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La compensation salariale : un atout électoral

Cette compensation de Rs 1 500 à Rs 2 000 est le début d’une offensive politique.

L’augmentation salariale, de Rs 1 500 à Rs 2 000, vise à compenser la baisse du pouvoir d’achat. Néanmoins, il est indéniable que cette décision revêt une dimension politique. Car elle s’inscrit dans la perspective des élections de 2024.

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Le ton est clairement défini pour l’année 2024. Les observateurs politiques estiment que la décision gouvernementale d’accorder une compensation salariale de Rs 1 500 à Rs 2 000 à tous les employés est motivée par les élections générales. Des annonces populaires similaires sont anticipées pour mobiliser le soutien électoral.

De son côté, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, insiste sur la réalisation des projets nationaux et la préparation du prochain budget. De nombreux observateurs pensent que toutes les actions et décisions à venir seront désormais prises dans un contexte essentiellement électoral. 

Selon l’analyste politique Abdallah Goolamallee, la compensation salariale aura un impact positif sur une grande partie de la population. « Cette augmentation salariale sera accueillie favorablement et apportera un soulagement aux plus démunis », estime-t-il. Et sur le plan politique, le gouvernement tirera un grand bénéfice de cette initiative.

Selon lui, l’octroi d’une compensation aussi substantielle montre que le gouvernement est en campagne électorale. Pour lui, le parti au pouvoir dispose de beaucoup d’atouts pour prendre une longueur d’avance sur ses adversaires. « Cette initiative gouvernementale marque le début d’une offensive politique », dit-il.

Pour Faizal Jeerooburkhan, observateur politique et membre de Think Mauritius, la décision d’accorder cette compensation salariale est un acte de désespoir du gouvernement. Selon lui, cette mesure vise à obtenir le pardon du public pour les scandales durant le mandat du Mouvement socialiste militant. Il considère que cette décision est démesurée, compte tenu de l’état financier critique du pays, comme l’a confirmé le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, en ce qui concerne la Contribution sociale généralisée.

« Je pense qu’il s’agit d’un coup de poker du gouvernement. » Il ajoute que cette décision vise à faire taire l’opposition. Il fait observer l’annonce de cette mesure. Elle coïncide avec la période festive et incitera les gens à faire des achats, à sortir et à positiver.

Géraldine Hennequin, fondatrice d’Idéal démocrate, critique ouvertement la décision gouvernementale. Pour elle, le « cynisme politique a encore frappé ». Elle ajoute que pendant cinq ans, le Premier ministre a été incapable d’apporter des réponses structurelles à l’économie. Elle pointe du doigt l’incapacité du gouvernement à freiner la dépréciation de la roupie. Elle trouve ironique que le Premier ministre se présente aujourd’hui comme le sauveur.

Pour elle, le timing de cette compensation salariale est « triste et révoltant» . Elle estime que cette hausse aurait pu être graduée et pensée de manière à ne pas déstabiliser les petites et moyennes entreprises et les très petites entreprises. Alors que celles-ci ont fait preuve de résilience après la pandémie. Elle souligne deux conséquences probables de cette décision. Elle pourrait générer des effets contraires : des licenciements, une hausse des prix, l’inflation...

Elle demande pourquoi le ministre des Finances n’a pas annoncé cette mesure lors de la présentation du budget en juin. Elle suggère qu’il aurait pu envisager une concertation élargie, incluant entreprises et syndicats.

L’année 2024 se profile comme une période électorale, caractérisée par des promesses et des mesures populistes.

Montant demandé, montant obtenu pour les syndicalistes 

Haniff Peerun : « Il faut un contrôle rigoureux des prix »

Le président du Mauritius Labour Congress, Haniff Peerun, est satisfait, car cette compensation salariale de Rs 1500 à Rs 2000 va permettre aux familles les plus démunies d’améliorer leur pouvoir d’achat. Toutefois, il souhaite que le gouvernement vienne aussi avec un contrôle rigoureux des prix pour éviter une cascade d’augmentations des prix suivant le paiement de cette compensation en janvier prochain. « Il est impératif que le gouvernement introduise un contrôle, tant sur les produits alimentaires que sur les médicaments dans pharmacies privées pour éviter que cette compensation salariale soit vite engloutie par des hausses en cascade des prix» dit-il.

