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Nicolas Rey : «Maurice bénéficie d’un cadre attractif pour les investisseurs»

« La protection de l’environnement et de ses ressources est un enjeu crucial dans nos stratégies de développement pour plusieurs raisons », affirme Nicolas Rey, Chief Development Officer de la société mauricienne BlueLife. Toutefois, il se félicite qu’en dépit de sa vulnérabilité en tant que PEID, face au changement climatique, « Maurice a fait des progrès significatifs en matière de développement économique et social, ce qui contribue à atténuer certains de ces risques. »

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Pourquoi l’enjeu environnemental est-il devenu si important dans votre stratégie de développement ?

La protection de l’environnement et de ses ressources est un enjeu crucial dans nos stratégies de développement pour plusieurs raisons. Chez Bluelife, nous sommes pleinement conscients que cet aspect est essentiel non seulement pour la santé de la planète, mais aussi pour la pérennité économique à long terme.

Nos clients et partenaires sont de plus en plus sensibles aux questions environnementales et privilégient les promoteurs qui adoptent des pratiques responsables. Cela pousse à introduire des initiatives écologiques dans notre plan directeur pour répondre à ces besoins grandissants. En tant que filiale d’IBL, nous nous inspirons également de la vision du groupe qui est : « Our purpose is to create a brighter, more sustainable world ». Nous devons plus que jamais joindre le geste à la parole et intégrer les enjeux environnementaux dans notre stratégie de développement et plan directeur.

Est-ce que Maurice, qui appartient à la catégorie Petit État insulaire en Développement (PEID), est-il un pays à risque ?

Bien que l’île Maurice soit classée parmi les petits États insulaires en développement (PEID), elle est perçue comme un pays relativement stable et sécurisé. Cependant, comme tout pays et surtout en tant qu’île, elle peut faire face à certains risques, notamment en matière de vulnérabilité économique, de changements climatiques et de dépendance à des secteurs spécifiques, notamment le tourisme.

Les PEID, en raison de leur taille et de leur isolement, peuvent être plus exposés aux impacts des catastrophes naturelles et aux fluctuations économiques mondiales. Cela dit, l’île Maurice a fait des progrès significatifs en matière de développement économique et social, ce qui contribue à atténuer certains de ces risques.

Bien que de nombreuses personnes soient conscientes des enjeux environnementaux, il reste encore un chemin à parcourir pour une sensibilisation plus large et plus profonde"

Comment votre société intègre-t-elle l’enjeu environnemental dans sa stratégie de développement ?

Depuis sa création en 2013, le village Azuri a intégré les enjeux environnementaux dans sa stratégie de développement sur deux principaux axes. Premièrement, sur le plan opérationnel, où nous avons mis en place des mesures concrètes, telles que le tri, la gestion de l’eau potable avec les « smart meters » ou encore le « green waste management » pour ne citer que quelques exemples. Deuxièmement, au niveau du développement même de notre smart city, où nous sommes venus avec de nouveaux concepts, comme la gestion des eaux pluviales, le « tiny forest » qui vise à planter des arbres sur une petite parcelle de terrain ou encore les résidences bioclimatiques pour minimiser notre impact sur l’environnement. 

Comment la pandémie de Covid-19 a-t-elle impacté votre entreprise et comment et comment celle-ci s’est-elle relevée par la suite ?

La pandémie a eu un impact majeur sur notre entreprise, tant au niveau opérationnel que du côté de l’immobilier. Dans ce genre de situation de crise extrême, l’Homme (avec un grand H) n’a pas d’autres choix que de s’adapter et de penser différemment, ce qui ouvre de nouvelles portes et de nouvelles opportunités. Nous nous sommes remis en question durant cette période difficile et avons établi, ensemble, un nouveau plan directeur et la décision d’aller de l’avant avec notre smart city. Quatre ans plus tard, nous avons su nous adapter, avancer, développer et satisfaire nos clients et partenaires… et nous en sommes très fiers.

Des efforts sont faits pour intégrer des pratiques durables dans le développement immobilier, mais il reste encore des défis à relever"

Est-ce que nos compatriotes sont-ils suffisamment conscients de la vulnérabilité de Maurice face à un tel enjeu majeur, notamment le réchauffement planétaire. Selon vous, comment devrait-on mettre en place la prise de conscience face à une telle menace ?

La question de la prise de conscience des Mauriciennes et des Mauriciens devant la vulnérabilité de l’île face au réchauffement climatique est primordiale. Il me semble que, bien que de nombreuses personnes soient conscientes des enjeux environnementaux, il reste encore un chemin à parcourir pour une sensibilisation plus large et plus profonde.

