
Maurice fait face à une dette publique qui a atteint un niveau « insoutenable » de Rs 642 milliards, selon le Premier ministre Navin Ramgoolam. Cette situation, mise en lumière mardi au Parlement, illustre les défis fiscaux majeurs hérités du gouvernement précédent, qui a vu le ratio dette/Produit Intérieur Brut (PIB) grimper à 87,4% en décembre 2024, dépassant largement le plafond de 80%.
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Le Premier ministre a précisé que la dette du secteur public a plus que doublé en une décennie, passant de Rs 238 milliards en 2014 à Rs 608,2 milliards fin 2024 en termes nominaux. En termes réels, après ajustement pour l’inflation, la dette s’élevait à environ Rs 382 milliards en 2024. Cette escalade, selon Navin Ramgoolam, résulte de « l’intendance fiscale irresponsable du gouvernement précédent », qui a conduit à une situation où « Maurice est à haut risque de stress souverain », comme l’indique le rapport de consultation de l’article IV du FMI de 2025.
Lors de sa réponse à une question parlementaire posée mardi par Manoj Seeburn, le Premier ministre a détaillé les implications à long terme de cette trajectoire. Il a noté que « pour l’exercice fiscal 2024-2025 uniquement, la dette du secteur public a augmenté de près de Rs 83 milliards, soit une augmentation moyenne quotidienne de Rs 227 millions ». Sans action immédiate, a-t-il averti, « la dette du secteur public aurait échappé à tout contrôle, avec de graves répercussions sur les finances publiques, l’économie dans son ensemble et le bien-être de la population – y compris l’absence de pensions pour quiconque dans la prochaine décennie environ ».
Le fardeau fiscal est aggravé par la hausse des coûts du service de la dette, avec des paiements d’intérêts projetés à Rs 26,1 milliards pour l’exercice en cours, soit une augmentation de près de 20% par rapport aux Rs 21,8 milliards payés en 2024-2025. « Les paiements d’intérêts sur la dette publique s’élevaient à environ Rs 21,8 milliards pour l’exercice fiscal 2024-2025, ce qui en fait le deuxième poste de dépenses le plus important du budget gouvernemental, après la pension de retraite de base », a précisé Navin Ramgoolam. Il a souligné le coût d’opportunité significatif, déclarant que « au lieu de payer Rs 26,1 milliards en intérêts sur la dette, ces ressources auraient pu être plus efficacement allouées à des secteurs prioritaires tels que l’éducation, la santé et le logement social » dit-il.
Navin Ramgoolam a insisté sur l’engagement du gouvernement à mettre en œuvre un plan de consolidation fiscale, avec « des mesures concrètes visant à réduire à la fois le déficit budgétaire et la dette du secteur public dont le gouvernement précédent a accablé le pays ». Il a averti qu’un échec à gérer la dette pourrait entraîner une dégradation de la note de crédit de Maurice à un statut « junk » par Moody’s, ce qui aurait « des implications profondes, y compris des coûts d’emprunt plus élevés, des effets néfastes sur le secteur des services financiers, la dépréciation de la roupie, la fuite des capitaux, une réduction des flux d’investissements directs étrangers et des impacts négatifs plus larges sur l’économie ».

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