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Expédition scientifique aux Chagos : Maurice entame une étape cruciale

Olivier Bancoult et quatre Chagossiens sur une plage de Peros Banhos, samedi. | Crédit-Photo : Philip Sands

Après Peros Banhos, l’équipe mauricienne a visité les îles Salomon dimanche, mais aussi et surtout, elle a commencé à étudier Blenheim Reef. C’est le motif principal de l’équipe composée de 25 personnes. 

Car, la principale attribution et justification pour ce déplacement à bord du yacht Bleu de Nîmes, loué par le gouvernement mauricien pour un million d’euros (Rs 50 millions), est de procéder à des relevés bathymétriques pour les besoins de l’arbitrage devant la chambre spéciale du Tribunal international du Droit de la mer et qui porte sur la délimitation de la frontière maritime entre Maurice et les Maldives.

Cet exercice est crucial pour permettre à Maurice de réclamer 4 800 mètres carrés de territoire supplémentaire et d’ainsi déplacer sa frontière. Blenheim Reef se situe à l’extrémité nord de l’archipel des Chagos.

Dimanche, ce sont deux experts suédois qui se sont attelés à la tâche. Parmi, Zola Oskarsson, un Marine Surveyor de 69 ans. L’objectif est d’observer et mesurer si une partie de Blenheim Reef se situe au-dessus de la mer. Si une partie, aussi minime soit-elle, dépasse de manière permanente le niveau de la mer, cela permettra à Maurice d’essayer de prouver que c’est une île et ferait donc partie du territoire mauricien.

« It would take only a small rock or shingle beach staying above water all the time for the baseline to be extended », écrivent les journalistes Owen Bowcott et Bruno Rinvolucri, de The Guardian dans un article intitulé « Mauritius measures reef hoping claim on Chagos Islands ». L’article a été publié en ligne dimanche après-midi. À noter que ces journalistes font partis de l’expédition.

Ils relatent aussi qu’une seconde équipe a examiné une autre partie de Blenheim Reef pour savoir s’il y a éventuellement un ou plusieurs bancs de sable qui dépassent le niveau de la mer. Selon les deux journalistes, l’équipe a pu, à un certain moment, déceler des rochers juste en-dessous de la surface de la mer.

Selon The Guardian, Zola Oskarsson a expliqué que calculer les marées prendra du temps. Pour le Suédois, « cela aurait été mieux si nous avions vu de la fiente d’oiseaux, mais tel n’a pas été le cas. Si vous voyez de la fiente, c’est un signe qu’un rocher est au-dessus de l’eau de manière permanente ». « Il y avait un endroit, dit-il, où je pouvais avoir la tête hors de l’eau en me tenant sur le sol ensablé. Quand on mesure un récif, le corail vivant ne compte pas, car ce serait comme mesurer la hauteur d’une montagne en se tenant tout en-haut d’un arbre. Par contre, le corail mort compte ».

Cette expédition, menée par l’ambassadeur de Maurice aux Nations Unies, Jagdish Koonjul, est la première que l’île Maurice indépendante envoie à l’archipel des Chagos dont elle revendique la souveraineté.

C’est aussi la première fois que des Chagossiens reviennent sur leur terre natale sans surveillance militaire britannique. Rappelons que les derniers Chagossiens ont quitté l’archipel sous escorte militaire britannique en 1973.

Comme devait le préciser Alan Ganoo, ministre des Affaires étrangères, lors du point de presse du gouvernement vendredi, au Sun Trust, le Royaume-Uni et les États-Unis ont été informés, par le gouvernement mauricien, de cette mission. « Ils nous ont répondu qu’ils n’objectaient pas à cette étude. Tout se fait de façon très pacifique. L’Angleterre n’a pas protesté. Aussi elle n’a pas le droit de protester car c’est notre territoire. Nous avons eu la courtoisie de les informer. » Il rejette cependant l’accusation que Maurice a joué dans la provocation.

Pravind Jugnauth: « Nous ne faisons qu’exercer notre souveraineté »

Dans une déclaration à The Guardian par rapport à l’expédition scientifique aux Chagos qui a lieu actuellement, le Premier ministre Pravind Jugnauth a indiqué : « Nous exerçons tout simplement notre souveraineté sur une partie de notre territoire et c’est conforme au droit international. Le Royaume Uni a agi en violation des droits humains et de la loi internationale quand il a retiré de force les Chagossiens ».

Pour le chef du gouvernement, « déraciner des gens de leur lieu de naissance et de leur lieu de vie sans aucun avertissement, les mettre sur un bateau, les laisser simplement à quai à Maurice et les empêcher de retourner chez eux, c’est clairement un crime contre l’humanité. C’est extrêmement grave »

 

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