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Nouvelle réalité - intelligence artificielle : la vague révolutionnaire que Maurice doit prendre

Le monde du travail ne reste pas insensible à l’émergence de l’intelligence artificielle.
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L’intelligence artificielle est appelée à révolutionner le monde du travail. Pour ne pas être pris de court, les professionnels du domaine de l’intelligence artificielle préconisent une réflexion approfondie autour de cette thématique.

Shateeaum Sewpaul, fondateur  et CEO d’Excelerate Consulting.
Shateeaum Sewpaul, fondateur et CEO d’Excelerate Consulting. 

ChatGPT, OpenAI, Bard… Ces trois termes, pour ne citer qu’eux, étaient encore inexistants, il y a quelques années, ou méconnus dans un passé pas trop lointain. Mais ils entrent graduellement dans les mœurs dans le milieu professionnel. Ce sont des types d’intelligence artificielle générative. Celle-ci, selon une définition proposée par Business & Decision, « se concentre sur la création de modèles et d’algorithmes capables de générer des données, des images, des textes ou des sons de manière autonome ». 

L’intelligence artificielle (IA) semble donc bien partie pour bousculer notre quotidien dans le monde du travail. D’ailleurs, une étude publiée par Goldman Sachs en mars dernier prévoit que 300 millions d’emplois pourraient être impactés par l’IA. Selon le Forum économique mondial, l’IA est considérée comme l’un des principaux moteurs de la quatrième révolution industrielle. 

Imteeaz Rajabalee, CEO d’iFox Code.
Imteeaz Rajabalee, CEO d’iFox Code.

Le sujet de l’intelligence artificielle a également atteint les côtes mauriciennes. Selon Shateeaum Sewpaul, fondateur et Chief Executive Officer (CEO) d’Excelerate Consulting, le changement engendré par l’IA dans le monde du travail à Maurice est évolutif. « L’IA n’est plus un mythe à Maurice. Elle fait partie de la réalité des gens. Il y a un certain niveau d’adoption assez élémentaire. Mais cela n’a pas encore atteint le niveau de sophistication possible », argue-t-il. 

Pour l’heure, l’adoption de l’IA en entreprise à Maurice se traduit par l’automatisation des processus, voire le contrôle des tâches répétitives. Shateeaum Sewpaul constate qu’elle est présente dans les secteurs de la finance, la grande distribution, le manufacturier et la santé.  

Productivité 

L’économie mauricienne se remet des répercussions de la pandémie. Elle a enregistré une croissance de 8,8 % l’année dernière. Les autorités tablent sur une progression économique supérieure à 5 % en 2023. Un des ingrédients contribuant à cet objectif pourrait être la productivité. Les derniers chiffres de Statistics Mauritius indiquent que l’indice de productivité du travail a augmenté de 2 % par an sur les dix dernières années, passant de 86,7 points en 2012 à 105,4 points en 2022. 

Dhanesswurnath Thakoor, Chief Executive  de la Financial Services Commission.
Dhanesswurnath Thakoor, Chief Executive de la Financial Services Commission.

Pour Imteeaz Rajabalee, CEO d’iFox Code, l’IA peut être bénéfique à la productivité non seulement du point de vue financier pour les entreprises mais aussi en termes de temps. Shateeaum Sewpaul fait remarquer que c’est la raison pour laquelle plusieurs entreprises redéfinissent leur modèle d’opération. Dans certains secteurs à l’instar du secteur financier, les analyses sont omniprésentes et l’IA a un rôle important. 

Dhanesswurnath Thakoor, Chief Executive de la Financial Services Commission (FSC), explique que les décisions sont basées sur des analyses au sein du secteur. « Les algorithmes fiables facilitent le travail. Cela permet un gain de temps et enlève l’erreur humaine. Le ‘deep learning’ qui utilise différentes méthodes d’identification est, par exemple, bénéfique à l’exercice de ‘Know your client’ ou au ‘Remote-Based Onboarding’ », avance-t-il. 

