Trois accords commerciaux entrent en vigueur cette année. Ils représentent inéluctablement des opportunités pour Maurice, encore faut-il dénicher la bonne affaire ? Avis des spécialistes.
Le commerce régional et international devrait prendre un nouveau tournant en cette année 2021 à Maurice. La raison : l’African Continental Free Trade Area (AfCFTA), l’UK-Eastern and Southern Africa Economic Partnership Agreement et le Mauritius-China Free Trade Agreement prennent effet à partir de cette année. Maurice aura ainsi accès à ces marchés et cela va s’avérer très utile, surtout dans un contexte de pandémie où la relance de l’économie est primordiale pour remonter la pente de récession. Toutefois, plusieurs éléments entrent en jeu, en l’occurrence, la capacité de production au niveau local, la facilitation de transport aérien ou maritime, autrement dit la mise en œuvre et pratique de ces accords. Selon l’ancien directeur de la Trade Policy Unit, Assad Bhuglah, il convient d’avoir une unité conjointe entre les secteurs public et privé pour prendre avantage de ces accords. « Le premier facilitera les accords alors que le second y prendra l’avantage. Cela doit être un bénéfice mutuel », indique-t-il.
L’Afrique, un marché de plus d’un milliard de personnes
Le continent africain représente incontestablement un potentiel de marché massif pour Maurice. C’est dans cette optique que les négociations pour l’accord l’African Continental Free Trade Area (AfCFTA) avaient débuté. Maurice a été partie prenante dans cette démarche. Cependant, seulement 34 pays sur 54 avaient ratifié l’accord à décembre dernier. Selon l’International Economics Consulting, le potentiel de marché par l’entremise de l’AfCFTA s’élève à 1,2 milliard de personnes. Le produit intérieur brut (PIB) combiné s’évalue à 2,5 billions de dollars américains. Paul Baker, CEO d’International Economics Consulting, explique que cet accord permettra à Maurice d’avoir accès à de nouveaux marchés sur le continent, qui s’ajouteront à ceux du COMESA et de la SADC. Toutefois, il faudrait, selon Vijay Makhan, ancien Secrétaire aux Affaires étrangères, déterminer quelle est la stratégie adéquate à mettre en place. « Les opérateurs économiques doivent jouer le jeu et mener des prospections sur le continent, car les potentiels sont réels. Il est important pour Maurice de regarder au niveau régional au lieu de toujours miser sur les marchés traditionnels », souligne-t-il. Quant à Assad Bhuglah, ancien directeur de la Trade Policy Unit, il est d’avis qu’il ne faudrait pas négliger le fait que l’Afrique présente certains handicaps notamment au niveau du transport. « Nous devons comprendre ce marché, car chaque région comporte ses propres spécificités. D’où l’importance d’établir comment pénétrer ces marchés en question », fait-il ressortir.
Le Royaume-Uni, un accord sécuritaire
L’UK-Eastern and Southern Africa Economic Partnership Agreement vient dissiper la crainte engendrée par le Brexit, concernant l’éventuelle perturbation des marchés. En effet, Assad Bhuglah rassure qu’il n’y aura pas de « market disruption » dans l’immédiat. Le Royaume-Uni tente, via cet accord, d’assurer ses sources d’approvisionnement et ses marchés. Vijay Makhan fait observer que l’Angleterre est un marché conséquent pour Maurice. De ce fait, dit-il, c’est un dénouement heureux que cet accord intérimaire ait abouti. L’accord ne couvre, cependant, pas le service pour le Royaume-Uni. « Maurice sera concurrentiel une fois que ce sera le cas. Il y a certainement des opportunités niches pour nous. Maurice devra se spécialiser, investir et pouvoir compter sur l’apport du gouvernement local », soutient Paul Baker. Toutefois, de l’avis d’Assad Bhuglah, nous devons négocier un accord bilatéral commercial entre nos deux pays. Cela doit se faire le plus rapidement possible pour ainsi devancer toute concurrence.
La Chine présente des opportunités favorables
À en croire, Assad Bhuglah, le timing de cet accord ratifié avec la Chine serait approprié. La raison évoquée est que les marchés de l’Ouest présentent des remous. Ajouté à cela, il y a les mesures protectionnistes imposées par la Grande péninsule et le contexte actuel de Covid-19. « Nous devons saluer cet accord, car Maurice est un marché restreint et de par cet accord nous pourrons exporter le sucre et le thon », relate-t-il. Cet accord devrait être un véritable boost au niveau marketing international pour Maurice. Les opportunités sont ainsi favorables pour le petit état insulaire qu’est Maurice. Or, Vijay Makhan déclare avoir des doutes à propos de cet accord. En cause, Maurice ne dispose pas d’une grande variété de produits qu’il pourra exporter en Chine. « Il y a toujours des dangers quand l’on ratifie un accord commercial. Nous ne pourrons pas traiter la Chine d’un degré moindre par rapport au traitement qu’auront les pays suite à l’accord d’AfCFTA », explique Vijay Makhan. Ainsi, il préconise de faire attention au risque que le Mauritius-China Free Trade Agreement ne perturbe la relation de Maurice d’avec les autres pays africains.
Fabrice Larétif
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