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Yvan Martial : «Un pays ne peut avoir deux capitaines»

Un an après sa victoire, l’Alliance du Changement est sous tension. Une mésentente croissante, marquée par des critiques publiques et des divergences de style entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, fragilise la crédibilité du tandem. 

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Un an après le raz-de-marée du 11 novembre 2024, l’Alliance du Changement semble vaciller sous le poids des incompréhensions et des frustrations accumulées. Dirigeons-nous vers une cassure de l’alliance ? Cette question a été débattue dans l’émission « Au Cœur de l’info » du jeudi 6 novembre 2025, animée par Prem Sewpaul. Sur le plateau : Harish Chundunsing, journaliste, commentateur politique et auteur ; Yvan Martial, ancien journaliste et analyste politique ; ainsi que Jean-Luc Mootoosamy, directeur de Media Expertise. 

Entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, les signaux d’une mésentente croissante se multiplient : manque de communication, divergences de vision et absence de cohésion. Certains observateurs évoquent même une incompatibilité de style. Les récentes sorties publiques de Paul Bérenger, souvent critiques envers le gouvernement et certaines autorités, alimentent les spéculations d’une rupture imminente. 

Selon Harish Chundunsing Paul Bérenger ne s’est pas contenté de Kishore Beegoo ou de Rama Sithanen. Il a, au contraire, élargi ses propositions au-delà de ces deux noms incluant plusieurs départements et institutions en difficulté. « Je suis d’avis que Paul Bérenger privilégie avant tout les intérêts de son parti et cherche à protéger sa formation plutôt qu’à fragiliser le gouvernement. De l’autre côté, Navin Ramgoolam ne peut agir seul, ayant été élu grâce à l’alliance avec le MMM. Les tensions actuelles s’inscrivent dans un contexte historique où la cohabitation entre les deux leaders a toujours été complexe », souligne le journaliste. 

Quant à Yvan Martial, il insiste sur l’effet de ces tensions sur l’opinion publique. Même sans divorce officiel, la population perçoit une fêlure entre le PTr et le MMM. « Le gouvernement, malgré ses décisions impopulaires, reste solide, tandis que le MMM continue de représenter la propriété politique de Paul Bérenger. Selon mes observations, l’autorité de Navin Ramgoolam est essentielle : un pays ne peut avoir deux capitaines. Si Bérenger pose des exigences, Ramgoolam demeure le seul maître à bord », fait-il valoir. 

Les deux leaders au pouvoir sont-ils incompatibles ? À cela, Harish Chundunsing évoque le choc des cultures. « Ramgoolam prend son temps et suit des processus établis, tandis que Bérenger privilégie des décisions rapides. Cette différence de rythme accentue les tensions et peut fragiliser l’alliance. Cependant, même si les divergences sont visibles, tout est mis en œuvre pour éviter une rupture. Il serait plus productif de se concentrer sur le travail concret pour le pays plutôt que sur les conflits relationnels ».   Jean-Luc Mootoosamy apporte une nuance. Il rappelle que le tandem Ramgoolam/Bérenger représentait un produit politique à deux têtes. « Les divergences ne doivent pas automatiquement conduire à la remise en question de l’ensemble de l’équipe. Il nous faut nous attarder sur la transparence de Bérenger. Ses critiques mettent en lumière des dysfonctionnements, mais elles révèlent surtout que le problème réside dans la relation entre les deux hommes, et non entre les partis. Paul Bérenger souhaite-t-il vraiment passer pour un déserteur ? Et de son côté, Navin Ramgoolam n’a-t-il pas pris des engagements qu’il n’a pas pu tenir ? Aujourd’hui, si le tandem s’affaiblit, une forme de résilience demeure encore. Il serait préférable que les deux leaders apprennent à « agree to disagree », faute de quoi ce sera le peuple qui tranchera ». 
 

 

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