Pour renforcer cette prise de conscience, les actions suivantes peuvent être mises en place :

1. Éducation et sensibilisation : intégrer des programmes éducatifs sur le changement climatique dans les écoles et les universités, afin d’informer les jeunes générations sur les impacts du réchauffement climatique et les mesures à prendre.
2. Campagnes de sensibilisation : organiser des campagnes médiatiques pour informer le grand public sur les effets du changement climatique sur l’île.
3. Engagement communautaire : encourager les initiatives locales et les projets communautaires qui visent à protéger l’environnement. Notre campagne « Prankont » en est un exemple.
4. Collaboration avec les ONG : travailler avec des organisations non gouvernementales qui œuvrent pour la protection de l’environnement.
5. Politiques publiques : promouvoir des politiques gouvernementales qui mettent l’accent sur la durabilité et la résilience face aux changements climatiques, tout en impliquant la population dans le processus décisionnel.
En somme, une approche collective et multidimensionnelle est essentielle pour renforcer la prise de conscience et mobiliser la population face à cette menace majeure.

A ce jour et à votre avis, comment le développement foncier/immobilier à Maurice s’est-il réalisé ? Y a-t-il un juste équilibre entre les contraintes économiques et le respect des normes environnementales ?

Le développement foncier et immobilier à Maurice a connu une croissance significative au cours des dernières années, stimulée par une demande accrue pour des résidences ou encore certains projets commerciaux. Cette dynamique a été favorisée par des politiques gouvernementales visant à attirer les investissements étrangers et à moderniser le secteur immobilier, telle que l’implémentation du Smart City Scheme.

Cependant, cette expansion soulève des questions importantes concernant l’équilibre entre les contraintes économiques et le respect des normes environnementales. D’un côté, le développement immobilier contribue à la croissance économique, à la création d’emplois et à l’amélioration des infrastructures. De l’autre, il est crucial de veiller à ce que cette croissance ne se fasse pas au détriment de l’environnement, notamment en préservant les écosystèmes locaux, en gérant les ressources en eau et en minimisant l’impact sur la biodiversité.

Certes, des efforts sont faits pour intégrer des pratiques durables dans le développement immobilier, mais il reste encore des défis à relever. La sensibilisation à l’importance de l’environnement et l’application stricte des réglementations sont essentielles pour garantir un développement équilibré. 

Le développement foncier et immobilier à Maurice a connu une croissance significative au cours des dernières années, stimulé par une demande accrue pour des résidences ou encore certains projets commerciaux"

Est-ce que la législation mauricienne promeut-elle des normes environnementales adéquates à l’ile Maurice ?

La législation mauricienne a évolué et inclut l’intégration de normes environnementales. Le secteur de l’immobilier nécessite une EIA Licence (Environmental Impact Assessment). Ce document s’assure que les mesures adéquates ont été prises pour préserver la nature, la biodiversité et minimiser l’impact environnemental du projet.

En mars 2024, le gouvernement a apporté des changements au Environmental Act afin de renforcer le cadre légal pour s’assurer d’une meilleure protection, gestion et préservation de l’environnement. Des efforts continus sont indispensables pour renforcer la sensibilisation, améliorer les infrastructures et garantir que les lois soient respectées. Il est essentiel de continuer à travailler pour assurer une protection adéquate de l’environnement à l’île Maurice.

L’île Maurice a fait la « une » il y a peu pour ses résidences pour milliardaires/millionnaires étrangers ? Comment une telle « pub » est-elle perçue et quelle image renvoie-t-elle de notre pays ? 

L’île Maurice, en attirant l’attention avec ses résidences destinées aux milliardaires et millionnaires étrangers, suscite des réactions variées. 

D’un côté, cette visibilité peut être perçue comme un signe de prospérité et d’attractivité économique. Cela peut renforcer l’image de l’île comme une destination privilégiée pour les investissements, ce qui pourrait bénéficier à l’économie locale en créant des emplois et en stimulant le secteur immobilier.

Cependant, cette situation peut également soulever des préoccupations. Certains peuvent craindre que l’afflux de riches étrangers entraîne une hausse des prix de l’immobilier, rendant l’accès au logement plus difficile pour les Mauriciens. De plus, cela peut créer une perception d’inégalité et d’exclusion, où les intérêts des locaux sont mis de côté au profit des investisseurs étrangers.

Je pense que le Smart City Scheme vient créer cet équilibre en proposant une diversité de projets immobiliers. Cela inclut des logements abordables, des villas de luxe, des espaces commerciaux, ainsi que la préservation des espaces verts et la création de forêts. 

Est-ce que les projets immobiliers intégrés qui allient travail-vie-loisirs-éducation-santé offrent-ils aujourd’hui un cadre de vie qui correspond aux attentes nouvelles de la population ?

Avec l’évolution des modes de vie et des priorités, les acquéreurs recherchent un environnement qui favorise un équilibre harmonieux entre ces différents aspects. Ces projets offrent souvent des infrastructures modernes, des espaces verts, ainsi que des services de proximité qui facilitent la vie quotidienne. De plus, en intégrant des éléments de durabilité et de bien-être, ils répondent aux préoccupations croissantes concernant la qualité de vie et l’environnement. En somme, bien conçus, ces projets peuvent effectivement offrir un cadre de vie qui correspond aux attentes nouvelles de la population.

