
L’ancien maire et député de Curepipe, Amédée Darga, analyse les causes de cette abstention massive, qu’il juge préoccupante.] Le taux de participation aux élections municipales s’est inscrit à un niveau historiquement bas. Un phénomène qui ne surprend guère certains observateurs aguerris de la scène politique locale. « Le taux de participation est extrêmement bas et c’est très malheureux », affirme Amédée Darga, ancien maire et ancien député de Curepipe. Pour lui, plusieurs facteurs peuvent expliquer ce désengagement des citadins. D'abord, le contexte politique général semble avoir dissuadé une partie de l’électorat. Depuis la large victoire de l’alliance au pouvoir lors des dernières élections générales, de nombreux électeurs estiment que l’issue de ces municipales est déjà scellée. « Beaucoup d’électeurs se disent que l’Alliance du Changement, avec ses 60-0 de novembre dernier aux élections, va gagner haut la main. Donc pas besoin d’aller voter, car ils prédisent 120-0 », avance-t-il.
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Mais au-delà du sentiment d’inévitabilité, une certaine déception semble également nourrir l’abstention. « Il y a eu une attente qui a été frustrée et les électeurs des villes se disent qu’ils n’ont pas envie de soutenir le même groupe qu’ils avaient soutenu aux élections générales », poursuit-il.
Un troisième facteur, plus structurel, viendrait s’ajouter à ces raisons conjoncturelles : la perte d’influence des institutions municipales elles-mêmes. « Pendant trop longtemps, les municipalités ont été dévalorisées. Les citadins se demandent donc pourquoi voter pour des conseils municipaux qui n’ont presque plus de pouvoirs », explique Amédée Darga. Pour appuyer ses propos, il cite plusieurs précédents historiques illustrant l’impact du contexte politique sur la participation électorale. En 1977, le taux de participation avait atteint 67,95 %, dans un climat de basculement politique. « C’était la période durant laquelle le MMM prend d’assaut les municipalités, qui étaient depuis longtemps contrôlées par le PMSD de Gaëtan Duval », rappelle-t-il. A contrario, en 1991, dans un scénario politique proche de celui d’aujourd’hui, la participation avait été nettement inférieure. « C’était un 57-3 aux élections générales par l’alliance MSM/MMM, presque un 60-0, soit une situation quasi-similaire. Le taux de participation était alors de 22,81 % aux élections municipales. Le MMM et le MSM avaient aligné des candidats partout et avaient remporté presque tous les sièges aux municipales. »

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