Mohamedally Lallmamode a débuté sa carrière en 1985 avec une petite pirogue d’environ quatre mètres de long. Il gagnait sa vie comme pêcheur dans le lagon de Port-Louis. Quatre décennies à bord du Serenity, son bateau semi-industriel, il peut voguer aussi loin que St-Brandon pour ses campagnes de pêche. Un deuxième bateau rejoindra sa flotte d’ici quelques mois. Retour sur cette success-story.
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Rigueur, discipline, persévérance, patience, leadership et vision... Ce sont les maîtres-mots de Mohamedally pour réussir dans la vie. Le directeur du Mouvement Autosuffisance Alimentaire, Eric Mangar, responsable du dossier des bateaux semi-industriels sous le Food Security Fund, piloté par le ministère de l’Agro-industrie en 2009, reconnaît qu’à l’époque, Mohamedally répondait à tous les critères pour le lancement de ce projet pilote visant à encourager les pêcheurs artisanaux à se lancer dans la pêche hauturière. Mohamedally est un pêcheur professionnel artisanal dûment enregistré et, outre son expérience de la mer, il a démontré, entre autres, qu’il peut gérer techniquement et financièrement le projet pour assurer sa réussite à court, moyen et long terme. Soulignons que ce projet au coût de Rs 8 millions a été financé à hauteur de 75 % par le gouvernement et la balance restante est financée en forme d’emprunt à un taux d’intérêt de 5 %, remboursable dans un délai de 7 ans après une période moratoire de 3 ans.
Mohamedally a dû se rendre plusieurs fois au Sri Lanka pour superviser la construction de son bateau. C’est en 2014 que le Serenity, d’une capacité de stockage de 7 tonnes de poissons sous glace, a pris la mer pour la première fois, avec à son bord, une dizaine de pêcheurs.
Parlant de cette première campagne de pêche en haute mer, notre interlocuteur explique que c’était une nouvelle expérience, car c’était la première fois qu’il quittait sa famille pour passer plusieurs jours en mer. Sa licence de skipper lui permet d’agir comme capitaine. Il explique que sur un bateau, la rigueur et la discipline sont primordiales. « Il y va de la sécurité même de l’équipage », fait-il comprendre. Mohamedally explique que des membres de son personnel ont aussi suivi des cours de skipper pour prendre en charge le bateau durant son absence. Il ajoute que même s’il est à terre, il est en contact régulier avec son équipage via le téléphone satellitaire. « Je suis au courant de leur position en mer. Je les informe régulièrement des conditions climatiques, entre autres ».
Il avance que lors d’une campagne de pêche qui dure au moins une quinzaine de jours, il pêche essentiellement des poissons dans la zone démersale, comme le capitaine et la vieille rouge, et qu’il livre ensuite aux banians à son retour au pays. Il souhaite que le gouvernement soutienne davantage les coopératives de pêche afin qu’elles puissent livrer du poisson à des prix plus abordables à la population.
Mohamedally connait la pêche depuis sa tendre enfance, car son père était pêcheur. « Enfant, je l’accompagnais souvent », dit-il. Par la suite, après ses études secondaires, faute de trouver un emploi, il a suivi les traces de son père. « Mais j’avais une autre vision. Je voulais professionnaliser le métier et aller en haute mer » dit-il. C’est ainsi que graduellement il a investi dans un bateau de pêche pour aller sur des radeaux (dispositif de concentration de poissons). « J’ai fait le tour du pays dans ma pirogue », dit-il.
Son travail devenant de plus en plus rentable, il a recruté d’autres personnes pour l’épauler dans sa tâche. C’est en 2009 qu’il a été sélectionné pour un projet de bateaux semi-industriels. Le succès de cette entreprise va encourager le gouvernement à initier d’autres projets de ce genre.
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