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Exportation à des fins de recherche médicale : feu vert du GM au plus grand projet d’élevage

Un peu plus de six mois après avoir déposé son dossier au ministère de l’Environnement, Biosphere Trading Ltd a obtenu le feu vert pour aller de l’avant avec son projet d’élevage de primates à très grande échelle.

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Le 16 avril, le ministère de l’Environnement a avalisé le permis Environmental Impact Assessment (EIA) de Biosphere Trading Ltd. Elle peut ainsi mettre en œuvre ses plans.

Elle compte multiplier par dix la capacité de sa ferme d’élevage de macaques à longue queue. Ceux-ci sont très prisés dans le monde de la recherche médicale. Ils sont destinés aux expériences en laboratoire. 

La compagnie est installée à Closel, à Tamarind Fall, à un kilomètre de la route qui mène vers Grand-Bassin, depuis le début des années 2000. Et elle opère une ferme de 800 primates. Son ambition est de passer à une colonie de 7 500 singes d’ici quelques années. Car elle veut exporter 1 500 par an. Pour se faire, elle compte tripler la superficie de sa ferme pour la faire passer de quatre à douze arpents. Elle deviendra ainsi le principal élevage de la sorte de Maurice.

Ces macaques, précise la compagnie, dans son dossier déposé au ministère de l’Environnement, seront élevés uniquement pour être exportés vers des laboratoires. C’est « pour les besoins de la recherche biomédicale, contribuant ainsi à la guerre mondiale contre la maladie et la souffrance qui afflige l’humanité dans sa globalité ». Les principaux marchés de la compagnie sont les États-Unis et le Canada.

Huifang Chen, chirurgien formé au Centre hospitalier de l’Université de Montréal qui possède d’autres fermes dans le monde, préside Biosphere Trading Ltd. 

Pour démarrer cette seconde phase de son développement, la compagnie agrandira ses infrastructures. 

Pour y parvenir, elle compte impliquer la communauté en mettant à disposition des propriétaires terriens et de leurs occupants des pièges pour capturer les singes indésirables qui pénètrent leur propriété. Ensuite, Biosphere Trading Ltd proposera de les acheter. Dans son dossier, le promoteur précise que « les méthodes qui seront utilisées pour attraper les primates seront humaines et provoqueront un stress minimal aux animaux ».

L’entreprise n’achètera cependant pas n’importe quel primate. Ainsi, les singes de Grand-Bassin, par exemple, seront rejetés, car ils ont été exposés à toute sorte de maladies infectieuses au contact de l’humain.

Biosphere Trading Ltd précise aussi que la capture et l’élevage des primates se feront dans des conditions humaines et selon des normes qui sont internationalement acceptables. Celles-ci sont en conformité avec des lignes directrices de la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals et l’International Primatological Society.

L’élevage de primates se fait à Maurice depuis plus de trois décennies. Une poignée d’entreprise s’est spécialisée dans ce domaine pour un secteur qui pèse environ Rs 800 millions par an. Actuellement, Biosphere Trading Ltd est parmi les plus petites à Maurice.

Les associations de protection des animaux se sont souvent érigées contre ces élevages mauriciens et appellent régulièrement au boycott de la destination touristique mauricienne. Cependant, la Cyno Breeders Association, qui regroupe la majorité des compagnies mauriciennes d’élevage de primates, a répliqué, il y a quelques mois. Elle a fait observer que les macaques à longue queue provenant de Maurice ont eu un rôle clef dans la recherche pour des vaccins contre la Covid-19.

Toutefois, fin octobre, plusieurs ONG à rayonnement international, dont Action for Primates, Progress Science Mauritius, One Voice et Animal Rights ont demandé au Premier ministre, Pravind Jugnauth, de mettre fin à l’exportation de singes de Maurice. Elles avaient aussi lancé un appel pour que la permission ne soit pas accordée à Biosphere Trading Ltd pour qu’il étende ses activités. En vain.

Élevage de singes : un mal nécessaire 

L’utilisation d’animaux à des fins scientifiques est un sujet sensible à Maurice. Depuis plusieurs années, des défenseurs des animaux militent contre la capture et l’élevage de singes. Mais pour les professionnels du domaine, les macaques à longue queue aident à la recherche pour soigner l’humanité. 

L’élevage d’animaux pour la recherche est un mal qui ronge le pays. C’est ce que fait comprendre l’association All Lives Matters de Bois-Rouge. Son manager, Laurena Gaus, estime qu’il y a une alternative à cette pratique. Pour elle, en capturant des singes, les entreprises dérangent la faune et la flore du pays. Elle ajoute que c’est triste que Maurice soit une référence mondiale en matière de capture et d’élevage de singes de laboratoire.  Pour sa part, Nada Padayachy, un des dirigeants de la Cyno Breeders Association, fait ressortir que les macaques de Maurice sont à l’origine de la découverte des vaccins contre la Covid-19. 

Ils ont été utilisés par des laboratoires comme Pfizer et Moderna. De plus, les macaques mauriciens sont utilisés pour la recherche pour des remèdes contre des cancers et des résultats concluants seront bientôt annoncés, ajoute-t-il.

 

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