Interview

Evert Liewes: «C’est le moment de faire croître l’industrie de la pêche»

La production en écloserie [Evert Liewes, Managing Director de La Ferme Marine de Mahébourg (en médaillon)]
Evert Liewes, Managing Director de La Ferme Marine de Mahébourg, est catégorique. Il faut mettre les bouchées doubles pour développer et faire croître l’industrie de la pêche et de l’aquaculture. Dans son Economic Statement, le gouvernement évoque ses objectifs de développer une économie océanique. Il est même question de créer 25 000 emplois dans le secteur… J’ai particulièrement apprécié le langage explicite qu’a utilisé le Premier ministre pour exprimer ses intentions dans le but de réaliser le second miracle économique. Il est bien conscient que le défi de réaliser 100 000 emplois, dont 25 000 feront partie de l’économie océanique, ne peut être réalisé du jour au lendemain. Il faudrait avant que toutes les contraintes qui pourraient interférer avec les nouveaux projets et investissements soient résolues. Dans son discours, le Premier ministre a déclaré que son gouvernement veillera à ce qu’il n’y ait pas d’entrave à l’investissement et la création d’emplois et a assuré les investisseurs qu’ils veilleront personnellement à ce que les permis, licences et autorisations connexes sont livrés avec la plus grande priorité. Cela favoriserait les investissements. Il serait aussi intéressant de poursuivre cette pensée de l’innovation en remettant en cause les universités et établissements de recherches gouvernementaux à Maurice pour s’impliquer activement avec des investisseurs privés et des universités étrangères à proposer des projets innovants avec un potentiel de croissance dans de nouvelles activités. Ces recherches peuvent également offrir des opportunités aux institutions locales afin qu’ils puissent acquérir des connaissances plus spécifiques dans le domaine de l’aquaculture et de la pêche. Celles-ci offrent également des possibilités pour les étudiants de travailler sur des projets de recherches et leur donneront possiblement plus tard l’opportunité de poursuivre leur carrière dans une entreprise privée dans l’économie de l’océan. Dans quelle mesure l’économie océanique est un secteur important pour le pays? Aussi longtemps que nous contribuons à créer les conditions propices pour que l’lindustrie puisse se développer, l’économie de l’océan a un énorme potentiel de croissance dans un secteur fort de l’économie mauricienne. Toutefois, pour réglementer l’aquaculture et pour permettre l’exportation des produits de l’aquaculture, un cadre légal de travail doit être mis en place. La Food and Agricultural Organisation (FAO) prévoit que, d’ici 2030, le rendement de la pêche atteindra son niveau maximal et prévoit que la demande de poissons sera considérablement plus grande que la quantité de fruits de mer disponibles. L’aquaculture sera la seule méthode de produire davantage de fruits de mer. C’est le moment propice de faire croître l’industrie de la pêche et de l’aquaculture. La Ferme Marine de Mahébourg a pas mal de projets en cours… Notre première priorité est d’assurer que nous atteignons un niveau de production de 3 000 tonnes annuellement. Cela signifie que nous devrons ajouter trois autres sites d’élevage en cage et de produire jusqu’à cinq millions d’alevins et de jeunes poissons chaque année. Après cela, nous verrons si nous pouvons diversifier dans la production d’autres espèces de poissons. Je crois fermement dans la viabilité de la culture des poissons Cordonniers. Toutefois, le facteur restrictif pour la production de Cordonniers à grande échelle est les difficultés dans la production en écloserie. Les larves de Cordonniers ont de très petites bouches quand ils commencent à se nourrir. Ainsi nous devons trouver des solution pour augmenter la production à travers la recherche. Je perçois aussi des opportunités dans la culture des concombres de mer. Pour la production à grande échelle, le développement de nouvelles technologies dans l’écloserie et de beaucoup d’espace est nécessaire afin que les concombres de mer juvéniles soient nourris avec des algues et soient stockés dans des ‘tanks’ de pré-engraissement à de très faibles densités. Nous avons le potentiel. Cependant nous devons coordoner nos efforts au niveau de la recherche. Albion Fisheries Research Station, avec d’autres spécialistes de l’Université de Maurice ou encore des spécialistes de la région doivent travailler de concert.
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