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Manque de main-d’œuvre dans l’hôtellerie : le gouvernement examine la possibilité d’autoriser des travailleurs étrangers

2 500 postes sont à pourvoir dans le secteur de l’hôtellerie dans l’immédiat. Mais les Mauriciens n’y montrent que peu d’intérêt. Pour pallier le manque, les hôteliers veulent avoir l’autorisation de recruter à l’étranger. Le gouvernement se penche sur le dossier.

Dans certains établissements hôteliers, la situation est critique. Alors que ces hôtels ont des emplois à pourvoir, les Mauriciens ne se bousculent pas au portillon pour les remplir. 

Dans l’immédiat, 2 500 postes sont à pourvoir. Mais, potentiellement, 10 000 postes demandent preneur dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie. Et les actes de candidature sont largement en dessous des besoins du secteur.

Pourtant, la situation est urgente. Surtout avec la haute saison, pour laquelle beaucoup d’établissements hôteliers affichent déjà des taux de remplissage très intéressants, qui pointe le bout de son nez. Quelle solution ? Puiser de la main-d’œuvre à l’étranger. 

Certains établissements ont déjà recours à des étudiants étrangers qui ont, à Maurice, le droit de travailler jusqu’à 20 heures par semaine. Mais ceci est largement insuffisant. Une demande a donc été faite par l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM), ainsi que par plusieurs grands groupes hôteliers au ministère du Tourisme, pour pouvoir chercher de la main-d’œuvre sur le marché international. 

Entre mars 2020 et mars 2021, on a perdu 3 500 emplois dans les hôtels et on estime que pour mars 2022, le chiffre est encore supérieur. Il y a un besoin de plus de 10 000 postes sur le moyen terme»

Or le gouvernement ne permet pas le recrutement de travailleurs étrangers dans ce secteur. Seules exceptions : les étudiants étrangers. Même aujourd’hui, le gouvernement n’est pas particulièrement enthousiaste à l’idée d’ouvrir les vannes. 

« Pour le moment, on ne donne pas de permis. Il faut une policy decision à ce sujet. On se penche sur la question et puis on verra, même si nous privilégions la main-d’œuvre locale », confie Soodesh Callichurn, ministre du Travail et de l’emploi. Un comité travaille sur les tenants et aboutissants du fait de permettre la venue en masse d’étrangers. Au gouvernement, on avance qu’il faut agir avec précaution. Une fois les vannes ouvertes, il sera difficile de les refermer.

Un étranger pour trois Mauriciens

Mais la pression s’accentue. Les hôteliers craignent de ne plus pouvoir offrir le niveau de service qui fait le succès du tourisme mauricien.

« Nous sommes en faveur d’un ratio de 1:3, soit un étranger pour trois travailleurs locaux, afin de pouvoir garder une majorité de Mauriciens dans ce secteur. Cela ne mettra pas en péril l’emploi des Mauriciens », affirme Jean-Cyril Julienne, Chief Human Resource Officer de Rogers Hospitality. Il intervenait jeudi, dans Au Cœur de l’Info, sur Radio Plus.

Et Jean-Cyril Julienne  de souligner : « il y a une pénurie historique dans le secteur. À l’heure où je vous parle, il y a 2 500 postes à pourvoir immédiatement dans le secteur. »

Ces postes à pourvoir 

Parmi ceux qui cherchent ardemment à recruter, il y a Sun Resort, qui a 200 postes libres, et Rogers Hospitality, qui en a 250. C Mauritius a 12 emplois à pourvoir dans l’immédiat. Le Belle Mare Plage a 75 places à remplir. Le Prince Maurice a, lui, 26 places de libres. Dans les trois cas, il s’agit avant tout de postes dans la cuisine (demi-chefs de partie, commis, stewards…), les restaurants (barmen, chefs de rang, serveurs, commis sommelier) et le service dans les chambres (room attendants, valets de chambre…). En ce moment même, ils ont ouvert un exercice de recrutement local.

Pourquoi les Mauriciens ne s’y intéressent plus

Pour Sydney Pierre, Chief Sales & Marketing Officer du groupe Marriott à Maurice, plusieurs facteurs expliquent le problème. « Depuis l’ouverture des frontières, l’hôtellerie fait, entre autres, face à la concurrence des compagnies propriétaires de bateaux de croisière, qui recrutent à Maurice. » 

Autre raison avancée : « Le secteur a perdu beaucoup d’employés, qui sont partis s’installer dans d’autres pays. » Il faut ajouter à cela ces personnes qui ont décidé de changer de métier durant ou après la période de Covid-19. « Ceci fait qu’on manque considérablement de main-d’œuvre. C’est pourquoi certains souhaitent se tourner vers les étrangers pour pallier le manque. »

Un autre professionnel de ce secteur, qui a une vue d’ensemble sur l’industrie, abonde dans le même sens. « Le problème est national. On ne peut pas éviter de voir la vérité en face. Dans beaucoup de domaines, on voit des étrangers pour cause de manque de main-d’œuvre locale. Le tourisme fait face au même problème. Entre mars 2020 et mars 2021, on a perdu 3 500 emplois dans les hôtels et on estime que pour mars 2022, le chiffre est encore supérieur. Il y a un besoin de plus de 10 000 postes pour le secteur touristique et l’hôtellerie sur le moyen terme. »

Notre interlocuteur observe qu’à chaque job fair, beaucoup de Mauriciens postulent, mais peu de gens viennent aux entretiens. « La critique des autorités est qu’on ne paie pas assez. Mais le problème n’est pas que là », dit-il.

Sydney Pierre est d’avis qu’il y a un travail de fond à faire. « Il y a une grande réflexion à faire, et au niveau de la politique de recrutement et de la formation. Je parle, depuis un bon bout de temps, de la nécessité de revoir l’attractivité de l’industrie pour continuer à recruter des Mauriciens. Car la destination Maurice ne vante pas que l’hôtel et les plages, mais aussi l’hospitalité assurée par les Mauriciens. Les clients sont également là pour rencontrer le peuple mauricien. »

Ainsi, pour lui, le recrutement d’étrangers ne peut qu’être une solution à court terme. « Mais c’est aussi vrai qu’en attendant de revoir certaines choses, on ne peut pas laisser les postes vacants. » 

 

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