
- Une demande d’entraide juridique internationale envisagée
L’enquête sur la présumée fraude de Rs 300 millions commise au préjudice de la Mauritius Investment Corporation (MIC) est particulièrement complexe. Robert Seeruttun, Head of Investigation Unit à la Financial Crimes Commission (FCC), a déclaré qu’elle nécessiterait « au moins une année avant d’être complétée ». Réponse fournie le lundi 14 avril 2025 au magistrat Prashant Bissoon, qui voulait des précisions alors que comparaissait Renganaden Padayachy au tribunal de Port-Louis.
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À ce stade des procédures, la FCC n’a exprimé aucune objection quant à la remise en liberté de l’ancien ministre des Finances (voir encadré). Ce dernier a ainsi été libéré sous caution lundi après avoir passé cinq nuits en détention policière. Provisoirement accusé de « fraud by abuse of position » dans le cadre de cette affaire, il lui est reproché d’avoir facilité le paiement excessif de Rs 300 millions par la MIC lors de l’acquisition d’actions d’East Coast Hotel Investment Ltd, gestionnaire de l’hôtel Ambre appartenant au groupe Apavou. Les faits remonteraient à mai 2024.
Plusieurs auditions prévues
Interrogé par le magistrat Prashant Bissoon sur le nombre de déclarations recueillies auprès de Renganaden Padayachy jusqu’à présent, Robert Seeruttun a indiqué que trois ont été enregistrées. La première a été recueillie le 9 avril 2025 de 19 heures à 21 heures ; la deuxième le 10 avril de 16 heures à 19 heures ; et la troisième le 12 avril de 9 heures à 18 heures.
À la question du magistrat de savoir où en est l’avancement de l’enquête, le Head of Investigation Unit de la FCC a précisé que plusieurs éléments doivent encore être vérifiés minutieusement. En effet, au cours de ses dépositions, l’ex-Grand Argentier a mentionné les noms de plusieurs personnes et entreprises. Robert Seeruttun a précisé que ces individus devront être auditionnés, tout comme les directeurs des sociétés citées.
Le responsable des investigations a également souligné que l’enquête s’avère particulièrement complexe. Dans ce contexte, la FCC envisage de solliciter un « disclosure order » en vue d’obtenir des informations détaillées sur les avoirs de l’ancien ministre, ainsi que les relevés téléphoniques des personnes concernées par l’affaire.
Une demande d’entraide juridique internationale (mutual legal assistance) est aussi en préparation pour approfondir certains aspects de l’enquête.
Les quelques mots de l’ancien ministre….
« Pas de commentaire » ou encore « Pa pouse zot pou fer mwa tonbe ». Ce sont les quelques mots que l’ex-ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a prononcés lors de sa sortie du tribunal de Port-Louis lundi. Il était escorté par deux anciens ministres : Deepak Balgobin et Bobby Hurreeram.
C’est vers 10 h 15 que l’ancien Grand Argentier est arrivé à la New Court House, accompagné d’officiers de la FCC. Son homme de loi, Me Raouf Gulbul, était déjà présent. Les slogans « viv mame » ou « voler » ont fusé dès l’arrivée de l’ex-ministre au tribunal. Ce dernier est resté impassible à ces commentaires, esquissant un sourire de temps à autre.
À la suite de l’énoncé des conditions rattachées à sa remise en liberté sous caution par le magistrat Prashant Bissoon, Renganaden Padayachy a été conduit dans un autre bureau au cinquième étage du bâtiment en attendant les procédures relatives. C’est son épouse et un proche qui ont endossé les rôles de cautionnaires. À sa sortie, on a pu entendre les paroles « Champion ministre des Finances » ou encore « Vive Padayachy » scandées en direction de l’ex-ministre des Finances.
Me Raouf Gulbul : « Nou swiv bann evennman aster-la »
« Je suis heureux de constater que mon client a été libéré après quelques jours en détention. C’est un grand jour pour lui. C’est le Nouvel An tamoul », a affirmé Me Raouf Gulbul, l’avocat de Renganaden Padayachy dans une déclaration accordée à la presse. Il a indiqué que son client reste à la disposition des enquêteurs. Il a souligné que cette affaire est complexe, que d’autres personnes seront interrogées et que d’autres preuves et documents seront présentés. « Nou swiv bann evennman aster-la », a déclaré l’homme de loi.

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