Economie

Économie bleue: mettre Maurice sur la carte mondiale de l’aquaculture

Une maquette de la ferme proposée par Growfish International.
Encore à ses balbutiements à Maurice, le secteur d’aquaculture devrait accueillir un nouvel acteur très bientôt. Growfish International compte développer une importante unité de production et créer 100 emplois. Un nombre qui pourra être multiplié par huit, selon le promoteur. L’investissement initial du projet est de Rs 1,4 milliard et sa mise en œuvre devrait prendre deux ans. La compagnie Growfish International a obtenu le feu vert du gouvernement pour développer son projet d’aquaculture. Le ministre de l'Économie océanique, des Ressources marines et de la pêche, Prem Koonjoo, explique que ce projet date du temps de l’ancien gouvernement. Il a signé un accord avec la firme sud-africaine, le 1er avril dernier. Ce projet a notamment été « fast tracked » en 2015 par l’Investment Project Fast Track Committee présidé par le secrétaire financier, Dev Manraj. Selon le ministre Koonjoo, le projet de Growfish International cadre avec l’ambition de Maurice développer son industrie océanique. La compagnie sud-africaine compte investir un montant de Rs 1,4 milliard pour mettre sur pied des fermes aquacoles sur quatre sites identifiés dans le sud-ouest de l’île. L’espèce choisie pour élevage est le cobia, un poisson très prisé en Europe et aussi appelé saumon noir. Outre l’exportation, la société compte approvisionner le marché local. Le pays a importé près de Rs 10 milliards de poisson et produits à base de poisson en 2015, selon les données officielles, contre Rs 10,3 milliards en 2014. Selon l’Organisation mondiale pour l’alimentation, en moyenne un Mauricien consomme 40 kg de poisson et autres produits de la mer par an, soit 23,1 kg de poisson frais ou congelé et 16,8 kg d’autres produits à base de poisson.

100 emplois

La production mondiale de cobia est en constante progression passant de 22 751 tonnes en 2005 à 43 395 en 2013. C’est la Chine, suivie du Taïwan et du Vietnam qui sont les principaux producteurs mondiaux. Growfish International explique la production du cobia : «  En surveillant la température de l’eau, la circulation et le niveau d’oxygène, l’éclosion a lieu dans les 24 heures. Après environ 30 jours, les juvéniles (10 cm de long) sont déplacés de la pépinière à l’installation (indoor) destinée à la croissance des poissons. En atteignant une longueur de 20 cm, ils sont déplacés dans les cages en mer. Après avoir atteint un poids de 3 kg, les poissons sont prêts à être récoltés et livrés pour l’exportation et le traitement. » Dans un premier temps, la société compte créer une centaine d’emplois directs. Ce nombre pourrait atteindre 800, avec la création d’une unité de traitement et la mise sur pied des fermes de production de sojas qui serviront d’alimentation de base du cobia.  Growfish International promet également la création de programmes universitaires sponsorisés pour encourager les études dans le domaine de l’aquaculture. Ces étudiants seront employés en part-time sous un « under-graduate program ».

Gros producteur mondial

Ce projet est présenté par Growfish International comme l’un des plus importants en matière d’aquaculture sur le plan mondial. Les exportations domestiques de poisson et de produits à base de poisson sont passées de 69 899 tonnes en 2014 à 63 371 tonnes, représentant une chute de 9,3 %. Les recettes passent de Rs 10,8 milliards à Rs 9,5 milliards (-12 %). Par ailleurs le secteur du seafood a vu sa croissance ralentir en 2015, progressant de 2,1%, après deux ans de croissance de l’ordre de 11 % (2013) et 8,9% (2014). Ce secteur représente 1,3 % du Produit Intérieur Brut (PIB), selon les données officielles. Le secteur devrait être redynamisé avec l’entrée en scène de Growfish International, qui devrait se faire dans deux ans. La société vise à produire environ 5 000 tonnes au départ, un nombre qui pourrait atteindre 20 000 tonnes au cours des cinq prochaines années. Ce qui devrait donner à la compagnie l’étiquette de gros producteur mondial de cobia.  

Les dommages collatéraux du cobia selon la FAO

Selon l’Organisation mondiale pour l’alimentation (FAO), la production du cobia peut avoir des dommages collatéraux importants. « La production à grande échelle du cobia à divers stades de son cycle de vie pourrait potentiellement influencer toutes les zones côtières où de telles activités sont localisées et où la décharge exigerait de la surveillance. Le grossissement du cobia, dans les systèmes de cages côtières et du large, quel que soit leur emplacement, aura également un certain impact sur l’environnement », explique la FAO dans son Programme d'Information sur les espèces aquatiques cultivées. Un autre aspect environnemental est à considérer. Le cobia « est un carnivore de niveau trophique supérieur qui oblige à utiliser un aliment contenant des niveaux assez élevés en protéine brute (les exigences nutritionnelles spécifiques sont actuellement étudiées) dont une grande proportion est constituée de farine de poisson ». Notons que le ministère de tutelle a souligné qu’au total « quatorze sites ont été identifiés pour le développement de l’aquaculture. Outre l’élevage de poissons, les autorités ambitionnent de donner vie à des projets d’envergure d’élevage de crevettes, de crabes, de concombres de mer et d’huîtres.
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