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Livre : à quoi sert encore la lecture ?

Quelle est la fonction de la lecture ? Quelle est la définition de belles lettres ? À quoi sert la fable ? Lindley Couronne y apporte des réponses simples et intéressantes dans son dernier ouvrage, Belles Lettres 1, publié par les Editions de l’Océan Indien.

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Qu’ils soient d’Afrique, de Chine, de l’Inde ou d’Europe, les contes ont la même fonction : souligner les mentalités, révéler les croyances et valoriser certaines conduites. Le conte mobilise toutes les ressources de l’individu, de la pensée aux muscles. Le public s’y engage et la société y trouve son modèle de référence. Le thème secondaire joue un rôle de thérapie préventive. Il met aussi à l’épreuve le système et dévoile ses failles. Cela permet une prise de conscience et une plus grande prudence. Enfin, le dénouement a une fonction éducatrice évidente. Il peut être sous forme de conseils ou de morale.

À l’ère de l’Internet, des réseaux sociaux et des smartphones qui modifient profondément notre rapport avec l’écriture et la lecture, l’ouvrage de Lindley Couronne vient presque à contre-courant de ces modes de communication certes gratuits, mais froids et immatériels. On peut s’en rendre compte aisément lorsqu’on sait que c’est par la transmission orale que le conte nous est parvenu. Sa mutation en écrit l’a, toutefois, privé de sa force innée, qui réside dans la transmission orale dont se sert le conteur. Il est aussi permis de se demander s’il existe des contes urbains, car de par son essence, ce type de récit est souvent l’émanation du monde rural, de l’expérience de ses habitants dans un environnement où se mêlent humains et animaux et où les forces de la nature agissent souvent sur le cours des événements.

Portée universaliste

La grande qualité de l’ouvrage de Lindley Couronne est sa diversité de références, lui conférant ainsi une dimension universaliste. Bien entendu, l’auteur ne prétend pas à l’exhaustivité et ses choix d’auteurs s’ils demeurent incontestables, mériteraient d’être élargis à des noms tels que George Orwell, Rabindranath Tagore, Michel Tournier ou encore John Steinbeck. Mais on peut admettre qu’il lui fallait se fixer sur une petite liste fédératrice composée, entre autres, de Daniel Defoe (Robinson Crusoe) Bernardin de St Pierre (Paul et Virginie), Rudyard Kipling (Le Livre de la jungle) Antoine de St Exupery (Le Petit prince) ou encore Anita Desai (Ou irons-nous cet été ?).

Moyens technologiques

Comme tout pédagogue qui se respecte, Lindley Couronne ne déroge pas à l’impératif d’expliquer. Il le fait avec des mots simples et la lecture est très agréable grâce à une mise en page bien aérée. Il convient aussi de souligner que pour en faciliter la compréhension, sur certaines pages, les images viennent en renfort. Il faut également louer la pertinence de l’auteur d’inscrire son propos dans notre réalité grâce à la place faite à J.K. Rowling, l’auteur de la saga planétaire d’Harry Potter.

La littérature, dit l’auteur, est un art. En l’affirmant, il pose la problématique de l’acquisition des connaissances, fussent-elles de belles lettres, de l’économie, des sciences humaines ou des mathématiques. Relèvent-ils des arts et de quelle manière un texte de nature scientifique ou économique peut-il devenir agréable à lire ? C’est sans doute là où les moyens technologiques de l’apprentissage se révèlent être les meilleurs supports par rapport au livre traditionnel, car ils ne nécessitent pas d’être ‘portés’ par les ‘belles lettres’. Ainsi, la lecture se réduit à sa première fonction. Celle de diffuser des informations, chiffrées ou en graphismes, sans trop s’embarrasser de grammaire et de syntaxe. Est-ce que sous ces formes, le livre de science est-il un objet artistique, permettant une lecture qui aide à développer l’imagination, à créer et à s’évader dans un monde qui n’appartient qu’à soi ? Difficile de l’admettre, mais la véritable question reste l’approche de la lecture sous ses supports technologiques. Ressent-on les mêmes émotions, liberté et confort en lisant des livres en version électronique ? La question reste toujours d’actualité.

L’ouvrage de Lindley Couronne, aussi professeur et co-auteur de manuels scolaires, est agrémenté d’un accompagnement audio, où les directeurs d’une troupe de théâtre prêtent leur voix à quelques morceaux littéraires choisis (disponibles sur YouTube). Il s’agit là d’une démarche qui s’inscrit dans le sens de mettre une boîte d’outils pédagogiques au service de l’enfant afin que son apprentissage soit complet. Un apport supplémentaire, s’il en fallait, pour s’intéresser à cet ouvrage.

Belles Lettres 1- Découvrir la littérature, de Lindley Couronne (144 pp)

Editions de l’Océan Indien.

 

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