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Fin du 1er trimestre scolaire 2021-2022 : quelle évaluation dans un environnement inégalitaire ?

Des élèves qui suivent les cours en présentiel.
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Le 5 août dernier, cela fait un mois que les cours à l’école sont en présentiel, mais selon un emploi du temps alterné. Comme à chaque fin de trimestre, les élèves doivent passer des évaluations. Est-ce toujours d’actualité ? Éléments de réponse.

Charon Potier-Joseph, Directrice Générale de Safe and Sound Academy.
Charon Potier-Joseph, Directrice Générale de Safe and Sound Academy.

Le premier trimestre scolaire, qui a débuté le 14 juin dernier, prendra fin le 27 août prochain. Le collège Modern de Flacq a dû fermer ses portes les 27 et 28 juillet dernier après la détection d’un cas positif chez une de ses élèves. La section leader et enseignant d’anglais, Sabeetree Calchand indique que certaines mesures ont été prises pour qu’aucun élève ne soit pénalisé. « Nous avons fait de notre mieux pour rester en contact avec nos élèves  à  travers  les  différents  réseaux  sociaux, notamment WhatsApp,  le site du collège ou encore Zoom. Nous avons aussi pris contact avec les parents pour les informer sur  les  modalités  des  classes », dit-elle. Suite à ce cas, 19 élèves et quatre enseignants sont en isolement à leur domicile. Deux options sont à l’étude, pour  les  examens  de  la  fin  de  ce  1er  trimestre. Si les classes continuent  en  mode  « staggered »,  les  examens  seront  annulés ou si la situation revient à la normale, il sera possible d’organiser les  examens.

Sabeetree Calchand évoque aussi les problèmes possibles qui pourraient surgir d’ici la fin de l’année scolaire en avril 2022. « Au cas où la  situation  actuelle  persiste,  nous  serons  dans  l’impossibilité  de  tenir  les  examens  à  la  fin  de  l’année  scolaire. Il serait pratiquement impossible  de  terminer  le  cursus  scolaire  dans  un  délai  limité. Au cas contraire, si les classes reprennent comme avant,  à  ce  moment-ci,  on  pourrait  tenir  les  examens  en  avril  2022 ».

Tenue des examens

Avec l’école à la maison, les habitudes des élèves ont changé. Cependant, la fin du premier trimestre est sanctionnée par des évaluations. Charon Potié-Joseph, Directrice Générale de Safe and Sound Academy, explique : « Considérant les conditions actuelles, les élèves pourront participer aux examens du premier trimestre, mais il faudra déterminer tout d’abord deux choses : vérifier si le programme d’études établi n’a subi aucune interruption et voir si tous les élèves ont eu à leur disposition les outils informatiques adéquats pour suivre convenablement les leçons en ligne ».

Au niveau du primaire, selon Vishal Baujeet de la Government Teachers’ Union (GTU), « avec la situation sanitaire, les  cours ne peuvent pas se tenir normalement et il n’est pas approprié d'avoir l'évaluation du premier trimestre à ce stade ». Cet instituteur fait ressortir qu’il y a eu dans le passé des circonstances où l'évaluation du premier trimestre n'a pas pu se faire en raison des conditions cycloniques.

Nazima Valaydon, cheffe d’établissement d’Alpha College.
Nazima Valaydon, cheffe d’établissement d’Alpha College.

La situation est différente au secondaire avec la tenue des évaluations continues, un système qui présente de nombreux avantages. Harrish Reedoy, président de l’United Deputy Rectors and Rectors Union (UDRRU), explique : « La force de l'évaluation continue réside dans les informations essentielles qu'elle fournit sur la compréhension des élèves. L'opportunité est aussi accordée aux éducateurs d’évaluer les forces et les faiblesses des élèves tout au long du processus d'apprentissage ».

En principe, dans un calendrier « normal », les éducateurs prévoient trois évaluations pour le premier trimestre. Dans la conjoncture, il se peut qu’il y ait que deux évaluations, voire trois là où c’est possible. Il nous revient qu’une première évaluation a déjà été réalisée par la plupart des éducateurs et les questionnaires ont déjà été rendus aux élèves. Harrish Reedoy affirme que d'ici le 27 août prochain, toutes les évaluations prévues seront effectuées et les résultats seront connus au cours de la première semaine du deuxième trimestre.

Pour sa part, Kristen Nallan, enseignant en informatique, souligne qu’avec Google Class, il est possible de faire des contrôles pour évaluer les enfants. Il ajoute qu’il y a d'autres logiciels qui sont disponibles, mais qui sont payants.

La cheffe d’établissement d’Alpha College, Nazima Valaydon, soutient que l’évaluation continue est avantageuse avec le nouvel emploi du temps. « Si beaucoup ont déjà préconisé l’évaluation continue, on pourrait aussi considérer d’autres stratégies comme le portfolio. Celui-ci va contenir des devoirs qui sont faits lorsque l’apprenant est à la maison, puis corrigés et notés. Les élèves seront encore plus motivés à travailler à la maison, vu que les devoirs seront comptabilisés », fait-elle ressortir.

Amita Boolauky, rectrice du Royal Holloway College.
Amita Boolauky, rectrice du Royal Holloway College.

Classes alternées

La rentrée en présentiel a été marquée par un emploi du temps différent. Trois jours pour ceux qui passeront des examens nationaux et internationaux et deux jours pour les autres. La directrice de Safe and Sound Academy, Charon Potié-Joseph soutient que cette mesure permet l’implémentation du protocole sanitaire qui est recommandé, afin d’assurer la sauvegarde de la santé des élèves, ainsi que du personnel enseignant et non-enseignant.

Nazima Valaydon est d’avis que seul l’emploi du temps alterné n’aurait pas pu apporter un résultat positif sur la propagation de la maladie. « Une réduction du risque est visible seulement parce que l’emploi du temps est combiné avec d’autres mesures, comme la campagne de sensibilisation faite quotidiennement par chaque enseignant. Un emploi du temps revisité peut devenir une stratégie pédagogique qui influencera positivement les pratiques dans un contexte normal », ajoute-t-elle.

Amita Boolauky, la rectrice de Royal Holloway College fait ressortir que la nouvelle normalité est assez difficile à accepter par les élèves qui ne sont pas habitués à un emploi du temps alterné. « L’ensemble du programme scolaire a été perturbé, en particulier pour les collèges secondaires privés qui accueillent majoritairement des élèves avec des difficultés d’apprentissage. Malgré tous leurs efforts, les éducateurs trouvent qu’il n’est pas facile de compléter leurs charges de travail établies, avec le nouvel emploi du temps ». 

Le Royal Holloway College a aussi connu une fermeture d’établissement jeudi et vendredi dernier, après la détection d’un cas positif parmi les élèves. Cette situation n’est pas pratique pour la promotion automatique de certains étudiants. Elle soutient qu’il faut parfois faire un travail assidu pour certains élèves avec des difficultés. Amita Boolauky précise que les deux semaines sont consacrées à combler les lacunes et permettre aux apprenants d’avoir le niveau. Elle ajoute qu’avec le nouvel emploi du temps, les éducateurs croient qu’il est difficile de terminer d’abord le programme établi, ensuite de définir l’évaluation.

« Les cours en ligne n’apportent pas les résultats escomptés, pour rester dans le délai du premier trimestre. Les éducateurs déplorent le fait que ce mode d’apprentissage est épuisant pour eux, ainsi que pour les apprenants. Leur vie personnelle et familiale est complètement troublée. Dans de telles circonstances, nous ne pouvons pas dire que nous serons en mesure de compléter le travail du premier trimestre, que ce soit des examens ou une évaluation ». En tant que cheffe d’établissement, elle a remarqué que l’horaire décalé est bénéfique que pour les étudiants ayant un niveau élevé. Les autres doivent être constamment en contact avec l’école et leurs enseignants. 

« Nous devons rechercher de nouvelles méthodes d’enseignement sur une base quotidienne pour nous assurer que l’apprentissage a lieu. Nous sommes constamment à la recherche de perspectives pour évaluer les élèves en gardant à l’esprit que ces derniers doivent rester motivés pour étudier ».

Évaluer les cours en ligne

La pandémie a perturbé l’apprentissage des élèves. Les cours en ligne sont venus à la rescousse pour assurer la continuité des cours et Kristen Nallan insiste qu’il faut s’assurer que tous les enfants, surtout ceux qui n'ont pas les moyens de suivre les classes en ligne, sont impliqués. Il propose que : « les enseignants enregistrent leurs cours dispensés en ligne, puis les dispose sur des sites comme YouTube qui est accessible à tout le monde. Les classes de rattrapage pendant la récréation peuvent aussi aider ».

Par ailleurs, lors de son intervention à l’Assemblée Nationale, mardi dernier, à une question du député Aadil Ameer Meea, la vice-première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun a indiqué qu’un comité sera mis sur pied pour proposer des solutions pour les élèves avec la fermeture de plusieurs établissements.  Ce comité devra, entre autres, évaluer les cours en ligne qui sont dispensés et s’il y a lieu d’apporter des mesures correctives par la suite.

 

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