Tenant compte des avantages qui découlent de l’IA, Vidia Mooneegan, Managing Director de Ceridian, est d’avis que son adoption à Maurice n’est plus qu’une question de mois et non d’années. D’ailleurs, au vu de l’émergence de ce phénomène à travers le monde, il insiste sur la nécessité de ne pas rater la vague de l’IA. 

« Les conseils d’administration doivent prendre ce sujet au sérieux. Il est assez évident que certaines parties de production peuvent être automatisées. Plusieurs secteurs sont confrontés à une problématique de main-d’œuvre. Il faudrait une réflexion approfondie sur cette thématique et une feuille de route pour le développement des compétences », argumente-t-il. 

Compétence

L’adaptabilité à cette révolution causée par l’IA dans le monde du travail implique également les employés. Vidia Mooneegan constate que plusieurs salariés éprouvent des appréhensions en ce qui concerne l’IA. Ils pensent que cela mettrait leur emploi en péril. « Il est vrai que plusieurs emplois disparaîtront. Certains employés devront se former de nouveau », déclare-t-il. 

Or, l’étude de Goldman Sachs pourrait rassurer les employés vu qu’aux États-Unis, seulement 7 % des emplois sont susceptibles d’être entièrement remplacés par l’IA. Le rapport précise que 63 % des employés américains verraient l’IA compléter leurs tâches, tandis que 30 % des emplois – physiques ou extérieurs – ne seront pas impactés par l’automatisation. 

Vidia Mooneegan, Managing Director de Ceridian.

Toutefois, vu que l’IA est une évolution en continu, Imteeaz Rajabalee souligne qu’il faut s’attendre à d’autres nouveaux outils après ChatGPT. « Le mot est un peu fort, mais nous sommes en quelque sorte condamnés à nous adapter. Le plus important est de trouver le juste équilibre entre l’IA et la main-d’œuvre », poursuit-il. 

Ce juste milieu passe par la formation, affirme Nicolas Goldstein. Le co-fondateur de Talenteum Africa fait comprendre l’importance d’être à l’aise avec les outils qui sont à la portée de tous. « Il y a cependant des outils pour les professionnels qui nécessitent souvent de maîtriser le piton, c’est-à-dire le langage utilisé pour travailler avec l’IA. On pousse nos employés à apprendre les technologies de l’IA pour être complémentaires et compétents », dit-il. 

Nicolas Goldstein, co-fondateur de Talenteum Africa.
Nicolas Goldstein, co-fondateur de Talenteum Africa.

Pour autant, Shateeaum Sewpaul estime qu’une totale maîtrise des outils liés à l’IA n’est, pour l’heure, pas indispensable en termes d’employabilité. Il ajoute que dans certains cas, l’employé sera appelé uniquement à participer au processus, sans grande intervention, mais en étant cette valeur ajoutée. « L’IA poussera la main-d’œuvre, en général, à développer de nouveaux ensembles de compétences qui permettront une croissance de la société et de l’économie pour un meilleur écosystème. » 

Limites

Toutefois, l’IA comporte également des inconvénients. Parmi les préoccupations soulevées par des experts internationaux : le fait de « passer outre le bien-être des êtres humains, le manque de transparence et la création d’une menace pour l’emploi ». Ajouté à cela, une utilisation inappropriée des outils de l’IA peut être un obstacle aux effets escomptés par les employés ou les employeurs. 

Imteeaz Rajabalee soutient que comme tout outil, dans le sens littéral du terme, l’IA peut être un danger s’il est mal utilisé. « ChatGPT peut, par exemple, entraîner la paresse chez l’employé. Cela peut pousser à moins réfléchir ou à être moins créatif », argue-t-il. D’où la nécessité, selon Dhanesswurnath Thakoor, d’utiliser l’IA comme un outil d’accompagnement avec l’être humain à la base de contrôle.

  • defimoteur

     

 

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