Michaël Angelo Mootoo, 10 ans, s’envolera l’année prochaine pour les États-Unis. Une institution de renom a des vues sur le petit mauricien au quotient intellectuel surélevé.
« Je suis normal. Je pense que c’est vous qui êtes en retard, parce que vous ne regardez pas suffisamment loin... »
«On ne laisse pas une telle intelligence dans la nature m’ont dit les Américains », confie Noëlette François, la mère de Michaël Angelo Mootoo. À peine quatre jours après la diffusion d’un reportage sur l’enfant pendant le journal télévisé l’année dernière, elle a été contactée par un chercheur africain en Amérique. Plusieurs propositions de bourses d’études ont suivi. Dès lors, la jeune femme savait que la vie de son fils allait changer, mais elle ignorait comment.
« Des chercheurs étrangers s’intéressent à Michaël Angelo. Ils ont fait le déplacement à Maurice pour le rencontrer », confie la mère. « Si tout se passe bien, on s’envolera l’année prochaine pour les États-Unis. Ce sera pour un séjour de deux semaines. Ensuite, on verra… Je suis convaincue que son avenir n’est pas ici. »
Nous rencontrons Noëlette François à Stanley, dans sa modeste demeure où nous attend également Michaël Angelo.
Souriant, le petit semble avoir l’esprit ailleurs. « La capacité de mémoire du cerveau humain est de 2,5 pétaoctets », lance-t-il, sortant de sa rêverie. Les premières paroles qu’il nous adresse sont quelque peu déconcertantes, mais peut-on s’attendre à autre chose d’un surdoué ? « Cela paraît beaucoup, mais il faudrait 300 ans pour que la mémoire du cerveau soit remplie à 100 %. Si une personne pouvait vivre jusqu’à 1 000 ans, elle ne pourrait même pas faire une simple phrase comme ‘j’aime le tennis’ tant son cerveau serait saturé », indique-t-il.
Langues, astrophysique, histoire, médecine n’ont pas de secret pour Michaël Angelo. Il dévore les livres. Son cerveau est une vraie éponge. « Le psychologue m’a expliqué qu’il est en fait multisurdoué. Il est surdoué en tout », ajoute sa mère.
« Je suis né pour la science », dit le petit génie. Il dévore les ouvrages spécialisés en médecine. « Michaël Angelo sait quel médicament est recommandé contre telle ou telle maladie. Quand nous l’emmenons chez le médecin, cela donnne lieu à des situations cocasses... Il dit au médecin quoi lui prescrire comme remède », ajoute Noëlette.
Le petit ne rate pas une occasion de partager son savoir. « Vous savez que le lobe occipital (qui se situe au niveau de l’os occipital, sur la partie latérale et inférieure du cerveau) du Néandertal était plus gros que le nôtre. De ce fait, il était plus créatif », fait-il observer.
Mais qu’est-ce qui contrôle le rire ? « L’hypothalamus dans le cerveau contrôle le rire, alors que la plupart des mouvements le sont par les cortex moteurs », répond-il avec aisance.
Noëllette a toujours su que son enfant n’était pas comme les autres, même quand il était dans son ventre. « À deux mois, il se tenait déjà assis. À quatre mois, il changeait de chaînes à la télévision. À sept mois, il marchait et à huit mois, il commençait à parler en créole », relate-t-elle.
« J’avais peur »
Selon sa mère, Michaël Angelo avait 14 mois quand il a commencé à écrire. Un mois plus tard, il s’est mis à lire. « Pourtant je ne lui ai jamais appris les lettres. À l’âge de deux ans, j’avais déjà des conversations d’adulte avec lui. Les gens pensaient qu’il était possédé, même moi j’avais peur. Imaginez un enfant de 8 mois qui vous dit : ‘‘Maman vinn la’’. On m’a même conseillé de l’emmener voir le pasteur. »
Au fil des années, les choses ont évolué. Contrairement aux enfants de son âge, Michaël Angelo ne posait pas de questions, il avait réponse à tout. « C’est peut-être génétique. Mon père, bien qu’il soit analphabète, est un homme intelligent. Enfant, j’étais une très bonne élève, mais j’étais loin d’avoir son niveau d’intelligence », dit Noëlette.
