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Journée mondiale : CEO, Managers, entrepreneures… leurs messages pour les femmes

La femme est célébrée à travers le monde ce 8 mars. L’occasion pour le Défi Économie de donner la parole à des femmes qui contribuent d’une manière ou d’une autre à l’avancement de l’économie. Elles nous dévoilent comment elles comptent célébrer cette journée spéciale, tout en livrant leurs messages aux femmes.

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Mala Chetty, entrepreneure : «Une célébration dans la gratitude» 

mala« Nous avons acquis beaucoup de libertés et de protection, contrairement à d’autres sociétés. Le 8 mars, j’exprimerai donc ma reconnaissance d’être à Maurice plutôt qu’ailleurs », affirme Mala Chetty. L’entrepreneure compte aussi signifier sa gratitude de faire partie de cette génération de femmes qui ont apporté beaucoup de choses à la société et qui ont contribué au développement du pays. « Ce sera une célébration dans la gratitude. Apprécions ce que nous avons : la liberté, une qualité de vie et de salaire et le fait que la Mauricienne peut pratiquer quasiment tous les métiers », ajoute-t-elle. 

Pour Mala Chetty, le 8 mars est aussi une journée où l’on ne célèbre pas que les jeunes, mais aussi celles qui ont tout donné pour que nous soyons ce que nous sommes aujourd’hui. Elle a aussi une pensée pour toutes ces femmes qui ont beaucoup apporté à leurs familles et la société, mais qui se retrouvent malheureusement dans l’abandon et la solitude sans espoir d’avenir.


Christina Sam See Moi, Senior Manager chez Innodis : «Il faut croire dans ses rêves» 

christinaC’est au travail que Christina Sam See Moi passera le 8 mars. « Ce sera une journée de travail où j’assumerai mes responsabilités comme d’habitude. C’est une façon de célébrer et de contribuer à ma façon à l’économie et à l’avancement du pays, surtout en ces temps difficiles », affirme la Senior Manager chez Innodis. Son message aux femmes : elles doivent croire dans leurs rêves et se dépasser pour les réaliser. « Il faut trouver l’équilibre entre la vie familiale et ses rêves. Il ne faut pas se dire que quand on est femme, il faut sacrifier l’un ou l’autre », ajoute-t-elle.


Nikita Anodin, entrepreneure et gagnante de la 3e édition de Lottotechseeds : «Je rappelle aux femmes qui m’entourent qu’elles sont belles, courageuses et qu’il faut qu’elles prennent soin d’elles» 

nikitaLa Journée internationale de la femme pour Nikita Anodin est avant tout l’occasion de célébrer les progrès accomplis pour le bien-être des femmes sur les plans social et économique. 

« Les femmes sont plus indépendantes et libres par rapport aux années précédentes. Elles ont les mêmes droits que les hommes, que ce soit dans la vie sociale et au travail », fait-elle observer. Auparavant, les femmes évoluaient dans certains secteurs seulement. « Maintenant, on voit des femmes courageuses qui font des métiers d’hommes pour subvenir aux besoins de leur famille. » Elle ajoute que la femme peut être travailleuse, épouse et mère en même temps.

« Cette journée est l’occasion de montrer la force et la patience des femmes au quotidien et de lutter contre la violence et la maltraitance envers elles. » C’est une journée spéciale pour les femmes. « Je rappelle aux femmes qui m’entourent qu’elles sont belles, courageuses et qu’il faut qu’elles prennent soin d’elles. »


Stéphany Noëllis, fondatrice et CEO de Zenlife : «Je lance une chanson dédiée aux femmes»

stephanyStéphany Noëllis marquera la Journée internationale de la femme d’une pierre blanche. En effet, elle lancera un single qui s’intitule « Femme » le 8 mars. « Cette chanson parle de la violence contre les femmes », confie-t-elle. Elle est la fondatrice et la CEO de Zenlife et participera à des rencontres avec d’autres entrepreneures la semaine prochaine. L’objectif est d’aborder l’émancipation de la femme dans le monde des affaires. « On dit que le monde du business est un univers d’hommes. Cependant, la femme y a aussi sa place », argue-t-elle.


Stéphanie Lenoir, Managing Director de Fralain Ltd : «Je réfléchis à la chance que j’ai d’être une femme libre» 

stephaniePour Stéphanie Lenoir, le 8 mars n’est pas la fête des mères ou des grand-mères. « Si on veut être précis, ce n’est même pas la journée de la femme. Le 8 mars est la journée internationale des droits de la femme et ce n’est pas du tout la même chose. Il ne s’agit pas d’une fête ni d’une manifestation folklorique et sympathique », indique-t-elle. 

Elle avance que c’est plutôt une journée de lutte et même de colère par rapport aux drames que provoque l’inégalité entre les genres. « Des inégalités qui se réduisent peut-être, un peu, ici à Maurice, mais qui perdurent et s’aggravent ailleurs », déplore-t-elle.

Elle estime qu’il y a des montagnes à déplacer, et beaucoup de combats à mener contre les violences sexistes. Il faut aussi se battre contre le harcèlement, les viols, la discrimination à l’embauche, les inégalités sociales et salariales, entre autres. 

« En ce 8 mars 2023, je réfléchis à la chance que j’ai d’être une femme libre. J’ai une pensée aussi pour les femmes qui subissent des injustices et qui vivent le pire au quotidien », confie-t-elle.


Adilla Diouman-Mosafeer, directrice générale de Talent Lab : «Trouver sa voie et sa voix en tant que femme dans la société»

adilaLa date à laquelle se tiendra l’atelier de travail qu’organise Adilla Diouman-Mosafeer n’a rien d’anodin. C’est le 8 mars qu’il aura lieu sur le thème : trouver sa voie et sa voix en tant que femme dans la société. Le but selon la directrice générale de Talent Lab est de s’accorder un temps de réflexion sur la gestion de la vie professionnelle et personnelle, entre autres.


Sheila Bappoo, politicienne et ancienne ministre de la Femme : «Il nous reste encore beaucoup à faire sur le plan politique»

sheila« Le thème choisi cette année par les Nations unies (Ndlr : la Journée sera placée sous le thème de l’innovation et des technologies pour l’égalité des sexes : pour un monde digital inclusif) est très intéressant. Surtout aujourd’hui, car il est beaucoup question de numérique et d’informatique. Il ne faudrait pas rater cette occasion ». Tel est l’avis de Sheila Bappoo. Pour l’ancienne ministre de la Femme, le pays a parcouru un long chemin pour l’avancement de la femme à divers niveaux : économique, social, culturel… sans négliger son rôle en tant qu’épouse et maman.

Pour Sheila Bappoo, l’une des avancées majeures a été l’éducation gratuite, qui a permis aux filles d’accéder à l’éducation secondaire et tertiaire. « Aujourd’hui, les femmes sont éduquées et sont placées à des hauts niveaux dans divers secteurs », avance la politicienne. Et d’ajouter : « Avec un monde en constante évolution avec divers défis, il nous reste encore beaucoup à faire. En tant que femme politicienne, ce qui m’interpelle, c’est le retard que nous devons rattraper sur le plan politique. Il faut donner les mêmes chances aux femmes de participer à la vie politique et de prendre des décisions aux côtés des hommes », a-t-elle conclu.

Anecdote 

Le 8 mars, Sheila Bappoo passera la journée avec sa famille. « Il y a bien des années, j’avais dit à mon époux que le 8 mars, ce sera lui qui fera le thé. Depuis, il le fait toujours. Mais, ce 8 mars, il n’y aura pas de requêtes. Ce sera tout simplement une journée familiale, car pour la femme, la famille c’est tout son monde. Ce sera aussi une journée à inculquer le respect envers la femme », avance Sheila Bappoo.


Rajshree Thylamay, présidente de l’Union des travailleurs du ministère de la Santé : «Il faut permettre à plus de femmes d’assumer des postes de responsabilité au sein des organisations syndicales»

rajshreeLa présidente de l’Union des travailleurs du ministère de la Santé, Rajshree Thylamay, estime que la femme syndicaliste est bloquée à un certain niveau dans le monde syndical. Elle souhaite qu’on permette à plus de femmes d’assumer des postes de responsabilité au sein des syndicats, fédérations et confédérations syndicales.

Elle regrette qu’il n’y ait pas suffisamment de voix féminines au premier plan dans le monde syndical. « À part Jane Ragoo, de la Confédération des syndicats du secteur privé, qui a pu faire une percée dans le monde syndical, on y trouve peu de femmes aux postes de direction. Je pense qu’il est grand temps de changer cette situation », avance-t-elle. 

Elles demandent aux femmes de ne pas baisser les bras et de se battre pour occuper des postes de responsabilité dans le monde syndical. « Ne vous considérez pas inférieures aux hommes. Mettez en exergue vos compétences », poursuit-elle. 

Elle reconnaît que la vie d’un syndicaliste n’est pas de tout repos. Surtout que la femme doit s’occuper de sa famille, en plus de ses responsabilités syndicales et professionnelles. Elle explique que le travail syndical occupe une grande partie de sa vie et qu’elle a souvent peu de temps à consacrer à sa famille et à ses obligations sociales. « Mais ce n’est pas une raison pour que les femmes baissent les bras », dit-elle.


Jane Ragoo, syndicaliste : «La situation de la femme a évolué»

janeLa secrétaire de la confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP), Jane Ragoo, a une pensée spéciale pour les ouvrières de la zone franche qui ont grandement contribué au progrès économique du pays. Mais elle fait observer qu’elles travaillent dans des conditions très difficiles. 

Comment évaluez-vous l’évolution de la femme mauricienne dans le monde du travail depuis la proclamation de la Journée internationale de la femme en 1975 ?
Certes, la situation a grandement évolué, mais nous sommes toujours dans une société patriarcale. Car fondamentalement le rôle de la femme n’a pas changé. Elles ont le droit de travailler et de sortir librement. Mais quand elles rentrent chez elles, après le travail, elles doivent s’occuper des tâches ménagères, des enfants et de leur mari. Je ne dis pas qu’elles ne doivent pas accomplir ces devoirs. Mais je pense que le mari devrait épauler la femme à la maison. D’ailleurs, c’est la pratique dans plusieurs familles. Ce qui aide à cimenter le lien dans le couple.

Pensez-vous que l’égalité homme-femme est toujours respectée dans le monde du travail ?
C’est sûr qu’il y a eu une grande avancée dans ce domaine depuis que l’État mauricien a ratifié les conventions 100 et 111 de l’organisation internationale du travail. Elles concernent l’égalité de rémunération et la discrimination au travail. Concernant la rémunération, il est bon de savoir que l’introduction du salaire minimum a brisé l’injustice criante au niveau salarial. Depuis janvier 2023, tout employé, dont la durée de travail est de 45 heures par semaine, ne peut toucher un salaire de moins de Rs 12 075 par mois. J’aimerais aussi faire ressortir que Maurice est le septième pays au monde et le troisième en Afrique qui a ratifié, en juin 2022, la convention 190, portant sur la violence et le harcèlement au travail. De plus, la clause 114 de la Workers Right Act interdit toute forme de violence au travail : physique, verbale, psychologique, etc. Ce qui protège la femme et tous les travailleurs contre la violence sur les sites de travail. Cependant, les meilleures législations ne servent à rien sans un changement de mentalité. 

Quels sont les problèmes qui guettent les femmes dans le monde du travail ?
Comme je l’ai dit, s’il n’y a pas un changement de mentalité au niveau des employeurs, les femmes continueront à souffrir de certaines formes d’injustice au travail. Comme on le sait, les femmes sont partagées, d’un côté par leurs responsabilités professionnelles et de l’autre par leur devoir familial. Ce qui explique qu’elles se trouvent parfois dans l’obligation de prendre leurs congés pour s’occuper de leurs enfants ou des personnes âgées qui sont sous leur garde à la maison. Elles ne le font pas de gaieté de cœur. Mais il se trouve que le patronat ne l’entend pas de cette oreille et leur donne des avertissements sous prétexte qu’elles abusent de leurs congés. C’est une situation très stressante pour ces femmes et certaines souffrent de stress et d’autres troubles psychologiques. 

Et depuis 2022, le bureau international du travail a reconnu que la santé et la sécurité au travail font partie des huit conventions de base (Core conventions). J’estime que l’État mauricien doit donc apporter des amendements dans les législations concernant le travail. Les risques psychosociaux et les maladies professionnelles doivent être pris en compte.

À part vous, on entend peu de voix féminines dans le monde syndical. Pensez-vous que la femme est bloquée à un certain niveau dans l’exécutif syndical ?
J’exerce comme syndicaliste à plein temps depuis ces vingt-trois ans. J’ai auparavant travaillé dans l’administration d’une fédération syndicale pendant dix-sept ans. Je dois vous dire que, pour moi, le syndicalisme est comme un sacerdoce. Et je suis fière d’avoir contribué à l’avancement de la femme dans le monde du travail et dans le monde syndical. À ce jour, plusieurs femmes sont des délégués syndicaux sur leurs sites de travail et elles font un travail formidable. Plusieurs font partie du bureau exécutif de la CTSP. Parmi elles : Jioyanah, Noorjahan, Claudette, Karen, Marie Noëlle, Tanya, et Anaïs. Mais, il est aussi vrai qu’on entend plus les voix de Jane Ragoo et de Veena Dholah de la General Workers Federation. Il y a 350 syndicats, vingt-sept fédérations et dix confédérations syndicales à Maurice et ce n’est pas normal. Je pense que ces instances syndicales doivent expliquer pourquoi les femmes ne sont pas au premier plan au sein de leurs organisations. 

En cette journée internationale de la femme, je pense à la grande contribution des ouvrières de la zone franche au redressement de l’économie dans les années 80 et 90. Pourtant on a l’impression que leur contribution n’est pas reconnue à sa juste valeur. Car elles travaillent toujours dans des conditions très difficiles avec de bas salaires. 

En tant que syndicaliste, que pensez-vous de cette situation ? 
C’est pour moi une grande tristesse et je suis révoltée, quand je pense que le secteur de la zone franche est régi par une législation datant de 1984. C’est avant même que Maurice devienne une République. Je suis d’autant plus scandalisée parce que ce secteur emploie une majorité de femmes. Elles sont dans le textile, l’habillement et le sea food hub, entre autres. La zone franche est le seul secteur où les travailleurs sont obligés de travailler pendant 55 heures par semaine (45 heures de travail normal et 10 heures de travail supplémentaires). C’est aussi le seul secteur où les heures supplémentaires ne sont pas calculées sur le salaire minimum de Rs 12 075. Et les employés ont à faire face à de nombreux problèmes.

La journée internationale de la femme 2023 a pour thème : Pour un monde numérique inclusif - innovation et technologie pour l’égalité des sexes. Vos commentaires ?
J’accueille favorablement le thème choisi. C’est dans cette direction qu’on doit se diriger. Je plaide pour que les femmes de tout âge puissent suivre des cours de formation dans le domaine informatique. Elles seront ainsi plus à l’aise dans le monde numérique qui est de plus en plus présent dans notre vie.

 

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