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La France dévoile son plan pour la culture, à Maurice l’avenir s’annonce sombre, selon des artistes 

La culture est l'un des secteurs les plus impactés par la crise sanitaire. Le président français, Emmanuel Macron, a dévoilé son plan de sauvetage pour la culture. Si les événements rassemblant plus de 5 000 personnes n'auront pas lieu, cet été le gouvernement français n’empêche pas "les créations" de revenir à partir du 11 mai avec un public réduit.

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Les librairies, les musées, les disquaires, les galeries d'art,  les théâtres devraient pourront rouvrir leur portes, toutefois un point serait organisé fin mai et début juin pour tout confirmer. Pour de ce qui est des travailleurs de ce secteur qui se retrouvent désormais sans contrats, le chef de l’état a évoqué « la mise en place d'une "plateforme" de mise en relation entre des villes et des écoles et des intermittents du spectacle sans oublier une indemnisation temporaire pour les tournages qui ont été stoppés, annulés ou reportés.»  

A Maurice, l’avenir de la culture s’annonce sombre.  Et ce ne sont pas les acteurs de l’univers culturel et de l’évènementiel qui diront le contraire. 

Amrita Dyalah, artiste-peintre : « Il n’y a pas de plan d’aide pour nous»

amrita« Je suis artiste et je vis de ma peinture. Ma galerie est fermée depuis 2 mois et cela risque de durer encore longtemps. C’est un manque à gagner énorme. Sans compter que cela coute de l’argent pour entretenir une galerie d’art surtout quand vous avez des pièces de collection. Malheureusement il n’y a pas de plan pour nous artistes peintres », dit AmritaDyalah, propriétaire de la galerie d’art du même nom. 

En effet, contrairement à d’autres artistes qui font leur métier de peintre à temps partiel, Amrita  Dyalah avait, elle, décider de changer de métier pour vivre uniquement de son art, il y a  25 ans de cela. Et aujourd’hui elle déplore le fait qu’aucun plan d’aide n’a été mis en place par le gouvernement.

« Beaucoup d’artistes ont un double emploi, moi non. Plusieurs artistes sont dans le même que moi et c’est encore pire pour eux. Moi, je suis considéré comme une PME, je paie la taxe donc je vais sans soute opter pour un prêt bancaire car j’ai aussi besoin de manger et payer les factures. Déjà que la vie d’artiste n’est pas facile. Un plan d’aide du gouvernement serait le bienvenu », dit-elle.

Bruno Raya, auteur, compositeur et interprète : «Pour eux, nous sommes des guignols qui sont un divertissement»

brunoBruno Raya, auteur, compositeur et interprète également porte-parole de l'Association des Auteurs-Compositeurs Mauriciens(AACM), ne cache pas sa colère face à la situation des artistes pendant crise sanitaire.

« J’ai passé mon temps à crier sur les toits, pour dire que la culture est un secteur qui est productif et potentiel mais rien, tout simplement parce qu’ils (les autorités) ne croient pas enla culture. Pour eux nous ne sommes que des guignols qui sont là comme un divertissement. Sans plus», confie Bruno Raya.

Selon lui, les artistes sont en train de souffrir, les hôtels sont fermés, et les évènements annulés et « la vie pour nous les artistes ne retournera pas à la normale de sitôt. Et rien n’est fait pour nous venir en aide». 

Il indique que la France vient en aide au secteur culturel car c’est un secteur qui est bénéfique pour son économie alors que ce n’est pas le cas à Maurice.

« C’est dommage car la culture n’est pas même un secteur qui nécessite de matières premières. ‘Matyer premyer-la trouv dan nu mem’ », confie notre interlocuteur.

Il tient également à faire ressortir que l’aide de la MASA ne peut pas être considérée comme une aide du gouvernement car d’une part tous les artistes ne font pas partie de la MASA et d’autre part parce que les Rs 5 millions distribuées  aux 600 artistes représente une procédure normale et cet argent ne provient pas d’un fonds d’assistance aux artistes, étant le paiement de royalties dans la catégorie ‘recorded music’ pour la période 2018 et 2019.

