Le père Philippe Goupille a marqué la vie de ceux qu’il a côtoyés. Certains en font état dans son livre « La joie d’être prêtre », qui a été publié dans le cadre du 50e anniversaire de son sacerdoce, célébré le dimanche 12 août. Il y révèle en toute simplicité l’homme qu’il est.
« Je n’ai jamais regretté ce choix. En tant que prêtre, j’ai été amené à rencontrer des personnes de toutes les cultures et communautés et de toutes les religions »
Lauréat du collège du Saint-Esprit (Higher School Certificate 1959), le père Philippe Goupille avait la possibilité de faire carrière en tant qu’avocat ou médecin. Il s’est d’ailleurs donné corps et âme pour obtenir la bourse d’Angleterre, car ses parents n’avaient pas les moyens de lui payer ses études.
Mais au lieu d’aller vers des études universitaires, il s’est laissé guider par une voix intérieure qui l’a plutôt orienté vers un autre choix de vie : la prêtrise. Ce, au grand dam de son entourage, qui fondait de grands espoirs sur lui. « Pourquoi se faire prêtre quand on est lauréat ? » lui ont fait remarquer de nombreuses personnes. Une copine a même eu l’outrecuidance de lui lancer : « C’est un gaspillage. »
Interpellé par une parole d’évangile qui raconte qu’un jeune homme est reparti tout triste, après avoir refusé de répondre à l’appel de Jésus qui lui avait demandé de le suivre, le jeune Philippe Goupille a choisi, lui, de se laisser guider. La voix qui l’orientait sur le chemin de la prêtrise était plus forte. Il sentait dans son for intérieur qu’il trouverait la joie dans cette voie.
50 ans après, il reste fidèle à cet appel. Il éprouve un grand bonheur d’avoir fait ce choix, d’où le titre de son autobiographie : La joie d’être prêtre. Ce qui fait de lui un homme de grande conviction.
« Je n’ai jamais regretté ce choix. En tant que prêtre, j’ai été amené à rencontrer des personnes de toutes les cultures et communautés et de toutes les religions. C’est une grande ouverture que la vie de prêtre m’a donnée et j’en suis profondément heureux. »
Et comme tout être humain, bien que confronté à des moments de tristesse ou de découragement qui poussent certains à se renfermer et à s’analyser, il fait remarquer qu’il est « obligé » de sortir de chez lui pour rencontrer les fidèles de sa paroisse. Ce qui lui apporte un certain réconfort. « Le fait de partager avec les autres et de leur donner un peu de joie me remplit de joie aussi. »
Curé de la paroisse Notre-Dame-de-La-Salette, Grand-Baie, le père Philippe Goupille est aussi président du Conseil des religions (CdR). À ce titre, il milite pour le mauriciannisme qui, malheureusement, prend du temps à se cimenter, selon lui.
« Après 50 ans d’Indépendance, je regrette que nous soyons encore dans les cloisonnements. Nous n’arrivons pas à nous reconnaître Mauriciens, sauf à l’étranger. Quand on retourne à Maurice, on redevient membre d’une communauté avant d’être Mauricien. »
D’où l’idée d’un cours pour bâtir la citoyenneté mauricienne. Pour lui, cela doit commencer dès le plus jeune âge, afin d’inculquer aux enfants l’amour de la patrie. Philippe Goupille souligne que le CdR a initié des cours sur l’interreligieux à l’université de Maurice dans la même optique.
La joie d’être prêtre est le récit d’un homme qui raconte en toute simplicité son parcours. Il fait découvrir que Dieu appelle des personnes ordinaires pour en faire des êtres extraordinaires. « De nombreuses personnes m’ont invité à témoigner de mon vécu en tant que prêtre, afin d’aider les jeunes à réaliser qu’il y a un chemin de bonheur dans la prêtrise et le service du diocèse. » Il emboîte ainsi le pas de son ami, feu le père Robert Jauffret, qui avait écrit L’Audace de dire. « J’ai trouvé une sorte de courage pour dire en toute simplicité ce qu’a été ma vie aussi clairement que possible », explique-t-il.
L’ouvrage autobiographique La joie d’être prêtre est disponible dans les paroisses à Rs 200 l’exemplaire.
Disparité
Engagé dans plusieurs actions sociales et caritatives à différents moments de sa vie de prêtre, Philippe Goupille considère que l’un des grands problèmes du pays, c’est la disparité entre les riches et les pauvres. « Tant qu’il y aura un fossé entre les riches et les pauvres, nous aurons tout le temps des tensions sociales », fait-il ressortir. Il considère qu’une des priorités des autorités devrait être d’essayer de réduire l’écart entre les riches et les pauvres. Il reconnaît que beaucoup est fait dans le domaine de la santé, par exemple. Mais pour lui, il y a encore beaucoup à faire pour que chacun ait sa maison et sa tranquillité.
Anecdotes
Le début de mission de Philippe Goupille en tant que prêtre n’a pas été de tout repos. Affecté dans un premier temps à la paroisse Immaculée-Conception, à Port-Louis, juste après les émeutes raciales de 1968, il a eu la chance d’avoir le père Henri Souchon comme mentor.
« Il y avait beaucoup de tensions entre les communautés musulmanes et chrétiennes. Le père Souchon m’a fortement encouragé d’ouvrir le dialogue avec les musulmans », dit-il.
Ce qui l’a marqué durant cette période, c’est quand un imam a été invité à prêcher à l’église Immaculée-Conception. « J’ai compris ce jour-là que la joie se trouve dans le dialogue et non dans l’enfermement et la violence », ajoute-t-il. Cela bien qu’il y avait comme un frisson et une peur dans l’assistance. Mais pour le père Goupille, cela a été « un moment fort ».
Un moment qui a marqué la vie du prêtre, c’est la béatification du père Laval, qui lui a permis de rencontrer le pape Jean-Paul II pour la première fois. Il travaillait alors avec Mgr Jean Margéot et était à Rome pour faire un reportage pour la MBC, alors sous la férule de feu Jean-Roland Delaître.
À Rome pour l’élévation de Mgr Jean Margéot au cardinalat, le père Goupille a été impressionné par sa réaction. À la veille de la cérémonie, l’évêque avait perdu sa sœur dans un accident de la route. En allant à l’hôpital, il s’est agenouillé pour prier. Puis, il a dit au père Goupille qu’il allait continuer ce qui avait été prévu pour son cardinalat. « C’était bouleversant. J’ai compris qu’il y avait une espérance dans la mort et la résurrection de Jésus. Et cela m’a conforté dans ma foi », dit-il.
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