La communauté hindoue principalement celle d’origine marathi célèbre avec ferveur Ganesh Chaturthi ce jeudi 1er septembre. À l’occasion de la fête, les Mauriciens de foi hindoue célèbrent le dieu Ganesh dans la prière, le partage et la dévotion.
La fête Ganesh Chaturthi est célébrée durant le mois de « Bhaadrapada » du calendrier hindou, à partir du quatrième jour de la lune croissante. Le dieu Ganesh, fils du dieu Shiva et de la déesse Parvati, est représenté avec une tête d’éléphant sur un corps humain.
Le jour de la fête, des statuettes en argile de Ganesh sont placées dans les maisons ou à l’extérieur pour que chacun puisse lui rendre hommage à travers des prières et des offrandes, telles que des fruits, des feuilles et des sucreries. Les bénédictions du dieu Ganesh sont souvent invoquées car il est considéré comme celui qui brave tous les obstacles.
Ceux qui reçoivent le dieu Ganesh chez eux se parent de leurs habits neufs comme l’on accueillerait un invité. Les prêtres invoquent Ganesh en chantant des mantras, dans un rituel appelé « pranapratishhtha ».
« Les prières ont débuté à travers l’île dès le 31 août en soirée et elles ont duré toute la nuit. Elles sont dites à midi, 18 heures, minuit et 6 heures du matin. Le jour de la célébration, le ‘vishaarjan’, c’est-à-dire l’immersion des ‘murthis’ (statuettes) de Ganesh se fait dans les lacs, les rivières ou la mer », explique le pandit Shantaram Rajoo.
Il indique qu’un bon voyage est souhaité au dieu Ganesh. « Nous lui demandons dans nos prières de retourner l’année prochaine. » Selon le pandit, ils ont la possibilité de célébrer jusqu’au quatorzième jour du calendrier lunaire.
Statuettes en argile
La fête Ganesh Chaturthi est marquée par plusieurs éléments, notamment le jhakri, une danse effectuée le plus souvent par des jeunes, dans des tenues traditionnelles.
Chaque année en cette période, Appa Krishen Row, qui est officier de prison depuis 30 ans, replonge dans sa passion première : la confection de statuettes de Ganesh en argile. Ce Vacoassien de 62 ans raconte avoir commencé à l’âge de 10 ans. Il fait d’ailleurs partie de la quatrième génération de sa famille à en fabriquer.
« J’observais toujours mon oncle avec attention. Puis je prenais une poignée d’argile et je reproduisais ses gestes. » Depuis, Appa Krishen Row n’a jamais arrêté. L’argile est récoltée à Baie-du-Cap. Elle est ensuite nettoyée afin d’enlever les herbes et les roches. Puis elle est pétrie afin de la rendre malléable.
« La confection d’un murthi me prend au moins une semaine. Il faut encore deux à trois jours pour la décoration et la peinture. » Appa Krishen Row a commencé à prendre les commandes 30 jours avant les célébrations. Il n’en a confectionné que quatre jusqu’ici. « C’est après les heures que nous le faisons avec quelques neveux et cousins parfois jusqu’à minuit. Pour nous, c’est devenu un rituel annuel. Nous le faisons avec beaucoup d’amour et de dévotion. »
Célébrations en famille
Chez de nombreux Mauriciens, c’est l’effervescence depuis plus d’une semaine. Ishmal Sumbhoo, habitant de Palma âgé de 25 ans, confie mettre la main à la pâte depuis vendredi dernier. Des marquises sont installées dans sa cour. Les membres de sa famille viennent aider tous les jours à préparer et à cuisiner des gâteaux, tels que des kanarwa ou encore des tekwas.
Les répétitions pour le « jhakri » vont aussi bon train. Ils ont commencé à répéter leurs danses depuis deux mois. Bien qu’ils prévoient des prières le jour de la fête et la veille autour de chansons de dévotions, durant la nuit du 31 août, ils se déplaceront aussi à différents endroits où se tiennent les prières.
« Nous célébrerons le dimanche 4 septembre à la rivière de Richmond. Des prières sont prévues dans la nuit du 3 septembre. Nous avons été très patients pendant deux ans. Cette année, nous pouvons enfin nous rassembler. Pour nous, Ganesh Chaturthi est une fête de partage. On nous apprend qu’il faut retourner à la nature ce qui appartient à la nature », explique l’entrepreneur. Son frère Visham Sumbhoo fabrique lui-même les statuettes de Ganesh chaque année. « C’est sa foi qui l’aide à les confectionner. »
Chez les Collandavaloo, les prières ont débuté mercredi à 18 heures. Selveeda Collandavaloo, 28 ans, se rendra au kovil qui est à deux pas de sa maison le jour de la fête. « Ces deux dernières années, nous avions dû organiser nos prières à la maison, mais cette année, nous pourrons bouger à différents endroits pour les célébrations », explique l’habitante d’Eau-Coulée qui est femme au foyer.
Parents, amis et proches se déplaceront en groupe. Elle explique que d’habitude, ils se rendent à Belle-Mare. Cette année, ils prévoient de mettre de cap sur le Nord et sur Flic-en-Flac pour assister à l’immersion du dieu Ganesh. « Comme c’est un jour sacré, des plats végétariens seront au menu. Je préparerai des ‘ti-pouri’ et sept ‘caris’. »
Vénération du dieu Ganesh à Calebasses
Ganesh est connu comme le dieu de la prospérité. Il élimine tous les obstacles pour ses dévots dans leur vie spirituelle. Pour marquer cette célébration et accueillir comme il se doit le dieu Ganesh dans leur localité, les habitants de L’Espoir, à Calebasses, ont mis les bouchées doubles. Pour cela, c’est la collaboration qui a primé. Leur objectif est avant tout d’inculquer l’importance de perpétuer les traditions à la jeune génération afin d’éviter qu’elle ne tombe dans des fléaux.
À l’occasion de la fête Ganesh Chaturthi, des prières et des mantras sont récités, des « prashaad », soit des offrandes, sont partagés après les prières. Des dîners sont aussi offerts à tous à Calebasses. Le dieu Ganesh se voit offrir des sucreries, telles que le modhak, le laddoo, le barfi et des fruits.
Les habitants ont préparé une programmation s’étalant sur 10 jours pour marquer la fête. Ils ont aussi organisé le « gaw dan », donation d’une vache, des pièces de théâtre, des « bhajans », c’est-à-dire des chants, avant de terminer par une prière.
« Le jour de la fête, nous nous rendrons à la rivière ou à la mer pour immerger les statuettes. Nous demandons au dieu Ganesh d’éliminer les obstacles pour donner sa bénédiction », explique Asha Panchkowry, une habitante de L’Espoir.
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