Pour sortir la tête de l’eau, les artistes envisagent de se tourner vers les plateformes digitales, aussi bien que la radio. 

« Là encore il faut que les radios paient leur dues alors cela va nous aider. Aussi, lesradio pourraient aussi  accorder plus d’espace aux chansons locales dans leur programmation. 50 % serait parfait contre les 7 % actuellement », estime Bruno Raya.  

Sada Rajiah, comédien-réalisateur-producteur-scénariste : «L’avenir s’annonce sombre»

sadaLe comédien-réalisateur-producteur-scénariste, SadaRajiah, ne sait plus sur quel pied danser. Le lancement de ‘SAJ’, film qu’il a produit et qui a été réalisé par Raj Callychurn, devait être joué dans les salles de cinéma en avril, mais a été reporté à une date ultérieure.  Idem pour son film ‘1968’, qui devait sortir fin mai. Ce film a coutéRs 1,6 millions, et 50 % ont été financés  par le National Arts Fund. Mais ce n’est pas demain qu’il pourra bénéficier des recettes.

« L’avenir s’annonce sombre. Les salles de cinéma ne vont pas rouvrir de sitôt. Il faudrait soutenir les acteurs et actrices et autres employés du cinéma local. Si le gouvernement nous soutient alors nous pourrons continuer dans le secteur, au cas contraire il faudra faire autre chose », confie SadaRajiah.

Comme alternative il compte produire des séries télévisées et les revendre à la MBC, « mais nous n’avons qu’une seule station de télévision, cela risque d’être dur».

Ashfaq Algoo, directeur d’une boîte événementielle : «C’est le premier secteur affecté et le dernier qui pourra se relever»

ashfaqAshfaq Algoo, directeur de la boîte événementielle Adrénaline Factory, engagée dans le secteur avec l’organisation de plusieurs spectacles et concerts d’artistes internationaux, ne cache pas ses craintes pour l’avenir du secteur de la culture et du monde du spectacle.

« 2020 est mort. C’est le premier secteur affecté et le dernier qui pourra se relever et il y en a qui ne se relèveront jamais. Je ne pense pas que nous pourrons organiser des grands concerts avec des artistes venant de l’étranger de sitôt. Je suis très sceptique. Même au mois de décembre les artistes ne voudront pas venir et finir en quarantaine, si nous n’avons pas trouvé de vaccin », confie Ashfaq Algoo.

Pour ce dernier, contrairement à la France qui indemnise les intermittents de spectacle, c’est-à-dire les artistes, techniciens du spectacle  lorsqu’ils ne sont pas sous contrat de travail, Maurice n’a même pas une structure de la culture et du monde du spectacle.

« Nous n’avons pas de statut et nous sommes comme des laisser pour compte de la société. 99 % des personnes de l’évènementiel travaillent à temps partiels et sont payées à la journée. C’est un secteur où il y a beaucoup de ‘freelancers’, qui font de longues heures de travail. Certes, c’est bien rémunéré sauf que ses gens-là, de la partie technique et ‘entertainment’, peuvent travailler 15 à 20 jours  par mois. Mais, là il n’y a plus rien et encore moins un plan de sauvetage  », explique notre interlocuteur.

Qui plus est,Ashfaq Algoo précise que le calendrier 2020 avait déjà été établi et plusieurs organisateurs d’évènements ont déjà payé les pre-booking, qui tournent autour 10 % à 50 % du cachet de l’artiste. Et dans plusieurs cas, ils n’arrivent pas à récupérer leur argent.

« Pour un cachet de Rs 3 millions, c’est Rs 1,5 million qui reste bloqué.   Les managers de ces artistes ne veulent pas rembourser. Comment faire pour survivre jusqu’à ce que la vie reprenne son cours ? On ne sait pas. Certains ont déjà commencé à se reconvertir », confie Ashfaq Algoo.

 

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