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Monde du travail : ces femmes qui vivent avec un salaire de moins de Rs 2500

Elles sont nettoyeuses dans des établissements scolaires et touchent des salaires mensuels variant entre Rs 1 500 et Rs 2 500. Si les salaires de 326 d’entre eux ont été revus à Rs 8 500, plus de 300 autres employés attendent toujours d’avoir un salaire décent. Témoignages.

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Marlène, 53 ans : « Je ne touche que Rs 1 700 par mois »

Il est 7h30. Dans un collège dans la capitale, une femme de 53 ans balaie le corridor. Elle enchaîne ensuite en passant la serpillière avant d’aller balayer l’enceinte de l’école. Ses gestes sont rapides et efficaces à force de les répéter plusieurs fois par jour, cinq jours par semaine et cela depuis cinq ans. Cette femme se prénomme Marlène. Elle est ‘cleaner’ de profession et fière de l’être. Le seul hic : c’est qu’elle ne touche que Rs 1 500 comme salaire chaque mois. Une maigre somme qui a, toutefois, augmenté, là encore de façon dérisoire. Cette mère de deux enfants perçoit depuis cette année Rs 2 000 par mois, du moins sur papier, car, en réalité, elle ne touche que Rs 1 700.

« Selon notre employeur, Rs 300 auraient été déduites pour le Plan national de pension », explique-t-elle. Une hausse des salaires qui est cher payée car le nombre de tâches que Marlène et ses collègues doivent s’acquitter a aussi augmenté. « Nous devons effectuer un total de 12 tâches dorénavant soit laver les vitres, couper l’herbe, élaguer les arbres, nettoyer les canaux,… », fulmine-t-elle.

Mais, Marlène ne perd pas espoir et croit à une meilleure condition de vie, surtout depuis que 326 ‘cleaners’ ont vu leurs salaires grimper à Rs 8 500 au mois de janvier. « Nous attendons notre tour », souligne-t-elle. Elle ne cache pas le fait qu’elle trouve le temps long. « Pourquoi tarde-t-on autant à trancher sur notre dossier ? Nous ne demandons que justice car tout notre salaire est englouti avec les dépenses familiales. Au milieu du mois, nous n’avons plus un sou. Nous devons continuellement tirer le diable par la queue. Savez-vous que notre salaire ne nous permet même pas de nous offrir un jus à boire ou un gâteau à manger ? » fait-elle ressortir. D’où son cri du cœur pour qu’elle et ses collègues obtiennent rapidement un salaire décent.

Kavita, 31 ans : « J’ai perdu tout espoir de voir mon salaire grimper »

Kavita, 31 ans, ne se berce pas d’illusion. Cela fait des mois qu’elle a fait une croix sur la possibilité que son salaire de ‘cleaner’ d’école augmente à Rs 8 500. « J’étais convaincue que mon salaire et ceux de mes collègues allaient augmenter comme les 300 autres cleaners. Mais, je crois qu’on nous a oubliés. Aucune action n’a été prise en notre faveur. Je n’ai plus d’espoir », déplore Kavita.

Or, cette mère de famille comptait beaucoup sur cette augmentation de salaire pour améliorer les conditions de vie de ses  trois enfants âgés entre 8 ans et 14 ans.  « J’aurais pu soulager quelque peu mon époux au niveau des dépenses, surtout que ce dernier a un emprunt à rembourser », soutient-elle.

Ce sont-là autant de facteurs qui font que Kavita est aujourd’hui animée par un sentiment d’injustice et de déception. D’autant plus que ses conditions de travail deviennent de plus en plus difficiles. « Notre employeur ne nous fournit même pas les équipements et les produits nécessaires pour accomplir notre travail. Heureusement que l’établissement scolaire nous aide à ce niveau », fait-elle ressortir.

De plus, elle doit depuis quelque temps s’acquitter de davantage de tâches : élaguer les arbres, arracher les mauvaises herbes, entre autres.  Or, son salaire a été revu à la baisse à deux reprises cette année. « Je n’ai jamais eu un salaire fixe depuis que je suis ‘cleaner’. Pourtant, je compte sept ans d’expérience. Je touchais parfois Rs 1 200, Rs 1 500, Rs 1 800. En octobre 2015, mon salaire a grimpé à Rs 2 500. En mars, il a été réduit à Rs 2 380. Depuis juin, je ne perçois que Rs 2 280. Quand on appelle au bureau pour savoir les raisons de ces baisses, on nous dit carrément que nous nous sommes trompés de numéro », s’insurge-t-elle. Des situations qu’elle est contrainte de subir car son emploi, elle y tient, son salaire aussi, même si elle lui permet à peine de joindre les deux bouts.

Anita, 42 ans : « J’abattais le travail de deux cleaners »

Pendant six ans, Anita, 42 ans, a travaillé comme ‘cleaner’ à l’école de Morcellement Raffray. « J’abattais le travail de deux cleaners. Ce qui me permettait d’avoir deux fois Rs 1 800, soit Rs 3 600 par mois », relate-t-elle. En septembre 2015, elle s’est retrouvée sans emploi quand la compagnie qui l’employait a perdu son contrat. Depuis, Anita fait tantôt du repassage tantôt du ménage chez des particuliers. Ce qui lui permet de gagner Rs 200 ou Rs 250 par jour.  À savoir que ce type de travail n’est pas régulier. Tout ce que souhaite Anita c’est de retrouver son job et de bénéficier comme les 326 ‘cleaners’ d’un salaire de Rs 8 500.

NOTE : Les noms utilisés à l’exception d’Anita sont fictifs car ces personnes ont peur de subir des représailles de leurs employeurs si leurs vraies identités étaient dévoilées.

Jane Ragoo : « Ces employés sont exploités »

Jane Ragoo

« Ce n’est pas normal que plus de 300 personnes obtiennent toujours un salaire variant entre Rs 1 500 et Rs 2 500 », martèle Jane Ragoo, la négociatrice des cleaners. Ces employés, soutient-elle, travaillent sur contrat pour trois firmes de nettoyage. Il s’agit de Mauriclean, New Cleaning et Professional Cleaners. « Ces cleaners n’obtiennent que Rs 500 comme boni de fin d’année. Quand elles ne viennent pas travailler, leur salaire est coupé. Elles n’ont pas droit à des sicks ou des local leaves. Elles n’ont touché de compensation salariale en 2015 et 2016. C’est de l’exploitation. Le ministère est au courant du problème et nous avons eu vent que l’enquête débutée depuis mars est déjà bouclée, même s’il l’on dit le contraire », fulmine Jane Ragoo. Il faut savoir que le Cleaning Remuneration Order préconise qu’aucun salaire ne doit être en dessous de Rs 6 000.. « Comment le ministère peut-il tolérer une telle situation. Il doit forcer ces compagnies  à respecter la loi. Ces employés ont droit  à un salaire décent. »


Pas de contrat et de fiche de paie

Si au niveau des salaires, le sort des 326 ‘cleaners’ s’est amélioré, tel n’est pas le cas en ce qui concerne leurs conditions de travail. « Nous n’avons ni contrat, ni fiche de paie. Nous ne sommes même pas sûr que nous sommes des employés confirmés », déplore Savitree, une ‘cleaner’ de 56 ans qui compte 10 ans d’expérience et travaille dans une école primaire dans le sud du pays. Tout comme ses collègues, elle souhaite être traitée comme une employée à part entière. 

Une enquête en cours selon le ministère

Au ministère du Travail, on soutient que l’enquête est toujours en cours. D’ores et déjà, deux points ressortent de cette enquête. « En premier lieu, ces cleaners travaillent à temps partiel. De plus, elles sont employées par des compagnies de nettoyage et non par la PTA ou le ministère comme c’est le cas des 326 employés dont les salaires ont été révisés à Rs 8 500 », nous indique-t-on au ministère.

 

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