À quatre ans, Michaël lisait des encyclopédies. Hyperactif, à l’âge de sept ans, il faisait déjà des recherches sur l’aérospatial et les trous noirs. Cependant, à l’école, les choses se sont compliquées. Le garçonnet a eu du mal à s’adapter. « On le délaissait, on le frappait. Il n’avait pas d’amis. Ses enseignants étaient frustrés, car il les corrigeait au tableau », se souvient la maman.
Directement en Form I
Les choses s’améliorent finalement pour lui, lorsqu’il intègre le collège grâce à un bon samaritain. Il rejoint, ainsi, le Bocage International School et passe directement en Form I au lieu du Certificate of Primary Education. « Nous recevons de l’aide de part et d’autre. Cela va faire deux ans que j’ai demandé une aide à la Sécurité sociale et je n’ai jamais reçu de réponses. Le gouvernement fait la sourde oreille. Le président de la République par intérim Barlen Vyapoory est très proche de Michael et l’aide à titre personnel », fait ressortir Noëlette.
« Maman, il est temps que le monde me découvre »
Elle confie avoir tout abandonné pour son fils, même sa carrière de chanteuse. « J’ai tout sacrifié pour pouvoir être avec lui et le protéger. » Michaël parle lui aussi souvent de sacrifices. « Il me dit souvent que sa vie est un sacrifice. Depuis tout petit, il dit vouloir faire des choses pour nous. Quand il dit « nous », je pense qu’il parle de l’humanité », dit-elle.
On l’aura compris, Michaël Angelo est un assoiffé de savoir. Sa vie se résume à ses inventions et à ses recherches. Il fait des expériences à partir d’objets qu’il ramasse à gauche et à droite. « Je fabrique actuellement une fusée à partir d’objets récupérés. Je compte y mettre une fourmi que j’enverrai dans l’espace. Je dois juste m’assurer de la protéger des radiations. Il ne me manque plus que deux choses pour compléter ma fusée, l’essence et un moyen de protéger les données », explique-t-il.
Son cerveau est en constante ébullition. À tel point qu’il ne dort que quatre heures par jour.
La musique est une autre de ses talents de Michaël Angelo « Il a composé neuf chansons et en a donné deux à Nitish Joganah : les textes et la mélodie. Je pense qu’il a l’oreille absolue. Cela lui est arrivé d’entendre la musique du marchand de glace et de la reproduire sur un clavier, alors qu’il n’avait jamais joué de sa vie », souligne sa mère.
Pas de doute, c’est un enfant spécial… Mais lui, n’est pas de cet avis : « Je suis normal. Je pense que c’est vous qui êtes en retard, parce que vous ne regardez pas suffisamment loin. Vous vous posez des barrières. Les êtres humains sont obnubilés par l’argent, l’amour, la relation sexuelle, la gloire… »
« Scientifique croyant »
Michaël Angelo se décrit comme un « scientifique croyant ». « Pourquoi se disputer alors qu’il y a un seul être ultime ? » Il connaît la Bible par cœur, mais aussi le coran. « On blasphème quand on dit Dieu. On doit dire ‘Être ultime’, car Il est tout : le commencement et la fin », explique-t-il. « Il y’a qu’une petite poignée de personnes qui le comprennent et l’aident. »
Le jour de son dixième anniversaire, il a dit à Noëlette : « Maman, il est temps que le monde me découvre. » Sa mère est alors entrée en contact avec les médias. Une décision qui changera sa vie. « Je veux le meilleur pour mon fils. C’est la raison pour laquelle nous irons en Amérique l’année prochaine. Ma plus grande crainte, c’est que certains cherchent à exploiter son intelligence à de mauvaises fins. »
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