
- Quand les fêtes illégales transforment une station balnéaire en zone de non-droit
- Habitants et opérateurs inquiets dénoncent le « laxisme » des autorités
Flic-en-Flac, jadis symbole de détente et de carte postale pour de nombreux Mauriciens et touristes, fait aujourd’hui face à une réalité bien moins idyllique. Entre tapage nocturne, consommation de drogue en pleine plage et fêtes sauvages organisées sans autorisation, le climat s’est progressivement détérioré. La région, notamment aux abords du Débarcadère, devient le théâtre de débordements réguliers qui ne cessent d’inquiéter les habitants, les professionnels du secteur touristique, ainsi que les vacanciers.
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Ce sont désormais les fins de semaine qui cristallisent toutes les tensions. Les nuits du vendredi au dimanche sont rythmées par des fêtes non déclarées, parfois regroupant des dizaines voire des centaines de personnes, souvent accompagnées d’enceintes de forte puissance, d’alcool et, dans certains cas, de substances illicites. Ce phénomène, bien loin d’être anecdotique, prend une ampleur inquiétante et fait l’objet de nombreuses plaintes.
Un professionnel du secteur hôtelier, dont l’établissement est situé non loin du Débarcadère, confie son désarroi. « J’ai dû assister impuissant à une fête nocturne devant mon établissement qui a rassemblé plus de 150 personnes. Cela a duré parfois jusqu’aux petites heures. Mes clients ont été choqués. Ce n’est pas ce genre de vacances qu’ils recherchent. Certains ont même écourté leur séjour. » Si cet événement a été particulièrement marquant, il n’est pas isolé. Ces fêtes, organisées sans permis ni encadrement, se sont multipliées au fil des mois.
Laisser-aller et impunité
Les conséquences sont multiples. D’abord pour les établissements touristiques eux-mêmes, qui peinent à offrir la tranquillité promise à leur clientèle. Certaines structures enregistrent des annulations de réservations ou reçoivent des commentaires négatifs en ligne, entachant leur réputation. Ensuite, les habitants des quartiers avoisinants subissent également ces nuisances sonores, parfois jusqu’à l’aube. Une pétition circule depuis peu, signée par plusieurs riverains excédés par la situation, dénonçant le laxisme apparent des autorités et appelant à un sursaut pour préserver la qualité de vie dans la région.
Ce climat de laisser-aller semble également s’accompagner d’un sentiment d’impunité. Toujours selon notre interlocuteur, les responsables de certaines fêtes n’auraient pas hésité à menacer des vigiles qui tentaient de faire respecter un minimum d’ordre aux abords de leur établissement. « Nous faisons face à des personnes qui n’ont aucun respect pour l’environnement, les lois ou les autres. Quand même les vigiles sont intimidés, on comprend vite qu’il devient difficile de maintenir un climat de sécurité. »
Ce que vivent les professionnels de l’hôtellerie, les habitants peuvent aussi en témoigner. Les nuisances ne se limitent pas au bruit ou à la musique. Le lendemain de ces rassemblements, les plages sont souvent jonchées de déchets : bouteilles, canettes, sacs plastiques, restes de nourriture. Une pollution visuelle et environnementale qui dénature complètement le site, pourtant classé parmi les plus belles plages de Maurice. La circulation de véhicules motorisés sur le sable, autre pratique illégale mais répandue, aggrave encore la situation.
Si des zones précises ont été désignées par les autorités pour organiser des événements festifs en bord de mer, elles ne sont visiblement pas respectées. La plage publique de Flic-en-Flac est prise d’assaut, sans cadre, sans contrôle, et dans une ambiance de plus en plus hostile. Le contraste est frappant avec la vocation initiale de ce site : offrir un lieu de détente et de loisirs accessible à tous, dans le respect des autres usagers.
La situation dépasse aujourd'hui le simple désagrément occasionnel. Elle devient un véritable problème structurel qui remet en cause l’attrait touristique de Flic-en-Flac. Entre l’insécurité grandissante, les agressions rapportées dans les alentours ces derniers mois, et ces fêtes incontrôlées, la station balnéaire perd peu à peu de sa superbe. Les acteurs du secteur, tout comme les habitants, s’interrogent : que faut-il de plus pour que des mesures concrètes soient prises ?
Il ne s’agit pas d’interdire les rassemblements ou la fête, mais bien de les encadrer, de protéger les espaces publics et de restaurer un équilibre devenu précaire. Les enjeux sont clairs : préserver la tranquillité des lieux, garantir la sécurité des visiteurs et des résidents, et sauvegarder une destination touristique dont dépend une partie importante de l’économie locale.
Flic-en-Flac a longtemps été une vitrine de ce que Maurice a de plus beau à offrir. Il est aujourd'hui urgent de veiller à ce que ce joyau ne se transforme pas, à terme, en un espace abandonné aux débordements, au détriment de tous.
Rencontre hôtel/autorités et pétition
Le responsable de l’établissement hôtelier concerné ne reste pas les bras croisés face à la situation. Selon nos informations, il a déjà eu une première rencontre avec les autorités compétentes, notamment la Police de l’Environnement, le ministère de l’Environnement ainsi que la Tourism Authority.
Une pétition a également été lancée afin de sensibiliser les parties prenantes et les riverains sur l’urgence d’une solution durable. D’ailleurs, la direction de l’hôtel se dit prête à contribuer activement à l’aménagement d’une zone déléguée près de la plage, aux abords du restaurant Mer de Chine, laissé à l’abandon depuis plusieurs années. Cette initiative vise à encadrer et canaliser certaines activités sur le littoral dans le respect de l’environnement. Par ailleurs, d’une source au sein de la Police de l’Environnement, nous apprenons que le dossier a déjà été référé pour enquête. Les autorités assurent que des mesures concrètes seront prises bientôt afin de faire respecter la législation en vigueur et garantir une meilleure cohabitation entre opérateurs touristiques, habitants et usagers du domaine public.

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