Devanand Ramjuttun : « Veiller à ce que cette compensation ne soit pas engloutie par l’inflation »

Devanand Ramjuttun, Assistant secrétaire de la National Trade Union Confederation, exprime sa satisfaction quant au taux de la compensation salariale. « Nous avions travaillé sur les impacts de l’inflation sur les travailleurs avant de soumettre une demande de Rs 1 975 en guise de compensation pour permettre aux travailleurs de recouvrer leur pouvoir d’achat. Je suis d’autant plus satisfait que cette compensation est au-dessus du salaire minimum de Rs 15 000 », souligne-t-il.

Par ailleurs, le dirigeant syndical plaide en faveur d’un contrôle rigoureux des prix dans le commerce pour éviter que cette compensation salariale ne soit rapidement absorbée par une augmentation des prix.

Radhakrishna Sadien : « Il faut mettre en place au plus vite un Tribunal contre l’accaparement »

Si le président de la Confederation of Independent Trade Unions, Radhakrishna Sadien, est satisfait que les travailleurs au plus bas de l’échelle aient bénéficié d’une compensation salariale de 10 %, il regrette néanmoins que ceux de la classe moyenne touchant jusqu’à Rs 50 000 par mois n’aient obtenu que 4 %. « J’estime qu’il est important que les salariés de la classe moyenne bénéficient du même pourcentage, car ils sont aussi écrasés par l’inflation », dit-il. Il justifie également cette demande car, contrairement aux plus défavorisés de la société, ils ne bénéficient pas d’un filet de protection. Parallèlement, il a également lancé un appel pour que les prix soient contrôlés dans le commerce. « Je souhaite aussi que le gouvernement mette en place au plus vite un Tribunal contre l’Accaparement et que les amendes pour le non affichage des prix dans le commerce soient lourdement sanctionnées.

Jane Ragoo : « Les plus démunis pourront mieux subvenir aux besoins de leur famille »

La secrétaire de la Confédération des Travailleurs du Secteur Privé exprime sa satisfaction quant à la compensation salariale accordée aux salariés, allant de Rs 1 500 à Rs 2 000. « C’est le même montant que celui que nous avions demandé dans notre mémoire, et nous en sommes pleinement satisfaits », affirme-t-elle. Elle est d’autant plus satisfaite que les salaires, allant du plus bas jusqu’à Rs 20 000, ont bénéficié d’une compensation de 10 %, soit un taux plus élevé que le chiffre officiel de l’inflation qui est de 7,2 %. « Si l’on ajoute le salaire minimum de Rs 15 000, la compensation salariale de Rs 1 500 et la CSG Allowance de Rs 2 000, les travailleurs se trouvant au plus bas de l’échelle auront des revenus mensuels de Rs 18 500. Ce qui leur permettra de mieux subvenir aux besoins de leurs familles », ajoute-t-elle.

Clency Bibi : « Il faut des mesures pour stabiliser la roupie »

Le président de la General Workers Federation, Clency Bibi, ne cache pas sa satisfaction. « Nous avons toutes les raisons d’être satisfaits », souligne-t-il. Toutefois, il réclame  l’imposition d’un contrôle des prix pour protéger le pouvoir d’achat des travailleurs et souhaite des mesures pour stabiliser la roupie mauricienne, car la dépréciation de la roupie provoque aussi des hausses de prix dans le commerce.

Deepak Benydin : « Satisfait à 100 %  »

Le président de la Federation of Parastatal Bodies & Other Unions, Deepak Benydin, affirme qu’il est satisfait à 100 % que sa demande pour une compensation salariale allant de Rs 1 500 à Rs 2 000 a été agréée. « Avec la hausse du salaire minimum, la compensation salariale et la CSG Allowance, les travailleurs se trouvant au plus bas de l’échelle sont garantis de toucher des revenus d’au moins Rs 18 500 par mois », souligne-t-il.

 

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