Faut-il aujourd’hui accepter le fait que l’intégration des normes environnementales dans le secteur du bâtiment a un coût supérieur à celui des gains immédiats ?

L’intégration des normes environnementales dans le secteur du bâtiment peut effectivement engendrer des coûts initiaux plus élevés. Cependant, il est important de considérer les bénéfices à long terme, tant sur le plan économique qu’environnemental.

D’une part, investir dans des pratiques durables peut réduire les coûts d’exploitation à long terme, grâce à des économies d’énergie par exemple. De plus, ces normes peuvent également augmenter la valeur des propriétés et attirer des acheteurs soucieux de l’environnement.

D’autre part, il est crucial de prendre en compte l’impact environnemental et social de nos choix. En intégrant des normes environnementales, nous contribuons à la lutte contre le changement climatique et à la préservation des ressources naturelles pour les générations futures.

Il est donc essentiel de voir au-delà des gains immédiats et d’adopter une vision durable pour l’avenir.

Est-ce qu’il existe à Maurice des immeubles énergivores qui, à votre avis, doivent être rasés ? Un des derniers Budgets avait cité l’exemple de l’Emmanuel Anquetil Building à Port-Louis…

Ces bâtiments peuvent représenter un défi en termes de durabilité et d’efficacité énergétique. Cependant, plutôt que de les raser, il pourrait être plus bénéfique d’envisager des rénovations ou des améliorations pour les rendre plus écologiques. Cela permettrait de préserver le patrimoine architectural tout en réduisant leur impact environnemental. La transition vers des pratiques plus durables est essentielle, et chaque bâtiment peut potentiellement jouer un rôle dans cette démarche. 

Quel doit être l’écosystème indispensable à Maurice afin qu’elle se classe parmi les pays où « il fait bon de vivre » et pour promouvoir son attractivité à l’international ?

Pour que Maurice se classe parmi les pays où il fait bon vivre et pour renforcer son attractivité à l’international, plusieurs éléments clés doivent constituer son écosystème :

1. La qualité de vie : assurer un environnement sain, avec un accès à des soins de santé de qualité, une éducation de haut niveau et des infrastructures modernes. Cela inclut également la sécurité, la propreté et des espaces verts.
2. Une économie dynamique : favoriser un climat économique propice aux affaires, avec des politiques incitatives pour les investissements étrangers, le soutien aux startups et l’innovation. 
3. La culture et le patrimoine : promouvoir la richesse culturelle et le patrimoine de l’île, en valorisant la diversité ethnique et en soutenant les arts et la culture. 
4. La durabilité environnementale : mettre en place des politiques de développement durable pour protéger les ressources naturelles et la biodiversité. 
5. La mobilité, l’accessibilité et la connectivité : améliorer les infrastructures de transport aériennes et terrestres pour faciliter les déplacements des résidents et des touristes. 

Plutôt que de raser les immeubles énergivores à Maurice, il pourrait être plus bénéfique d’envisager des rénovations ou des améliorations pour les rendre plus écologiques"

Quels sont les principaux facteurs qui séduisent les différents profils dits « sociaux » et « culturels » qui souhaitent acheter une deuxième résidence à l’étranger ?

L’achat d’une deuxième résidence à l’étranger attire de multiples profils sociaux et culturels pour plusieurs raisons. Premièrement, de nombreuses personnes recherchent un lieu de retraite où ils peuvent échapper au stress quotidien et profiter d’un cadre de vie plus agréable. L’immobilier à l’étranger peut aussi représenter une opportunité d’investissement intéressante, avec la possibilité de valorisation du bien et de revenus locatifs.

La facilité d’accès à des services de qualité, comme la santé, l’éducation ou les loisirs, peut également influencer la décision d’achat, de même que notre climat clément et nos paysages de carte postale. Et enfin, posséder une résidence à l’étranger offre la liberté de voyager et de passer du temps dans un autre pays sans les contraintes des locations saisonnières.

Y’a-t-il des facteurs qui sont de nature à créer une forme d’inquiétude chez vous quant à votre développement futur ou diriez-vous qu’il n’y a aucun nuage « gris » à l’horizon ?

Parmi les préoccupations potentielles, on peut mentionner les fluctuations économiques, les changements réglementaires ou encore les impacts environnementaux. Cependant, il est également vrai que l’île Maurice bénéficie d’un cadre attractif pour les investisseurs, avec un climat politique stable et des initiatives visant à promouvoir le développement durable.

Bien qu’il puisse y avoir quelques incertitudes, beaucoup de signes indiquent que le marché immobilier mauricien reste prometteur. Il est donc important de rester informé et d’évaluer régulièrement la situation pour prendre des décisions éclairées.

 

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