beaucoup de marche. « Elle aime faire de la marche et profiter du soleil. Et quand il pleut, elle s’inquiète de ne pas pouvoir faire sa marche quotidienne », partage sa belle-fille Meeta. Jusqu’aujourd’hui Lilowtee est très indépendante, seule elle peut accomplir en grande partie ses tâches, raconte son entourage. Elle est très particulière par rapport à ses habitudes. « Elle insiste absolument à faire bouillir son thé elle-même chaque matin, car elle n’aime pas qu’on y rajoute du sucre. Elle beurre légèrement son pain. De plus, elle fait toujours sa vaisselle après avoir pris son repas. Elle déteste qu’on la fasse à sa place », renchérit sa belle-fille.
Être entourée de sa famille, une bénédiction
C’est un privilège pour la centenaire de pouvoir vivre jusqu’à cet âge et de voir ses enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants et arrière-arrière-petits-enfants. Lilowtee se réjouit de pouvoir profiter de vieillir aux côtés de ses 5 enfants, 30 petits-enfants et voir grandir sous ses yeux ses 40 arrière-petits-enfants et 11 arrière-arrière-petits-enfants. Plaisir partagé par Nundkumar et Meeta qui partagent le même toit que Lilowtee. « Je connais maman pendant 43 ans, c’est un bonheur pour nous tous d’habiter ensemble. Elle a eu un parcours de combattant, toute sa vie elle s’est dévouée à ses enfants et à son travail. C’est un bonheur de la voir heureuse et en bonne santé. Maintenant, c’est à notre tour de la gâter », conclut sa belle-fille avec sourire.
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