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Violence à l’égard des femmes : une action durable et coordonnée nécessaire

Patrick Hilbert a réuni sur le plateau, Carole Grimaud, Pooshan Boojharut, Mélanie Valère Cicéron et Catherine Prosper.

Dans le cadre de la Journée mondiale de l’élimination de la violence à l’égard des femmes, Patrick Hilbert a réuni, le mardi 25 novembre, Mélanie Valère Cicéron, présidente de l’ONG Passerelle, Catherine Prosper, de Linion Fam, Carole Grimaud, directrice de Collectif Bloom Again, et Pooshan Boojharut, coordinateur au ministère de l’Égalité et du Bien-être de la famille. Ils ont évoqué des solutions sur le plateau d’Au cœur de l’info.

Les chiffres sont inquiétants. La violence envers les femmes est en hausse, mais ce constat comporte aussi un aspect positif. « Les statistiques montrent qu’il y a une hausse, mais aussi que les femmes dénoncent cette violence », note Mélanie Valère Cicéron. Toutefois, la dénonciation seule ne suffit pas. « Il faut aller vers une prise en charge en profondeur. Assez avec les mesures superficielles ! » Cette violence touche tous les âges et se manifeste également sur les réseaux sociaux, où une « culture de haine » se propage, affectant particulièrement les jeunes générations. Chaque minute dans le monde, il y a féminicide, rappelle la présidente de l’ONG Passerelle, soulignant l’urgence d’agir.

Mais comment expliquer cette hausse ? Pour Catherine Prosper, la réponse passe par une éducation inadaptée. « Il faut commencer par l’éducation des enfants, inculquer les life skills », explique-t-elle. Elle dénonce un système qui privilégie les matières académiques au détriment des valeurs fondamentales et de l’éducation sexuelle.  « Le programme éducatif n’aide absolument pas. Les cours de citizenship ou de human values sont optionnels et largement insuffisants », ajoute Mélanie Valère Cicéron. Carole Grimaud pointe aussi du doigt le patriarcat. « L’agressée quitte le foyer et l’agresseur reste impuni. Notre système patriarcal fait que la femme ne peut rien faire sans son mari », dit-elle.

Victimisation 

Les conséquences de cette violence sont lourdes. Les femmes sont confrontées non seulement aux agressions, mais aussi aux difficultés administratives et sociales qui s’ensuivent. Catherine Prosper constate que certaines femmes n’ont d’autre choix que de retourner dans le foyer dans lequel règne la violence. À cela s’ajoutent la violence économique, psychologique, numérique et les problèmes liés à la drogue. Le constat est clair : les réponses actuelles restent superficielles et largement insuffisantes.

Violence numérique

Pourtant, les solutions existent et requièrent une approche globale. Mélanie Valère Cicéron insiste sur la nécessité d’un accompagnement psychologique dès la sortie d’une relation abusive et rappelle que « donner une maison est un droit fondamental », dénonçant l’absence d’abri pour les femmes. L’efficacité du système pénal est également mise en question, car les protection orders sont souvent difficilement appliqués et ne protègent pas toujours. Elle insiste sur l’importance de structures adaptées à tous les cas pour éviter que les femmes retournent auprès de leurs agresseurs.

La masculinité positive est essentielle pour réparer les travers de la société patriarcale. « Respect et protection ne diminuent pas la masculinité », explique Mélanie Valère Cicéron. Carole Grimaud indique que de nombreux hommes soutiennent les femmes, généralement dans le silence, mais leur rôle est crucial.

Le numérique est un terrain de violence supplémentaire. Pooshan Boojharut attire l’attention sur la violence en ligne. « Les gens pensent qu’ils peuvent faire et dire ce qu’ils veulent sur Internet, sans considération pour les autres. » Il appelle à sensibiliser dès le plus jeune âge sur le respect et la responsabilité numérique.

Le coordinateur au ministère de l’Égalité et du Bien-être de la famille explique qu’avec l’élaboration du Domestic Abuse Bill, la protection et la prise en charge des victimes seront renforcées.  

Le constat est clair. Il ne suffit plus de débattre ou de multiplier des campagnes. La violence envers les femmes est un problème systémique, enraciné dans l’éducation. Les ONG et le ministère appellent à une action durable et coordonnée, qui repense le système éducatif, renforce le suivi psychologique et social et intègre les hommes dans la lutte. En cette Journée mondiale de l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le message est sans équivoque : il est grand temps d’agir en profondeur pour protéger les femmes, prévenir les abus et construire une société dans laquelle chaque femme peut vivre en sécurité.

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