La compagnie nationale d’aviation ne peut continuer à fonctionner dans sa présente forme. Avec les fluctuations du prix du carburant, le renouvellement de la flotte et la compétition, un nouveau dynamisme structurel est requis. Face à la presse, le jeudi 14 février, la direction de MK a fait le point sur sa performance financière.
Publicité
«Il est temps de chercher des alternatives. Le présent modèle d’affaires n’est plus viable. » Ces propos d’Arjoon Suddhoo, président du conseil d’administration d’Air Mauritius, reflètent l’urgence d’actions concrètes et durables pour que la compagnie d’aviation nationale puisse assurer sa pérennité. Un pas important a été effectué avec la nomination d’experts – Centre for Asia Pacific Aviation et la firme PricewaterhouseCoopers. Ils soumettront leurs recommandations au cours du mois d’avril, a indiqué Somas Appavou, Chief Executive Officer de MK.
L’annonce d’un nouveau modèle économique d’Air Mauritius a coïncidé avec la publication des résultats pour les neuf premiers mois de l’année fiscale 2018/2019. La compagnie a encouru des pertes de Rs 998,2 millions pour la période d’avril à décembre contre des profits de Rs 400,6 millions à pareille époque en 2017/2018 (voir tableau). Les pertes se sont accumulées au fil des trimestres, incluant la haute saison (octobre à décembre), période durant laquelle les opérateurs des voyages et du tourisme à Maurice engrangent le maximum de profits.
Qui dit nouveau modèle économique dit une refonte structurelle d’Air Mauritius, soit une révision complète dans le mode opératoire qui a contribué à l’émergence de la compagnie dans la région avec un rayonnement allant de Londres à Shanghaï. Ce modèle pourrait toucher les dessertes régionales et long courrier : réduire ou éliminer des vols qui ne rapportent plus, augmenter vers des marchés plus porteurs ou même asseoir une autorité dans les îles en tant que plateforme pour les destinations éloignées comme Paris et Londres.
Qui plus est, une nouvelle structure devrait tenir compte du renouvellement de la flotte, un exercice dans lequel Air Mauritius s’est engagé avec l’acquisition d’Airbus A350-900 et A330-900neo plus efficace en consommation énergétique. Pour l’année calendaire, la compagnie aura quatre nouveaux avions (deux A330-900neo en mars/avril et deux A350-900 en octobre/novembre).
Quand la concurrence étouffe MK
En période de pointe – la haute saison – au lieu de voir sa part de marché accroître, c’est le contraire qui se produit.
Ainsi, les compagnies d’aviation internationales, dont celles desservant la destination mauricienne seulement pendant cette période, se taillent 63 % du marché contre 37 % pour Air Mauritius. Quand vient la basse saison, la part de MK passe à 44 %. La question concerne aussi la capacité en sièges vers Maurice. Alors que le nombre des arrivées touristiques progresse d’année en année, ce sont les compagnies étrangères qui ont mis plus de sièges à la disposition des visiteurs.
De 2015/2016, la capacité de la concurrence est passée de 2,2 millions à quelque 2,9 millions en 2018/2019. Celle d’Air Mauritius est sortie de 1,74 million pour atteindre environ 2 millions.
Tableau comparatif des chiffres-clés
| 2018 | 2017 | |
|---|---|---|
| Revenus | Rs 15,55 milliards | Rs 15,60 milliards |
| Dépenses opérationnelles | Rs 15,89 milliards | Rs 13,95 milliards |
| Carburants | Rs 4,96 milliards | Rs 3,94 milliards) |
| Salaires | Rs 1 milliard | Rs 964,3 millions |
| Profits / (pertes) | (Rs 998,2 millions) | Rs 400,6 millions |
Résumant la performance d’Air Mauritius, Somas Appavou, son CEO a expliqué : « L’année dernière, le prix du carburant a été de USD 54 dollars le baril. Aujourd’hui, en moyenne, il est à USD 74 le baril. Donc, il y a là un élément très simple à expliquer et ce sont 28 millions d’euros. (…) Nous modernisons notre flotte, un investissement que la compagnie doit faire, justement pour réduire la consommation de fioul et avoir un profit qui est aussi égal à ce que la compétition met sur le marché. Il est clair et net qu’aujourd’hui, le carburant, la volatilité du taux de change, jouent en défaveur d’Air Mauritius. »
Note : ces montants couvrent les neuf premiers mois de l’année fiscale d’Air Mauritius (avril à décembre 2018). Les sommes ont été converties en roupies des chiffres libellés en euros (devise utilisé par Air Mauritius dans ses comptes officiels) et absorbent les fluctuations de taux de change.
Awadh Balluck : «Je regrette l’époque d’André Viljoen»
Awadh Balluck, président de l’association des petits actionnaires, intervenant dans l’émission Au coeur de l’info, parle de bilan catastrophique lié à une gestion maladroite. « Mauvaise gestion, mauvais management et intervention de personnes qui n’ont rien à voir avec la compagnie. » Ce sont les raisons de la perte selon lui. Il souhaite qu’il y ait un changement de conseil d’administration, cesser avec les nominations politiques et placer des personnes qualifiées à la tête de la compagnie. « Je regrette le temps d’André Viljoen », dit-il.
Évolution de l’action Air Mauritius à la Bourse
Ce graphique représente le cours sur cinq ans. Durant cette période, le titre MK a atteint son niveau le plus élevé le 5 juin 2014, passant à Rs 18,20. Le niveau le plus bas a été de Rs 10 l’unité, le 17 septembre 2015. La moyenne pour ces cinq ans a été de Rs 13,91. Lors de la séance du jeudi 14 février, le prix est resté inchangé à Rs 11, selon les données boursières disponibles.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !
