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Health Sector Strategic Plan 2020-2024 - Échec du plan santé : des indicateurs en recul

Loin d’atteindre les cibles fixées dans le Health Sector Strategic Plan 2020-2024, plusieurs indicateurs clés de santé à Maurice révèlent des reculs inquiétants. Les syndicats du secteur de la santé réclament une refonte des stratégies de prévention et de prise en charge.

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Plusieurs objectifs ambitieux avaient été fixés dans ce plan stratégique pour améliorer la santé de la population. Mais à la fin de cette période, les chiffres dévoilés par le ministre de la Santé, Anil Bachoo, montrent une situation préoccupante.

L’espérance de vie, qui devait atteindre 75,5 ans en 2024, est en réalité de 73,9 ans. Le taux de mortalité infantile, attendu à 10 pour 1 000 naissances, reste bloqué à 14,3. Celui des enfants de moins de 5 ans, qui visait 12 pour 1 000, atteint plutôt 15,4. Le taux de mortalité maternelle, censé descendre à 0,35 pour 1 000 naissances vivantes, est en fait de 0,47. Quant aux nouveaux cas de VIH/sida, l’objectif d’une élimination d’ici 2024 est loin d’être atteint, avec 549 cas recensés. Le taux de mortalité de 5 % lié aux maladies non transmissibles (MNT) n’a pas été atteint ; au contraire, ce taux a atteint 13,5 % depuis 2019.

Face à ce constat, le président de la Government Medical and Dental Officers Association (GMDOA), le Dr Meetheelesh Abeeluck, estime que les plans mis en place n’ont pas produit les effets escomptés. « La direction qui avait été prise n’était pas correcte », affirme-t-il. Pour lui, la lutte contre les MNT nécessite des campagnes de sensibilisation « très agressives ». Il rejette les actions superficielles, qualifiées de « show-off », au profit d’une réelle éducation adaptée à la population.

Le Dr Abeeluck insiste sur la nécessité d’un langage simple et accessible, pour les personnes âgées souffrant de MNT, qui ne saisissent pas toujours les risques liés à une hypertension mal contrôlée. Il plaide pour des campagnes mieux structurées, ciblant différents groupes d’âge, avec l’implication active des médecins de la sécurité sociale dans les centres communautaires.

Le concept de médecin de famille, souvent évoqué sans aboutissement, représente selon lui une piste prometteuse, à condition d’assurer des formations spécifiques. Ces professionnels pourraient assurer un rôle de coordination avec les hôpitaux et orienter efficacement les patients vers les soins adaptés.

Sur la question de la mortalité infantile, le Dr Abeeluck souligne une cause inquiétante : la réduction de la limite de viabilité fœtale, passée de 28 à 24 semaines. Or, selon lui, le service de santé publique ne compte aucun néonatologue pour prendre en charge les prématurés nés à ce stade. Il juge cette situation absurde et alarmante. Le Dr Abeeluck estime que la problématique de la toxicomanie contribue à maintenir un niveau élevé de transmission du VIH, en raison de l’usage de seringues contaminées chez les usagers de drogues injectables.

Lacunes

Le président de la Medical and Health Officers Association (MHOA), le Dr Vinesh Sewsurn, met quant à lui en avant les initiatives de dépistage du ministère de la Santé dans les localités. Il note toutefois des lacunes, notamment dans le programme de dépistage scolaire, qui ne touche ni les adolescents plus âgés ni les jeunes adultes (18-40 ans), souvent absents de ces campagnes car engagés dans la vie professionnelle ou universitaire. Selon lui, ce groupe reste largement hors de portée des campagnes menées les week-ends. Il préconise des dépistages réguliers dans les lieux de travail et les universités pour améliorer la détection précoce des MNT.

Le Dr Sewsurn plaide également pour une meilleure éducation nutritionnelle dès le plus jeune âge, face à la montée de la consommation de fast-food. « Même si ces repas sont perçus comme pratiques, ils sont riches en graisses et en glucides », explique-t-il. Il estime essentiel de sensibiliser la population aux risques alimentaires tout au long de la vie.

Concernant l’impact de la pandémie sur les statistiques, il rappelle que de nombreuses personnes souffrant de comorbidités sont décédées à la suite de leur infection à la Covid-19, ce qui pourrait avoir aggravé le taux de mortalité lié aux MNT.

En ce qui concerne la mortalité infantile et maternelle, le Dr Sewsurn appelle à une révision des objectifs et à une amélioration du protocole de suivi des femmes enceintes. Il souligne la nécessité d’un service de proximité renforcé, d’analyses plus poussées pour les femmes à antécédents médicaux, et d’une prise en charge accrue des patientes souffrant de MNT ou à risque de développer un diabète gestationnel ou une hypertension de grossesse.

Sur le front du VIH, il regrette que les campagnes de prévention se soient raréfiées. Il rappelle que le sujet reste tabou pour certains et que d’autres vivent dans le déni. « Le VIH concerne tout le monde. On ne peut pas stigmatiser une catégorie de personnes », insiste-t-il. Il prône des campagnes continues sur les modes de transmission et les moyens de prévention

 

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