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Pénurie de semences, sécheresse et insuffisance de main-d’œuvre : la menace d’une pénurie de légumes à partir de janvier 2022 plane

Maurice dépend à 70 % de l’importation pour ses besoins alimentaires.

Pour les observateurs du monde agricole, Maurice doit se lancer dans un vaste programme pour prévenir des problèmes d’ordre alimentaire à la suite des séquelles de la pandémie de Covid-19 sur l’économie mondiale. 

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Certains signes ne trompent pas. Et si les autorités concernées n’y prennent garde, Maurice pourrait faire face à une pénurie de certains légumes dans les mois à venir et notamment à partir de janvier 2022, prévient Kreepalloo Sunghoon, secrétaire de la Small Planters Association. « En tant que patriotes, nous n’avons pas le droit d’agir comme si de rien n’était. » soutient-il. 

Plusieurs facteurs expliqueraient cette situation. Il cite, entre autres, le manque de certaines semences, des problèmes au niveau de l’irrigation qui s’accentuent durant la période sèche, le vieillissement de la main-d’œuvre, de même qu’une diminution graduelle des terres agricoles au profit des projets immobiliers. Sans compter une importante hausse des prix des intrants, dont les fertilisants et pesticides « Face à cette situation, plusieurs planteurs ont diminué leur production », souligne Kreepalloo Sunghoon.

Devant la menace d’une pénurie éventuelle de légumes, il souhaite que le pays produise ses propres semences. Déplorant le fait que Maurice dépend trop de l’importation des semences. « Quelque 500 planteurs ont été formés à la production des semences et sont capables d’en produire de qualité », rappelle-t-il. 

Dans la foulée, Kreepalloo Sunghoon insiste sur l’importance d’une dissémination des informations essentielles aux planteurs. « Par exemple, il faut qu’ils soient renseignés sur la production des légumes à travers le pays afin qu’ils sachent ce qu’ils doivent produire pour éviter un excédent d’un même légume sur le marché », fait-il remarquer. 

Mise sur pied d‘une plateforme nationale

Car un tel surplus provoque une chute importante des prix et une grosse perte financière pour les planteurs. « Plusieurs d’entre eux n’ont même pas recouvré leurs investissements sur les pommes d’amour. » dit-il. 

Il suggère, d’autre part, que l’industrie sucrière soit davantage encouragée à se lancer massivement dans la plantation de pommes de terre, oignons et maïs, entre autres. « Techniquement, les petits planteurs sont dans l’impossibilité d’augmenter leur production. »

Mais plus encore, le secrétaire de la Small Planters Association plaide en faveur de la mise sur pied d’une plateforme nationale, regroupant le gouvernement, le secteur privé, des représentants des planteurs et autres compétences. Celle-ci, explique-t-il, aurait pour tâche de procéder à une évaluation en profondeur du secteur agricole et faire des recommandations afin d’éviter une pénurie de légumes sur les moyen et long termes à la suite des séquelles de la pandémie. 

De son côté, Éric Mangar, directeur du Mouvement pour l’Autosuffisance Alimentaire, craint que si la pandémie perdure sur le plan mondial, Maurice, qui dépend à 70 % de l’importation pour ses besoins alimentaires, soit confronté à une grave crise dans les mois à venir. Il a surtout des appréhensions pour le secteur de l’élevage, car le pays dépend grandement de l’Argentine pour son approvisionnement en maïs pour la nourriture animale. 

Hausse du prix du poulet

« Déjà avec la hausse du fret, les prix des aliments ont augmenté en quatre occasions. » Éric Mangar parle de la possibilité de nouvelles hausses du prix du poulet dans les mois à venir, ce qui affectera surtout les petites bourses. 

Le poisson, avance-t-il, pourrait être une alternative au poulet. « À cet effet, j’ai envoyé une correspondance, au début de cette semaine, au ministère de la Pêche pour lui demander d’investir davantage dans les bateaux semi-industriels pour mieux approvisionner le pays en poissons. » 

Parallèlement, il souhaite que les coopératives de pêche aient plus de facilités pour écouler leurs produits sur le marché. Il compte aussi écrire au ministère de l’Agro-industrie pour plaider pour plus de soutien aux éleveurs et planteurs. 

« Si nous avons des facilités de stockage et au niveau du marketing, les Mauriciens auront la possibilité d’avoir du poisson à moins de Rs 100 le demi-kilo », affirme, de son côté, le président du Syndicat des pêcheurs, Judex Rampaul.

Les plantations désertées

Évoquant le manque de main-d’œuvre, Anil, qui possède une plantation d’une dizaine d’arpents, se plaint que sur sa dizaine d’employés, seuls trois répondent présent. « Par peur du variant Delta, les autres ont cessé de travailler. Ils préfèrent rester à la maison et vivre de leur pension de vieillesse », déplore-t-il. Quant aux jeunes, poursuit le planteur, ils ne montreraient guère d’intérêt pour le mode de production de légumes traditionnelle. 

 

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