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Omeshwaree Diksha Ramdin : l’art au service d’une éducation sexuelle décomplexée  

Diksha Ramdin a décroché une bourse pour faire sa maîtrise en Inde. À l’aide des mudras, elle explique certaines parties du corps.
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« Basic Sutra », un projet élaboré par Omeshwaree Diksha Ramdin, a été primé « Meilleur Projet de l’année 2025 » à Kerala, en Inde. Il a aussi été salué par les acteurs des industries cinématographique et créative. Par le biais de l’art et du design, la Mauricienne a abordé l’importance de l’éducation sexuelle pour tous. 

Le 8 mars dernier, une Mauricienne a marqué les esprits à Kochi, à Kerala, en Inde. Il s’agit d’Omeshwaree Ramdin, plus connue comme Diksha. Âgée de 26 ans, elle a présenté une exposition percutante intitulée « Basic Sutra », axée sur un thème encore trop souvent tabou : l’éducation sexuelle. 

Cette exposition n’est pas le fruit du hasard. La jeune femme originaire de Montagne-Longue indique que ce projet découle de sa thèse préparée pour sa maîtrise en Graphic Design. Elle sera bientôt diplômée de Sacred Heart College (Autonomous), l’une des 15 meilleures universités d’Inde. 

Son stand lors de l’exposition du 8 mars à Kerala, en Inde.
Son stand lors de l’exposition du 8 mars à Kerala, en Inde. 

À travers des affiches, des brochures éducatives, des livrets anatomiques créatifs et un jeu de cartes interactif destiné aux adolescents, « Basic Sutra » aborde les questions de sexualité, de consentement, de plaisir féminin et masculin, mais aussi de prévention et de respect. « Je voulais aborder ce sujet de manière sensible et culturelle, sans heurter. L’art et le design sont des outils puissants pour parler autrement de ce qui dérange », explique-t-elle. « Basic Sutra » a su marier pédagogie et esthétique, tout en s’appuyant sur des références culturelles locales comme les mudras (gestes symboliques issus de la danse classique indienne) pour expliquer de façon accessible les différentes dimensions de la sexualité humaine. Son projet a été récompensé comme « Best Project of the Year 2025 ». 

Son stand, lors de l’exposition, a attiré de nombreux visiteurs, y compris des représentants de l’industrie cinématographique et des agences de l’industrie créative notamment Aesthetic Kunjamma. Cette agence de design est plébiscitée pour ses affiches des films issues du cinéma du Sud de l’Inde. « Je ne m’y attendais pas », confie-t-elle. Elle a aussi reçu des offres d’emploi. 

Pour Diksha Ramdin, cette reconnaissance est avant tout une preuve qu’on peut éveiller les consciences sans vulgarité. « J’ai voulu montrer que l’éducation sexuelle, ce n’est pas seulement biologique, c’est aussi émotionnel, culturel et social », fait-elle ressortir. 

« Basic Sutra » repose sur une approche globale de l’éducation sexuelle, mêlant études qualitatives et quantitatives. La Mauricienne a mené des enquêtes auprès de 60 hommes et femmes, mais aussi de professionnels de santé, psychologue et life coache. Elle a recueilli des témoignages bruts, révélateurs des tabous persistants et des inégalités de perception entre hommes et femmes. 

« Beaucoup de femmes disent que leurs besoins sont négligés, tandis que certains hommes évoquent la fatigue ou le stress comme obstacles à l’intimité », explique-t-elle. Pour elle, l’éducation sexuelle ne se résume pas à l’anatomie, mais englobe aussi les émotions, le consentement et la communication. 

Un calendrier illustrant la vie intime.
Un calendrier illustrant la vie intime.

À travers ses créations – calendriers illustrant la vie intime des couples, brochures sur le « bon » et le « mauvais » toucher inspirées des arts folkloriques et martiaux –, elle souhaite briser les mythes, encourager le dialogue et informer sans heurter. Elle est convaincue que le design doit avant tout être utile. « Le sexe ne doit pas être un sujet honteux. Il faut en parler sainement, avec respect, pour éduquer, prévenir et protéger. » 

Passionnée d’art depuis l’enfance, elle se souvient de ses premiers dessins à l’âge de six ans… déjà soucieuse du détail et de l’équilibre. Après son Higher School Certificate avec l’art comme matière principale, elle a poursuivi ses études au Mahatma Gandhi Institute. Elle a obtenu un Bachelor en Advertising and Visual Communication en 2021. Elle a développé une approche du design tournée vers l’impact social. Elle a travaillé quelque temps pour acquérir de l’expérience. 

En 2023, elle a tenté sa chance pour décrocher une bourse de l’Indian Council for Cultural Relations (ICCR). Contre toute attente, elle est sélectionnée. « Quand j’ai été acceptée, j’ai décidé de tout donner. Quand un pays investit en vous, vous vous devez de vous surpasser. Étudier en Inde est très exigeant. Il faut être solide mentalement. Il y avait la barrière de la langue – le malayalam – et un niveau de compétition élevé. Mais cela m’a appris à persévérer et à trouver des solutions », dit Diksha Ramdin. 

Aujourd’hui diplômée, elle envisage de revenir à Maurice pour contribuer à la société à travers ses compétences. « Nous avons une très bonne base éducative à Maurice. Mon parcours ici m’a préparée à affronter les défis là-bas. Je veux maintenant appliquer tout ce que j’ai appris pour améliorer la vie des gens », affirme la jeune femme. Avec « Basic Sutra », Diksha Ramdin a montré que transformer l’art en un véritable levier de changement social. 

 

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