Où en est l’enquête de l’Independent Commission against Corruption (Icac) dans l’affaire St-Louis ? L’enquête a été relancée le 30 octobre 2023 avec la convocation du leader du Muvman Liberater (ML), Ivan Collendavelloo, soit trois ans après sa révocation par le Premier ministre. Plusieurs observateurs politiques et des membres du ML s’attendent à ce que la convocation d’Ivan Collendavelloo le mène prochainement vers sa réintégration au conseil des ministres. Mais cette voie ne semble pas aussi simple.
Du côté de l’Icac, les personnes impliquées et celles proches du dossier soulignent que cette convocation a pris autant de temps car il fallait attendre des compléments d’informations provenant d’agences internationales qui souhaitent également faire la lumière sur cette affaire. Il s’agit en l’occurrence de la Banque africaine de développement, de l’Union européenne ainsi que du Bureau du procureur général pour les crimes économiques et internationaux (SØIK). Selon des sources, il fallait attendre que ces trois institutions remettent leurs rapports à l’Icac pour la poursuite de l’enquête à Maurice.
L’étape de la convocation d’Ivan Collendavelloo franchie, que peut-on donc attendre ? Bien qu’on ne veuille rien laisser transpirer sur le déroulement de l’interrogatoire de l’ex-n° 2 du gouvernement, on apprend cependant qu’une partie de l’interrogatoire a été axée sur l’implication de certains anciens hauts cadres du Central Electricity Board (CEB) ainsi que sur le rôle de certains anciens membres du conseil d’administration de cet organisme.
De plus, selon diverses sources émanant aussi bien du Réduit Triangle que de l’hôtel du gouvernement, les deux noms qui reviennent sans cesse sont ceux de Bertrand Lagesse et de Swaley Kasenally. Ces deux consultants mauriciens ont travaillé pour le compte de la société danoise BWSC, laquelle avait obtenu le contrat de Rs 4,3 milliards pour l’acquisition de moteurs pour la centrale de St-Louis.
Bertrand Lagesse et Swaley Kasenally ont fait l’objet d’une arrestation en 2020 et 2021.Le premier nommé a été inculpé sous deux accusations provisoires de blanchiment d’argent dans le cadre de l’affaire St-Louis, tandis que le second nommé a été arrêté à la suite d’allégations selon lesquelles il aurait obtenu des pots-de-vin de Rs 38 millions.
« Tous les éléments de l’enquête continuent de pointer vers Lagesse et Kasenally, alors que la thèse selon laquelle certains cadres du CEB ont monté un appel d’offres taillé sur mesure pour BWSC semble se confirmer », apprend-on du côté de l’Icac.
La commission anticorruption continue à creuser du côté de PADCO, contracteur de la firme danoise. Trois ans après l’éclatement de l’affaire, il est de plus en plus évident pour l’Icac que les tentacules de BWSC à Maurice sont bien ancrées et que les efforts de corruption de cette firme pour obtenir des contrats faramineux émanent d’un système bien rodé pratiqué dans plusieurs pays africains, dont Maurice.
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