2021 devait être l’année de la relance pour le tourisme. Mais vu l’évolution de la pandémie de Covid-19 dans le monde, c’est incertain.
C’est la grande désillusion pour les opérateurs touristiques en ce début d’année. L’espérance d’une amélioration de la situation concernant le Covid-19, qui allait relancer l’industrie, s’est transformée en cauchemar pour de nombreux opérateurs.
Si certains ont pu sortir temporairement la tête hors de l’eau avec les festivités de fin d’année, notamment en ce qu’il s’agit des réservations dans les hôtels, les autres peinent à joindre les deux bouts, indique Ajay Jhurry, président de l’Association of Tourist Operators (ATO).
Incertitude et inquiétude
Il explique que, parmi la trentaine de métiers liée au secteur, les tour-opérateurs et ceux qui sont dans la location de voitures, par exemple, sont « grounded ». « Ces entreprises ne sont pas appropriées pour le marché local, ce qui fait qu’ils sont au point mort en ce moment », dit-il.
Pour lui, ce n’est que dans trois mois ou plus, dépendant de l’efficacité des vaccins sur les marchés émetteurs de touristes, qu’il y aura une éventuelle relance de l’industrie. Mais pour l’heure, il y a beaucoup d’incertitude et d’inquiétude en ce qu’il s’agit de la nouvelle variante de Covid-19.
Jean-Michel Pitot, président de l’Association des hôtels et restaurants de l’île Maurice (Ahrim), est, lui aussi, inquiet par rapport à l’avenir du secteur. « Il y a tellement de développements négatifs dans le monde entier. Plus il y aura des problèmes sur le plan international, plus cela va retarder la visibilité concernant le plan de relance de l’industrie », soutient-il.
Il ajoute que l’association espérait commencer 2021 avec plus de clarté, mais ce n’est pas le cas : « Nous craignons que la situation soit plus compliquée à l’avenir. » Ce qui fait planer le spectre des licenciements, s’il n’y a pas de soutien de l’État.
« La situation devient de plus en plus préoccupante. L’État semble nous aider jusqu’au mois de juin. Nous espérons que les choses vont se décanter d’ici là », dit-il. Une vingtaine d’hôtels sur la centaine que compte le pays ont ouvert leurs portes à la clientèle locale durant la période festive, ajoute le président de l’Ahrim. « Nous allons continuer à le faire, car nous n’avons pas d’autre choix pour essayer de survivre », dit-il.
Fermeture des hôtels
Mais en dehors de la période festive, cela risque d’être difficile de remplir les établissements, estime Daniel Saramandif, président de l’Association of Tourism Professionnals (ATP). « Nous avons pu souffler pendant le mois de décembre avec le marché mauricien. Certains établissements ont eu des réservations variant entre 75 et 100 %, ce qui leur a permis d’améliorer leur situation financière », explique-t-il.
Mais il sera difficile d’atteindre ce chiffre pour la fête du Printemps ou encore la Saint-Valentin, car les gens préfèrent aller dans un restaurant que dans un hôtel pour ces deux occasions, estime-t-il.
Selon lui, afin de limiter la casse, certains hôtels devront fermer les portes, afin de stopper les pertes, car rester ouvert sans accueillir de clients implique des dépenses pour la maintenance. Il attend donc qu’une décision soit prise en ce qu’il s’agit d’une éventuelle extension des centres de quarantaine dont l’échéance a été fixée au 15 février. « Nous devons attendre la décision du gouvernement avant de faire notre campagne de marketing », dit-il.
« Nous ne pouvons qu’attendre une amélioration de la situation. Si les vaccins proposés sont efficaces, la relance du secteur ne se fera pas avant le deuxième ou troisième trimestre », ajoute Bissoon Mungroo, président de l’Association des petits et moyens hôtels.
Pour lui, si l’État ne subventionne pas le secteur touristique, il y aura des licenciements en masse. Il s’attendait à voir la lumière au bout du tunnel en 2021, mais estime que cette année sera au contraire pire que 2020 avec la nouvelle vague de Covid-19 qui sévit dans certains pays.
« Je ne crois pas que les centres de quarantaine vont fermer le 15 février, sauf s’il y a effectivement un vaccin efficace », dit-il. Il souligne également que comme c’est le cas pour le test PCR, un certificat de vaccination devrait être exigé de la part de tout visiteur. « Toutes les précautions nécessaires ont été prises jusqu’à présent pour protéger le pays d’une flambée de Covid-19. Nous devons tout faire pour préserver cela », souligne-t-il. Il ajoute également que les autorités avaient un choix à faire : privilégier l’économie du pays ou la santé de la population et c’est ce dernier qui a primé.
Même si, sur le plan de la santé, Maurice semble être mieux loti que d’autres pays, le président de l’Association des petits et moyens hôtels craint une pénurie alimentaire, avec les retards qui peuvent surgir dans l’acheminement des marchandises. Il redoute aussi que certains pays refusent d’exporter certaines denrées alimentaires.
Demande de moratoire pour les taximen
Les taxis ayant les hôtels pour base d’opérations sont aussi inquiets de la situation qui prévaut en ce moment. Selon Yashpal Murrakhun, président de la Federation of Hotels Taxi Association (FHTA), les chauffeurs de taxi vivent actuellement sur le Self-employed Assistance Scheme de Rs 5 100 accordé par le gouvernement. Mais cette somme est loin d’être suffisante. Selon lui, les propriétaires de taxi sont de plus en plus dans la mélasse avec leurs dettes qui s’accumulent. Ils doivent aussi faire face aux pressions de leurs créditeurs, notamment pour le leasing de leur véhicule, par exemple. D’autres ont des emprunts à la banque qu’ils doivent rembourser. C’est sans compter les autres dépenses : l’assurance et la déclaration de leur voiture, les factures des utilités publiques, les frais scolaires de leurs enfants, entre autres.
« Nous demandons au gouvernement d’apporter des amendements à la loi, afin d’avoir des moratoires pour payer les dettes. » Selon lui, aussi longtemps que l’industrie touristique sera au point mort, la situation sera difficile pour eux.
Situation difficile pour les marchands de produits artisanaux
« Nous pensions que la situation allait s’améliorer au début de cette année, mais tout laisse croire que nous allons toucher le fond. » C’est ce qu’estime le porte-parole de la Plate-forme 232 du marché central de Port-Louis, Varouna Renghen. Il explique que les marchands de produits artisanaux ont connu une baisse de leur chiffre d’affaires depuis la pandémie du Covid-19.
S’il y a eu un semblant de reprise en juin 2020, les ventes ont de nouveau chuté par la suite. Il considère lui aussi que le Self-employed Assistance Scheme de Rs 5 100 n’est pas suffisant et qu’actuellement ils doivent puiser dans les économies. Contrairement aux années précédentes, seulement cinq des 69 étals étaient ouverts en ce début d’année, faute de clients. Outre les marchands, les fournisseurs sont aussi dans une situation difficile, affirme le porte-parole de la Plate-forme 232.
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