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Compensation salariale : «Un montant insuffisant» pour certains Mauriciens

Haniff Peerun ne cache pas sa colère. Senior Collet.

Le ministre du Commerce et de la Protection des consommateurs, Michaël Sik Yuen, soutient que la compensation salariale fixée à Rs 635 représente l’effort maximal que le gouvernement pouvait consentir dans le contexte économique actuel. Cette déclaration fait suite à l’annonce officielle de la compensation salariale, une mesure attendue par de nombreux travailleurs, mais qui laisse un goût amer au sein du mouvement syndical.

Si cette annonce était censée apporter un certain soulagement face à la cherté de la vie, plusieurs syndicats estiment que le montant accordé est largement insuffisant. Ils dénoncent l’application d’une formule similaire à celle de janvier dernier, jugée inadaptée à l’évolution du coût de la vie et à l’inflation persistante. Pour ces organisations, l’augmentation annoncée ne répond pas aux réalités quotidiennes des travailleurs.

Face aux critiques, le ministre Michaël Sik Yuen affirme que le gouvernement a agi avec responsabilité. Selon lui, la marge de manœuvre budgétaire reste limitée, compte tenu des contraintes économiques et des efforts déjà consentis pour stabiliser les prix des produits de base.

Du côté syndical, la réaction est vive. Haniff Peerun, président de la Mauritius Labour Congress (MLC), ne cache pas sa colère. Il estime que les travailleurs, qui sont aussi des consommateurs, ne se reconnaissent pas dans cette compensation. « Le montant réclamé était de Rs 800. Ce qui a été annoncé ne reflète pas la réalité du terrain », soutient-il. Il rappelle que, malgré l’injection de Rs 2 milliards via le Price Stabilisation Fund, ce mécanisme a déjà été absorbé et n’a pas permis de freiner durablement la hausse des prix.

Pour le syndicaliste, la situation est préoccupante. « La vie coûte de plus en plus cher et les Mauriciens ont du mal à joindre les deux bouts », affirme-t-il, qualifiant le montant annoncé d’insulte aux travailleurs, qui, selon lui, avaient espéré un réel changement de leurs conditions de vie.

Revenant sur l’argument d’un contexte économique difficile, Haniff Peerun réclame la publication d’un nouveau rapport sur l’état de l’économie. Il estime que le gouvernement ne peut continuer à se référer uniquement aux anciens rapports. « Un an après, le peuple a le droit de savoir où en est réellement l’économie », insiste-t-il.

Enfin, le président de la MLC déplore un manque de considération envers les travailleurs et lance un appel au Premier ministre pour l’adoption de mesures de soutien ciblées en faveur des plus vulnérables. « Il y a une grande colère dans la population. Si rien n’est fait, nous risquons une véritable crise sociale », avertit-il.

Entre résignation et colère face aux Rs 625

L’annonce du barème de la compensation salariale, fixée à Rs 625, n’a pas manqué de susciter de vives réactions dans les rues de Port-Louis. Si certains tentent de composer avec la réalité économique actuelle, beaucoup expriment leur désarroi face à un montant jugé insuffisant pour faire face à la cherté de la vie, particulièrement en cette période de fin d’année.

Rencontré dans la capitale, Senior Collet ne cache pas sa déception. Pour lui, la compensation annoncée est loin de répondre aux besoins des travailleurs. « Je m’attendais à plus, voire Rs 2 000 si l’on regarde les prix actuels. On ne voit pas l’effort du gouvernement à travers cette décision », confie-t-il. Il souligne que si le montant peut sembler supportable pour une personne seule, la situation devient bien plus complexe pour les familles. « Qu’en est-il des foyers avec des enfants en bas âge ? C’est difficile de vivre », ajoute-t-il.

Un peu plus loin, Fadil Chamroo partage le même constat, tout en adoptant un ton plus résigné. Selon lui, le contexte économique impose certaines limites, même si la situation reste difficile pour les ménages. « Komier pou donner, zamai pou ase. Chaque jour, nous devons travailler sans trop nous plaindre. Les prix ont grimpé comme jamais », dit-il. Il estime toutefois que l’avenir devrait être marqué par des mesures plus humaines, notamment pour les plus vulnérables.

La colère est plus marquée chez Lékha Garosurn, quadragénaire, qui estime que le gouvernement aurait dû consentir un effort supplémentaire. « Ce montant est trop peu. Au lieu de nous aider, il n’allège pas les dépenses », déplore-t-elle. Elle évoque un quotidien devenu plus contraignant, où chaque achat est minutieusement réfléchi. « Il faut réfléchir à deux fois avant d’acheter une boîte de fromage ou de margarine. Le panier de la ménagère souffre », confie-t-elle, appelant à une consommation désormais plus prudente.

Pour Juliana Coureur, la situation est d’autant plus préoccupante que certaines allocations sociales arrivent à échéance. « La compensation est faible et les mesures de soutien vont bientôt prendre fin. Je me demande comment certaines familles vont faire », s’inquiète-t-elle. Elle pointe du doigt la hausse persistante des prix du lait et d’autres produits essentiels, estimant que cette pression économique pourrait avoir des répercussions psychologiques. « Cela risque de créer un climat de tension au sein de la population », avertit-elle.

Entre résignation, inquiétude et colère, ces témoignages traduisent un malaise bien réel face à une compensation salariale jugée déconnectée du quotidien de nombreux Mauricien.

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