Live News

Le programme de mise à niveau divise les acteurs de l’éducation 

Les enjeux sont de taille pour le monde éducatif qui doit s’assurer que tous les élèves soient du même niveau.
Publicité

La reprise des cours est loin d’être anodine pour les élèves et les enseignants. Outre la sécurité sanitaire, une mise à niveau est au programme pour les étudiants après plusieurs mois de cours en ligne. Les enjeux sont de taille pour le monde éducatif qui doit s’assurer que tous les élèves soient du même niveau. Bilan avec des acteurs du secteur éducatif.

La rentrée en présentiel est une tâche laborieuse pour les enseignants. Après plusieurs semaines de cours en ligne, ils ont la lourde responsabilité de s’occuper des élèves qui ont des besoins différents. Ils doivent procéder à une mise à niveau avant de poursuivre le cursus scolaire. 

Les avis sont mitigés sur le taux de régression. Certains syndicats soulignent la nécessité d’un travail assidu et rigoureux, afin d’assurer la continuité de la scolarité.   

Vishal Baujeet, membre exécutif de la Government Teachers Union, est optimisme concernant cette rentrée en présentiel, tant attendue. Il assure que ce sentiment est partagé par les élèves et les parents. Ils s’accordent tous pour dire que l’enseignement, face à face, est impératif afin de terminer l’année scolaire. 

Malgré les cours télévisés, au niveau primaire, les enfants ne sont pas aptes à adopter un autre mode d’apprentissage que le face-à-face "

Vishal Baujeet, membre exécutif de la Government Teachers Union.
Vishal Baujeet, membre exécutif de la Government Teachers Union.

Temps d’adaptation

« Malgré les cours télévisés, au niveau primaire, les enfants ne sont pas aptes à adopter un autre mode d’apprentissage que le face-à-face. Le présentiel semble être plus approprié pour les élèves de cet âge. Ce qui permettra d’évaluer les élèves », dit-il.  

Toutefois, il est d’avis qu’il est beaucoup trop tôt pour faire un bilan sur le taux de régression des élèves. Il estime qu’il faut laisser le temps aux élèves pour qu’ils se mettent dans le bain. On aura ensuite une meilleure compréhension de leur situation académique et leurs besoins en termes de la mise à niveau. 

« Le taux de présence dans les écoles est très positif. Ils sont motivés à suivre le cursus scolaire. Idem pour les enseignants qui sont prêts à faire le suivi avec les élèves en présentiel. Ils sont formés pour procéder à une évaluation informelle, afin de situer les enfants. Cependant, ce n’est qu’après une semaine en présentiel que nous pourrons déterminer comment procéder pour compléter le cursus scolaire. Les élèves ont besoin d’une certaine période d’adaptation après avoir été coupés de ce mode d’apprentissage. »   

Il ajoute que l’extension du calendrier scolaire permet à la majorité des élèves d’avoir amplement le temps de retrouver leur niveau. « Rien ne presse. Avec l’extension du calendrier scolaire, il n’y a heureusement plus besoin de cravacher pour terminer le cursus scolaire. Je suis confiant que les élèves ainsi que les enseignants auront le temps de travailler en symbiose. Les élèves pourront mieux assimiler afin d’être promus dans leurs grades respectifs », renchérit-il. 

Rattrapage

Anand Seewoosungkur, président de la Mauritius Head Teachers' Association, partage le même avis. Il a sondé ses élèves. « Je ne parlerais pas de régression majeure. Certes, la longue absence de l’école en présentiel a affecté certains enfants. Une minorité de 15 % a été désorientée et a besoin de cours de rattrapage et d’un soutien psychologique. Cependant, le reste montre une maturité, car ils ont grandi physiquement et académiquement. De nombreux élèves ont pu acquérir des concepts qui étaient auparavant compliqués pour eux. »   

Le maître d’école explique qu’un programme de mise à niveau a été mis en place pour les élèves moyens. 

« Pour situer les élèves, nous leur avons soumis à un contrôle inofficiel. Nous avons utilisé des Learning packs. Par la suite, certains enseignants ont commencé des programmes de rattrapage. Ils ont passé en revue les devoirs complétés. Ainsi les révisions s’enchaînent et les élèves poursuivront bientôt le cursus scolaire à un rythme normal. Les élèves fournissent les efforts attendus. Nos enseignants sont à leur chevet, afin de les remettre en confiance et de les faire redécouvrir les joies d’être sur les bancs de l’école », assure-t-il.   

Décrochage

Patrick Freynaud, président de la Secondary and Preparatory School Teachers and Other Staff Union, quant à lui, note le décrochage de nombreux élèves à cause des manquements des cours en ligne. 

« Le taux d’absentéisme lors de cette première semaine de présentiel témoigne du manque d’information et d’une gestion du ministère de l’Éducation qui laisse à désirer. Le ministère de l’Éducation aurait dû déjà préparer en concertation avec les partenaires de l’éducation les cours en ligne. Car on constate qu’il y a eu beaucoup de décrochage. Le contenu du cursus scolaire n’a pas été établi correctement. Certains n’ont pas pu profiter des facilités offertes à cause de problèmes de connexion. Les enseignants du privé en font partie. Il y a aussi l’effet psychologique chez les enfants et le stress chez les parents. Ce qui a créé une disparité. C’est une des raisons pour laquelle le ministère a renvoyé les examens en octobre. »   

Faire une évaluation pour pouvoir enchaîner avec les examens est inimaginable pour l’instant. Car les élèves prennent du temps pour retourner vers l’éducation "

Gros défis

Avec ces conditions, loin d’être idéales, il explique que la rentrée en présentiel accentuée par les cas de Covid-19 dans l’établissement scolaire n’a pas été évidente pour les élèves et les enseignants. Selon lui, les enseignants auront un travail plus élaboré et complexe à faire avec les enfants. « On se pose la question : où se situe l’élève par rapport à son statut d’enfant, son développement intégral et son apprentissage personnel ? Faire une évaluation pour pouvoir enchaîner avec les examens est inimaginable pour l’instant. Car les élèves prennent du temps pour retourner vers l’éducation.

Certes, il y a des élèves qui s’adaptent très vite grâce à leur niveau. Mais ce n’est pas le cas des élèves de l’Extended ou même du mainstream dont le niveau a été baissé. Cet écart a créé un malaise. On ne peut pas parler de cours de rattrapage, car avec les décrochages, il faut tout reprendre ! »  

Sooryatanand Meetooa, le président de l’Education Officers Union, abonde dans le même sens que son confrère des collèges privés. Selon lui, cette rentrée en présentiel est teintée de gros défis. Il estime que le taux de régression parmi les élèves est inquiétant. « Un taux de 30 - 35 % d’élèves ont décroché, car ils n’ont pas suivi les classes en ligne et ça rend la tâche beaucoup plus difficile. Du côté des collèges d’État, nous faisons un récapitulatif en commençant par les chapitres les plus abordables et tout ce qui a été fait durant les cours en ligne. Des contrôles sont également au programme. Par la suite, nous entamerons le cursus scolaire. Les enseignants sont disposés à faire le travail nécessaire pour ramener les élèves sur la bonne voie, mais c’est quand même un gros défi à relever », conclut-il.   

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !