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Face au manque de main-d’œuvre : des hôtels jouent la carte des salaires pour attirer les jeunes

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Le manque de main-d'œuvre dans le secteur de l’hôtellerie est un phénomène mondial qui dure depuis un certain temps et qui a été exacerbé en raison de la pandémie de la COVID-19. Afin d’attirer de nouveaux talents et de les retenir, les hôtels, petits et grands, se battent pour améliorer les conditions d’emploi, proposer des heures de travail flexibles voire augmenter les salaires. Le point… 

Ces dernières années, le secteur hôtelier semble avoir perdu de son attractivité auprès des jeunes travailleurs, estime Vincent de Marasse Enouf, Chief Human Resources Officer du groupe Constance.

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Plusieurs facteurs, dit-il, peuvent expliquer cette tendance. « Tout d'abord, les conditions de travail dans l'industrie qui peuvent sembler être difficiles avec des horaires de travail parfois exigeants. En sus, les salaires peuvent être relativement modestes pour les emplois de niveau débutant », soutient-il. Et d’ajouter que la pandémie de la COVID-19 a mis en exergue également la fragilité du secteur avec la fermeture presque complète des hôtels. Aussi, il dit noter que « les employés, et en particulier les jeunes, recherchent de plus en plus un équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle ». Afin d’attirer de nouveaux talents,  le groupe Constance a revu les salaires et les conditions de travail et cela depuis 2022 dès que le groupe a eu les moyens de le faire. « L’augmentation des salaires dépend de nombreux facteurs comme le poste occupé, les années d'expérience, la performance individuelle et les conditions du marché. Nous mettons cependant tout en œuvre pour améliorer les conditions de travail de nos employés dès que nous en avons la possibilité », soutient Vincent de Marasse Enouf. Par ailleurs, dit-il, un écosystème complet a été mis en place pour positionner le groupe parmi les acteurs les plus compétitifs du marché.

Chez Sunlife, il faut compter un effectif de 15 % à 20 % en moins actuellement et le groupe  recherche des talents dans les postes suivants : serveurs, valets de chambre, personnel de nettoyage et chefs de partie. « La COVID-19 a remis en question nos priorités et nous a invités à nous interroger sur ce qui compte vraiment pour nous et pour demain. Travailler la nuit, tard le soir, tôt le matin, week-end et jours fériés, cela a forcément un impact sur la vie personnelle et familiale. Cela pourrait être un facteur de découragement à venir travailler dans les secteurs de services 24/7H comme la santé, l’hôtellerie et l’aviation », explique Varuna Ramlagun, Chief Human Resources Officer de Sunlife. En sus, poursuit-elle, les défis démographiques représentent un réel sujet à gérer. « Chez Sunlife, nous avons une attention particulière au ‘Total Pay’ de nos équipes. Les salaires ont été revus en janvier dernier et l’augmentation globale avoisine les 8 % », indique-t-elle.

Par ailleurs, le groupe a introduit un ‘Team Incentive Scheme’ en décembre 2022, permettant aux équipes de bénéficier d’un montant supplémentaire, qui pourrait représenter l’équivalent d’un mois de salaire sur 12 mois pour certains collaborateurs. « Et très prochainement, nous ferons une annonce sur notre ‘Profit Sharing Scheme’ », confie l’intervenante.

Casse-tête des petits hôtels

La révision des salaires à la hausse des grands groupes représente une véritable menace pour les petits hôtels qui font déjà face à un manque aigu de travailleurs. C’est ce que déplore le directeur de l’hôtel Le Grand Bleu, Shakeel Nundlall. « Les gros groupes attirent nos employés que nous avons formés en proposant des salaires élevés. Vu que nous n’avons pas les mêmes moyens que ces groupes, nous ne sommes pas en mesure de retenir nos employés », martèle-t-il. Ce dernier affirme que c’est « tout à fait normal » que les jeunes partent travailler où ils seront mieux rémunérés. Mais, dans cette transition, dit le directeur, ce sont les petits hôtels qui sont les perdants. « Avec les départs des employés formés, nous sommes obligés de recruter de nouveaux candidats même s’ils n’ont pas d'expérience. Ainsi, nous devons prendre les dispositions pour les former. C’est un coût additionnel », fait-il comprendre. 

Par ailleurs, Shakeel Nundlall affirme que l’entrée en vigueur du  Portable Retirement Gratuity Fund rend la situation encore plus difficile. « Les employés savent que leurs années de services seront accumulées même s’ils changent d’employeur. Ainsi, ils peuvent se permettre de bouger d’un hôtel à un autre quand ils le veulent », explique le directeur. 

Constat de l’Ahrim : la majorité des  hôtels ont revu les conditions

Le Chief Executive Officer  de l’Association des Hôteliers et Restaurateurs Île Maurice (Ahrim), Jocelyn Kwok, soutient que lorsque le talent est rare, il y a une concurrence débridée et donc une surenchère désarticulée. « C’est une réalité que vit l’hôtellerie mondiale. Certains employés bougent d’un établissement à un autre pour une petite augmentation de salaire, quand ils ne choisissent pas d’émigrer ou de tenter des contrats à durée déterminée sur les bateaux de croisière », dit-il. 

Au niveau de l’Ahrim, souligne-t-il, il a été constaté que les hôtels ont, dans leur grande majorité, revu les conditions. « Les différentes études de motivation menées par les opérateurs eux-mêmes et au niveau du secteur ont révélé une attente pour une « work-life balance », une meilleure rémunération ou plus d’avantages sociaux, comme des discounts, des bonis de performance et des séjours à l’hôtel, entre autres », soutient Jocelyn Kwok. Et d’ajouter que chaque groupe hôtelier a initié ses propres mesures incitatives et modifié petit à petit son modèle pour introduire plus de flexibilité.

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Agences de recrutement : une grille salariale plus ou moins uniforme recommandée 

Au niveau des agences de recrutement, l'on indique que le recrutement des candidats demeure un « vrai challenge ». Selon Clémence Vidal, Chief Operating Officer chez Career Hub, le problème est plus prononcé pour les petits opérateurs. « Les petits hôtels ont moins de facilités et d'agilité financières que les grands hôtels pour recruter. Mais ils vont devoir revoir, eux aussi, leurs politiques salariales », dit-elle. 

Par ailleurs, elle fait comprendre que la révision salariale est en cours dans certains hôtels. « Les top/middle managers de l'industrie hôtelière travaillent activement sur ce sujet qui doit se faire de manière uniforme entre les départements et les collaborateurs. Il est indispensable d'avoir une grille salariale plus ou moins uniforme sur l'intégralité du marché », soutient-elle. 

Cependant, Clémence Vidal précise que ce n'est pas le seul critère qui compte aujourd'hui pour un employé. « Les collaborateurs recherchent aussi des avantages complémentaires, hormis la rémunération financière », dit-elle.   

Pour sa part, Ravish Pothegadoo, directeur de Talent On Tap, affirme que le contexte économique actuel fait qu’un surplus de Rs 1 000 par mois sur le salaire d’un employé pèse beaucoup sur la balance. « Mais il faut aussi souligner que le recrutement dans l’hôtellerie  se fait surtout dans les endroits avoisinants des hôtels et, de bouche-à-oreille, le débauchage se fait naturellement », dit-il.

 

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