La réforme de la pension continue d’essuyer les critiques de l’opposition. Comme on pouvait s’y attendre, les membres de l’opposition n’ont pas déroulé le tapis rouge lors de la motion - Contribution Sociale Généralisée (CSG). Cependant, la « Motion of Disallowance » d’Arvin Boolell pour contester l’introduction de la CSG a été rejetée tôt hier matin – le mercredi 18 novembre, à l’Assemblée nationale.
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L’introduction de la CSG continue de faire grincer des dents. Depuis l’annonce de la réforme de la pension, le gouvernement est contraint de non seulement contrer les assauts de l’opposition, mais également du secteur privé qui conteste vivement la CSG. La tâche était loin d’être facile pour l’opposition. Des points culminants ont été abordés par Arvin Boolell et Reza Uteem, entre autres, pour tenter de s’opposer à cette réforme. Cependant, c’était sans compter la détermination du gouvernement à défendre bec et ongles la CSG.
Renganaden Padayachy, ministre des Finances : « C’est un modèle durable, équitable, contributif et intergénérationnel »
Présentée comme une réforme d’envergure, la Contribution Sociale Généralisée vise, selon le ministre des Finances, à lutter contre les inégalités. Cette problématique, dit-il, a explosé sous l’ère travailliste, passant d’une croissance économique potentielle de plus de 6 % en 2006 à moins de 3,7 % en 2015. Le gouvernement, avance-t-il, a, dans sa philosophie, revu à la hausse le montant de la pension (Rs 13 500 d’ici 2024). « Nous savons pertinemment que les personnes âgées ont une plus grande propension à consommer et donc à soutenir la croissance économique ».
Plusieurs options étaient proposées au gouvernement en amont de l’introduction de la CSG, dont repousser l’âge du versement du BPR à 65 ans, au lieu de 60 ans. Or, Renganaden Padayachy affirme que cela aurait provoqué une réduction de 36 % du revenu de pas moins de 85 000 personnes âgées de 60 à 65 ans. C’est dans cette optique que l’État a misé sur une stratégie multicanale, « associant une réforme fiscale, l’étalement du versement de la pension à travers le BRP à Rs 9 000 à 60 ans et l’allocation supplémentaire de Rs 4 500 à 65 ans et l’introduction d’une charge sociale obligatoire : la Contribution Sociale Généralisée ». Pour le grand Argentier, la CSG est un modèle durable, équitable, contributif et intergénérationnel. Elle devrait également être une source de revenus additionnels pour le financement en partie de la pension et mettre un terme au déficit actuariel du National Pensions Fund (NPF). « Ce gouvernement souhaite que nos aînés puissent vivre décemment, et cela, peu importe ce qu’ils ont contribué en tant qu’actifs, car tous nos concitoyens ont le droit à une retraite paisible », argue Renganaden Padayachy. Pour lui, le leader de l’opposition a, dans sa motion, tenu des propos « teintés d’hypocrisie et de démagogie ».
Soodesh Callichurn, ministre du Travail : «Une motion irréfléchie, illogique et dénuée de bon sens»
Une motion qualifiée d’« irréfléchie, illogique et dénuée de bon sens ». Ce sont là les termes employés par le ministre du Travail. Le moment serait mal choisi, selon Soodesh Callichurn, pour que l’opposition vienne de l’avant avec une motion, alors que la Cour suprême tranche sur le sujet. Lançant d’emblée des piques au leader de l’opposition, le ministre du Travail ironise sur le fait qu’Arvin Boolell est « la voix du secteur privé ». Dans son argumentation, Soodesh Callichurn souligne que la CSG remplace l’ancien système de pension, qui, selon lui, est dépassé. Cette réforme vise également à répondre au phénomène de la population vieillissante qui est d’actualité à Maurice. « La CSG n’est pas un caprice du gouvernement, mais symbolise une réforme préconisée par le Fonds Monétaire International », fait-il ressortir.
Arvin Boolell, leader de l’opposition : «C’est une forme clandestine de taxe»
La limite de l’acceptable serait franchie par l’entremise de l’introduction de la Contribution Sociale Généralisée, selon le leader de l’opposition. Loin de mesurer ses mots, Arvin Boolell conteste la décision du gouvernement d’aller de l’avant avec une réforme qui divise et qui est « insultante pour le secteur privé ». Pointant du doigt l’absence de consultations en amont de cette réforme, le leader de l’opposition souligne que la CSG est injuste, insoutenable, arbitraire, inéquitable et désavantageuse pour le privé. « Le gouvernement doit avoir honte de cette mascarade alors qu’il a manipulé la pension de vieillesse », s’insurge Arvin Boolell. Il souhaite des informations quant aux alternatives proposées par le comité technique, car avance-t-il, la CSG campe sur plusieurs faussetés. Pour conclure sa motion, le leader de l’opposition a demandé à ce que le gouvernement revoit sa décision concernant la CSG, décrite comme « une forme clandestine de taxe ».
Reza Uteem, président du Mouvement militant mauricien (MMM) : «Les règlements sont anticonstitutionnels»
Plusieurs points seraient démocratiquement incorrects concernant la CSG. C’est du moins l’avis de Reza Uteem. Celui-ci estime en effet que la Contribution Sociale Généralisée est discriminatoire pour les pensionnaires. Le président du MMM réclame des informations quant au montant que vont contribuer les membres de l’Assemblée nationale. « La loi permet au ministre des Finances de déterminer qui payera la CSG. Est-ce que Renganaden Padayachy sera exempté de cette contribution ? », s’interroge Reza Uteem, qui espère que les ministres et PPS ne seront pas en accord avec les règlements de la CSG, qu’il décrit comme étant « anticonstitutionnelle ». Reza Uteem demande à ce que le gouvernement met son ego de côté et parle aux experts, actuaires, afin de ne pas remplacer le système de pension mais de l’améliorer.
La CSG devrait être avantageuse aux entreprises
La compétitivité des entreprises sera améliorée. Ainsi, 81 % des entreprises du secteur privé, soit 16 403 sur 20 150 sociétés, payeront moins « par le biais de la CSG que par celui du NPF », selon le ministre des Finances.
Les employés du secteur public en payeront
Le secteur public est également assujetti au paiement de la CSG. C’est ce qu’a fait ressortir Renganaden Padayachy, affirmant que « les ministres et autres parlementaires sont bien assujettis à la CSG. J’ai déjà donné les instructions dans ce sens pour que les représentants de l’État paient de leur poche ».
Fabrice Larétif
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