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Les raisons derrière la démission de Vishnu Lutchmeenaraidoo

Depuis qu’il était aux Affaires étrangères, Vishnu Lutchmeenaraidoo faisait rarement partie des missions officielles du PM à l’étranger.

 Depuis qu’il a démissionné de son poste de ministre des Affaires étrangères et de celui de député, Vishnu Lutchmeenaraidoo se mure dans le silence. Il s’en tient à sa déclaration « enough is enough ». Pourquoi a-t-il pris la porte de sortie, prenant tout le monde de court ?

Qu’est-ce qui a bien pu pousser Vishnu Lutchmeenaraidoo à démissionner de son poste de ministre des Affaires étrangères jeudi, à la surprise de tous, y compris de ses proches collaborateurs ? Des recoupements d’informations portent à croire que c’est l’intention du Premier ministre, Pravind Jugnauth, de le sanctionner, à son retour au pays dimanche, qui a été la goutte d’eau qui aura fait déborder le vase. « Il n’a montré aucun signe qu’il allait démissionner », confie un de ses proches collaborateurs au no 7 (Piton/Rivière-du-Rempart). 

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Ce que confirme un des cadres des Affaires étrangères : « Il y a eu une réunion jeudi matin au ministère. Il n’a à aucun moment évoqué la possibilité de démissionner. Nous avons parlé des affaires courantes. Son attitude était tout à fait normal. » 

Si Vishnu Lutchmeenaraidoo s’est muré dans le silence et s’en tient à sa déclaration « enough is enough », on explique, dans son entourage, que ce sont les « humiliations à répétition » qui ont eu sa peau. Depuis qu’il était devenu ministre des Affaires étrangères le 14 mars 2016, Vishnu Lutchmeenaraidoo n’avait que très rarement fait partie des missions officielles à l’étranger dirigées par le Premier ministre.

En février 2019, alors que Pravind Jugnauth avait emmené plusieurs ministres avec lui en visite d’État en Inde, Vishnu Lutchmeenaraidoo n’était pas de la partie. Idem pour la visite officielle que le chef du gouvernement a faite en Chine l’année dernière. 

Sur le dossier de la revendication mauricienne sur l’archipel des Chagos, le rôle du ministre des Affaires étrangères a été transparent. En septembre dernier, quand sir Anerood Jugnauth a défendu le dossier devant la Cour internationale de justice (CIJ) à La Haye, Vishnu Lutchmeenaraidoo n’a pas été invité à faire partie de la délégation. Le 25 février, quand le verdict est tombé, c’est l’Attorney General, Maneesh Gobin, qui a été délégué à la CIJ.

Au Conseil des ministres, Vishnu Lutchmeenaraidoo était réduit au silence. Après avoir été régulièrement rappelé à l’ordre, celui qui a occupé le poste de ministre des Finances de décembre 2014 à mars 2016 préférait se montrer discret. C’est du moins ce qu’on indique dans son milieu proche. 

« Il était totalement isolé. Et cette frustration a éclaté le 13 mars lors du forum organisé par l’Economic Development Board à Balaclava », explique notre source. Dans son discours ce jour-là, il affirme, devant le président malgache, avoir « honte » du taux de croissance de 3 % dans lequel Maurice est enfermé depuis ces 10 dernières années. Il critiquera aussi le gouvernement pour ne pas avoir fait avancer le projet de port de pêche en trois ans. 

Des propos très mal pris au bureau du Premier ministre. Car c’était Pravind Jugnauth lui-même qui était visé. Premier ministre, mais aussi ministre des Finances, il est responsable de la croissance économique et du port. Depuis ce jour, le message envoyé par le Bâtiment du Trésor était clair : « Si Monsieur Lutchmeenaraidoo n’est pas content et a honte de la performance du gouvernement, il peut partir. » 

Au retour de Pravind Jugnauth, une sanction allait être prise, confirme un de ses collaborateurs. Cette sanction allait très probablement être un limogeage. Conscient aussi de n’avoir que peu à perdre car étant sûr de ne pas avoir d’investiture aux prochaines élections, Vishnu Lutchmeenaraidoo a donc préféré prendre la porte de sortie.

 


Les beaux jours de la « nasion zougader » : Comment le gouvernement a désavoué l’ex-ministre des Affaires étrangères 

Lors de la présentation de son premier Budget au sein de l’Alliance Lepep, l’ancien ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, avait déclaré, en grande pompe, la guerre à la « nasion zougader ». Mais graduellement, les Mauriciens sont devenus plus « zougader » que jamais. Le ministre des Finances d’alors avait annoncé la fin de la publicité sur les jeux et une interdiction d’octroyer de nouvelles licences, sauf pour les casinos, pendant une période de cinq ans. Il y avait aussi une interdiction pour les cartes à gratter. Même les Gaming Licence Fees et les Betting Taxes avaient connu une hausse. Il avait aussi annoncé que les municipalités et les conseils de district délocaliseraient toutes les maisons de jeu au cours des trois prochaines années. Mais rien n’y fit. 

L’année dernière, Lottotech a lancé son deuxième tirage qui se fait les mercredis. Ajoutée à cela, la Loterie verte est passée sous la férule de la Loterie nationale. Avec Pari Mutuel Urbain, les amoureux des courses hippiques peuvent miser sur les courses les vendredis, les samedis et les dimanches. Ils peuvent aussi miser sur le football étranger avec la société britannique en ligne Bet365. Même le nombre de succursales des organisateurs des paris a augmenté depuis 2015. Depuis l’année dernière, 32 nouvelles succursales ont commencé à opérer à travers le pays, ce qui porte leur nombre à plus de 200. Bref, les chiffres d’affaires de ceux qui offrent des paris sont en parfaite santé malgré ce que Vishnu Lutchmeenaraidoo avait annoncé. 

 

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